N comme notes

Hier on était le 15 octobre, l’heure du premier carnet de notes (du bulletin, comme on l’appelle en Belgique) a sonné.

Il y a les élèves dont on ne parle pas beaucoup. Ils travaillent, sont en ordre, remettent de beaux devoirs, participent en classe, sont ponctuels. Les « élèves friandises » comme les appelle Daniel Pennac dans son livre Chagrin d’école.

Il y a les autres.

Le but, c’est d’essayer d’arriver à ce qu’un maximum d’entre eux fasse le plus tôt possible partie de la première catégorie. Madame a donc avec eux de ces petites conversations destinées à leur faire comprendre qu’ils sont élèves et que par conséquent leur boulot en ce moment c’est de faire ce qu’on attend d’un élève et que le dilettantisme, ce sera pour le jour où ils pourront vivre de leurs rentes.

Il y a ceux qui supplient de ne rien dire à leurs parents (mais alors, qui signe leur bulletin?). Le marchandage ne leur fait pas peur: « S’il vous plaît madame ne dites rien à mes parents et je vous promets que… ». Malheureusement, Madame a appris à connaître cette catégorie d’élèves ainsi que la valeur de leurs promesses. Les filles surtout, qui jouent de la paupière comme Louisette dans Le petit Nicolas de Sempé et Goscinny.

Ceux qui promettent que ce sera mieux la prochaine fois et expliquent le pourquoi et le comment de la chose: « Je suis un diesel » dit un garçon. Ah bon? « Mes vacances ont été trop fatigantes » dit un autre (il est vrai que certains viennent à l’école pour se reposer… ).

« Ne vous inquiétez pas, Madame. Je vais me rattraper ». Ce sont surtout les mecs qui prennent de ces airs rassurants. Madame suppose qu’ils font la même chose avec leur mère: t’en fais pas, m’man!

Ceux qui disent sans rire qu’ils ont constaté que ça n’allait plus tout seul et qu’il allait falloir bosser un peu cette année. Madame peut donc être rassurée, ils ont compris! « On a des profs beaucoup plus exigeants cette année » disent-ils d’un air entendu. Ou « L’an dernier j’avais facilement la moyenne rien qu’en faisant un peu attention en cours. Mais maintenant je vais devoir étudier. »

Sont-ils touchants.

Et puis ceux qui ont eu des malheurs. Comme Agnès: « Le petit chat est mort ». Car ceux à qui il est vraiment arrivé un truc grave en sont sortis mûris et bien décidés à prendre leur vie en mains. « J’ai promis sur la tombe de mon père de mieux travailler pour l’école », dit S., dont le papa est mort à la fin des vacances. Et il tient sa promesse.

 

 

6 commentaires sur « N comme notes »

  1. … j’étudiais + pour passer en classe supérieure que pour mon avenir. aussi pour les félicitations des profs et de mes parents que je ne trouvais on peut + gratifiantes !
    une fois au lycée je bossais pour le bac, et c’était une approche complétement différente.
    Sinon, je te trouve très courageuse de faire ce métier de professeur, perso, je pourrais pas je trouve que c’est trop faire la police en classe.
    A + !

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  2. la plupart des élèves sont comme toi 😉
    ils travaillent pour faire plaisir au prof, aux parents,…
    ce n’est qu’à partir du moment où ils ont un réel projet d’avenir (ou une autre forme de ‘déclic’) qu’ils se mettent à travailler pour eux-mêmes
    merci pour ce comm’
    j’aime vraiment mon métier, je ne fais pas trop ‘police’ mais beaucoup ‘éducateur’ 😉

    prends soin de toi

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