La maison est petite, il y a trop peu de place pour les livres, ils sont entassés dans des boites – ça permet d’en mettre plus sur moins d’espace – et la mort dans l’âme j’en ai donné quelques-uns, par-ci, par-là…
Puis, avec ce qu’on me connaît comme « suite dans les idées », j’arrive dans une ville nouvelle – Lyon, par exemple – et dès le premier jour il y a la visite obligatoire d’une librairie.
Le second jour aussi, d’ailleurs.
Pas pour acheter, me dis-je en entrant, vu que (etc. voir plus haut) mais pour le simple plaisir de voir et de manipuler des bouquins, de découvrir les nouveautés, de lire des incipits, des excipits et des pages 99 .
Après évidemment on sort de là avec un ou deux livres qui ont été tellement irrésistibles que les bonnes résolutions n’ont pas été tenues.
Ce qui est le sort de la plupart des bonnes résolutions.
« Madera était lourd. Je l’ai saisi sous les aisselles, j’ai descendu à reculons les escaliers qui conduisaient au laboratoire. Ses pieds sautaient d’une marche à l’autre, et ces rebondissements saccadés, qui suivaient le rythme inégal de ma descente, résonnaient sèchement sous la voûte étroite. Nos ombres dansaient sur les murs. Le sang coulait encore, visqueux, qui suintait de la serviette-éponge saturée, glissait en traînées rapides sur les revers de soie, se perdait dans les plis de la veste, filets glaireux, très légèrement brillants, qu’arrêtait la moindre rugosité de l’étoffe, et qui perlaient parfois jusqu’au sol, où les gouttes explosaient en tachetures étoilées. Je l’ai déposé au bas de l’escalier, tout près de la porte du laboratoire, et je suis remonté pour prendre le rasoir et éponger les taches de sang avant qu’Otto ne revienne. Mais Otto est rentré presque en même temps que moi, par l’autre porte. »
Georges Perec, Le Condottière, coll. Points, 2013 (incipit)
Une œuvre de jeunesse de Perec qui avait été refusée à l’époque par les maisons d’édition et dont la publication est largement posthume; une histoire de faussaire écrite en 1960, il avait 24 ans. Perec est mort en 1982, le livre a été publié 30 ans plus tard.
source de l’image, info et extrait ici:
http://www.seuil.com/ouvrage/le-condottiere-georges-perec/9782021030532
Je ne savais pas que la qualité première des bonnes résolutions était de ne pas être tenues 😉 Les boîtes à livres n’existent pas à Bruxelles ?
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Dans ma campagne wallonne, les boîtes à livres sont nombreuses. On peut y déposer les livres qu’on n’a pas aimés assez pour avoir envie de les relire…
😉
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Ne pas être tenue « est le sort de la plupart des bonnes résolutions », c’est ce que j’ai écrit et ce que je constate 😉
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il y a des lieux pour s’en défaire et leur donner une seconde vie, mais il y en a tant que je veux garder 😉
J’en ai donné au « kringloopwinkel » (c’est quoi, en français? en Flandre c’est une véritable institution!)
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De retour, j’ai retrouvé mon ordinateur.
Tous les commentaires que j’ai essayé de te mettre pendant les vacances ont été mangés par le grand internet !
Je comprends ta frustration de ne pas pouvoir faire plus de place chez toi aux livres que tu aimes tant. Je n’en achète presque pas/plus, parce que je relis très rarement et que je suis très peu attachée aux objets. Mais j’admire toujours les belles et grandes bibliothèques chez les gens qui en ont !
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tous disparus? c’est fort, le brexit 😉
mais surtout dommage
bises et bon retour!
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Moi je les ai donnés à Oxfam.
Otto va-t-il aussi passer au rasoir ? (L’enchaînement fatal quoi : http://presquentrenous.canalblog.com/archives/2008/03/18/8341527.html )
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je ne sais pas, je viens seulement d’en commencer la lecture 😉
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Tu nous gâtes avec ton extrait du jeune Perec : il avait l’imagination vive, il savait bien comment était le sang qui coulait et se coagulait…. Tiens, je n’ai plus envie de steak du coup !.
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si tu le mets dans une poêle avec un peu de beurre, ça va s’arranger 😉
(c’est vrai qu’en recopiant l’extrait je me suis demandé quelles sortes de recherches Perec avait faites pour nous offrir une description aussi minutieuse ;-))
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J’ai essayé 3 jours de suite et après j’ai lâché l’affaire. Surtout que ce n’est pas facile avec la tablette ou le téléphone (en tout cas pour moi).
Mais je recommence aujourd’hui ;o) !
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en tout cas, merci!
(ces mystérieux mystères d’internet m’étonnent toujours… par exemple, en Turquie il m’était impossible d’aller sur mon blog! sur skynet, oui, sur skynetblogs, oui, mais pas sur mon blog… very strange and most peculiar, isn’t it?)
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Un polar signé Pérec ? Je vais aux Champs libres juste après et donc je note de l’emprunter avec « La mariée était en noir » d’Irish.
Après les travaux enfin achevés (ou presque) on vient de réinstaller un mur de bouquins, bandes dessinées et vinyles. Mes livres et moi sommes inséparables ! Et pourtant je n’aurai le temps ni de les numériser ni de les relire (voire lire) tous ! C’est comme ça ! En plus Onfray dit qu’on n’y peut rien, qu’on est déterminé pour ceci ou cela ! 😉
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un mur de livres?
voilà ce que j’appelle une maison où il fait bon vivre 🙂
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Devant moi, à la librairie, un type s’est suicidé: le livre ne faisait que 98 pages, il n’a pas supporté… 😉
¸¸.•*¨*• ☆
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ah! laisse-moi deviner, c’était un « fou de Proust »?
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Mince, ça saigne… Je ne connais pas ce Perec, merci pour l’info.
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oui c’est trash 😉
merci à toi!
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Ne plus acheter de livres est une bonne résolution. Mais connaissez-vous quelqu’un qui a réussi à s’y tenir ? Moi pas.
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c’est probablement une des plus dures à tenir 🙂
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Ce livre ne devient lisible qu’à partir de la page 111. Vite un bandeau rouge pour prévenir le lecteur ! 😉
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?
(moi pas comprendre)
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Si si, le style est complètement différent à partir de la page 111.
Les pages précédents sont littéraires à souhait, trop surchargées et parfois à la limite de l’illisible. L’exemple-type de 107 à 109 où l’on a l’impression d’un pastiche de Proust !
Le bandeau rouge (style « Prix Goncourt ») devrait avertir le lecteur : « Sautez directement de la page 40 à la page 111 ! »
http://www.lefigaro.fr/livres/2010/01/21/03005-20100121ARTFIG00503-le-bandeau-meilleur-ami-du-livre-.php
Mais c’est juste un avis subjectif. Tu l’as fini ?
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ah voilà pourquoi je me suis arrêtée à la page 42 et n’avais pas encore trouvé le temps/l’envie de poursuivre la lecture 😉
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J’ai relu le début et j’ai compris : c’est écrit comme un puzzle. Chaque paragraphe est une pièce du puzzle : il y a un bloc de pièces jaunes où le narrateur s’interpelle en se disant »tu », un bloc de pièces bleues où il raconte le crime, un bloc de pièces vertes où il parle des rencontres avec Madera, Geneviève, un bloc où il raconte Le Condottière et son activité de copiste et tout cela est mélangé et collé à la queue leu leu dans ces cent premières pages.
Graphiquement, j’aurais mieux aimé qu’il y ait un espace entre chaque paragraphe et des typographies différentes mais bon, c’est Pérec qui écrit, pas moi !
Bonne fin de lecture !
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merci!
chaque fois que je veux continuer à lire, quelqu’un ou quelque chose m’en empêche 😉
hier soir à l’hôtel c’était le manque de lumière: seuls les deux minuscules lumignons de l’entrée fonctionnaient!!!
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