A comme Adrienne

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C’est une Adrienne que je ne connais pas mais à qui je souhaite de tout cœur d’être encore de ce monde, aujourd’hui 2 janvier 2018. 

Elle est née peu avant la guerre. Son papa a été mobilisé et fait prisonnier. Il en est revenu. 

Elle est restée fille unique. S’est mariée. N’a pas eu d’enfants. Son mari l’a quittée. 

Cet automne, on lui diagnostique un cancer du pancréas. 

– Quel âge avez-vous? lui demande son oncologue, comme s’il n’avait pas toutes ces données à sa disposition. 

– Bientôt 80 ans, dit-elle. Le 2 janvier. 

– Vous ne les aurez jamais, a-t-il répondu. 

C’est exactement ce qu’il a déclaré, « u haalt dit nooit« , à une femme qui affronte seule la maladie, sans frère ni sœur, sans enfant, sans neveu ni nièce. 

– Adrienne, dis-je à l’ami qui vient de me raconter son histoire, c’était le prénom de ma grand-mère. Je parie que tout comme elle, c’est une très bonne personne. 

– C’est effectivement la crème des vieilles dames, répond-il. 

Alors vous comprenez pourquoi toute ma sympathie va à cette Adrienne inconnue, qui a décidé de donner tort à son oncologue, et de fêter ses 80 ans. 

Aujourd’hui, le 2 janvier. 

 

40 commentaires sur « A comme Adrienne »

  1. voilà, c’est avec ta remarque que je me suis souvenue du titre de journal dont je parle à Mme Chapeau, titre qui dit que seuls ceux qui sont à la fois les plus doués et les plus empathiques deviendront médecin

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  2. Un jour, il tombera sur une sorte de fée Carabine qui lui collera un pruneau dans le buffet en lui déclarant « Et toi, tu ne verras pas demain ! ».
    J’aurais du faire scénariste, non ? :o)

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  3. mon père aussi a eu un oncologue qui ne lui a pas épargné la brutalité de la nouvelle, ça m’y a tout de suite fait penser et c’est aussi pour ça que toute ma sympathie va à cette dame Adrienne…

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  4. Il paraît que c’est la méthode américaine de « ne rien cacher au patient »!
    Alors ici il faudrait que les oncologues fassent la distinction entre répondre aux questions des malades et leur asséner des possibilités comme des vérités absolues et immédiates.
    Je n’oublierai jamais il y a deux ans, après six mois de chimio, mon oncologue me dire: »tu sais, n’est-ce pas, qu’il y en aura d’autres ». Coup de massue…mais, mais, est-ce que je t’ai demandé quelque chose espèce de sape moral?¿?¿
    La réplique de Walrus serait parfaite, oui!:-)

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  5. voilà, je pense comme toi…
    je ne veux pas qu’on mente au malade, je ne veux pas qu’on me mente, mais si le malade ne pose pas la question (cette dame Adrienne ne lui demandait pas de faire un pronostic, mon père non plus) pourquoi lui donner cette peine, cette grosse douleur en plus? je trouve ça très grave.

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  6. La tante de mon mari de plus de 90 ans vivait toujours seule chez elle, ayant du être hospitalisée, elle s’est vue déclarer par le médecin de l’hôpital qu’elle avait un cancer de l’estomac, et que ce n’était pas la peine d’opérer, elle c’était une dame n’a pas attendu que les enfants soient là, et ne leur en a pas parlé avant, résultat, la tante complètement découragée a arrêter de ce battre, elle qui était pourtant une battante. Vraiment, la vérité oui, mais avec des formes quand même et un peu de sentiment, même si on sait que les médecins doivent souvent annoncer de mauvaises nouvelles et qu’ils doivent aussi parfois s’accrocher, on aimerait un peu plus de tact.

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  7. d’autant plus que quand on assène une « vérité » aussi brutalement, le patient perd courage et il ne faut pas s’étonner qu’il réponde à la prédiction…

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  8. exactement!
    c’est pour ça que j’admire cette Adrienne inconnue, qui veut donner tort aux prédictions en fêtant aujourd’hui son 80e anniversaire et je lui ai envoyé tous mes vœux, j’espère qu’elle passe un bon moment entourée de quelques amis.

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  9. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, ces orgueilleux médecins sont à proscrire, le malade doit trouver en lui des forces pour combattre sa maladie, le médecin se devrait d’être l’accompagnateur, l’accoucheur, il devrait lui tenir la main, le soulager, l’écouter et lui montrer la lumière. Le dernier livre de Christiane Singer est un exemple édifiant du mal que peuvent induire certaines paroles, mais elle s’est battue pour avoir, elle, son dernier mot. Nous avons tous malheureusement autour de nous des Adrienne, je souhaite un bel anniversaire à cette Adrienne inconnue, je vous souhaite à toutes les deux une joyeuse année 2018. Bises de l’an tout neuf. brigitte

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  10. Pour les avoir pas mal fréquentés ces derniers temps, je peux dire que la plame du manque de tact revient aux chirurgiens.
    Mais bon, je n’ai pas rencontré d’oncologues, et ne suis pas pressée de pouvoir faire un comparatif.

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  11. oui hélas, nous en connaissons tous, et nous espérons pour eux comme pour nous de pouvoir rencontrer des médecins avec du cœur. Ils existent sûrement aussi 🙂
    Merci pour tes gentils mots et bonne année, Brigitte!

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  12. Ma sympathie va aussi vers la dame qui a presque mon âge. Je n’ai jamais eu affaire à un médecin aussi abrupt : j’en ai connu au moins deux qui me tournaient le dos pour me donner la mauvaise nouvelle… je suis toujours là, moi aussi.

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  13. Comment peut-on manquer d’empathie à ce point-là !
    😦
    C’est triste que des médecins ne voient plus qu’une pathologie et absolument pas la personne affectée. Mais pas tous heureusement.
    J’espère que dame Adrienne a pu profiter de sa journée d’anniversaire et qu’elle a été bien entourée pour l’occasion.

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  14. Peut-on apprendre le soin, la délicatesse, l’empathie ? J’en doute.
    En tout cas ce médecin était un « as » dans le manque de délicatesse. Bravo! à Adrienne que je ne connais pas mais pour qui je ressens beaucoup d’empathie.

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  15. elle était avec sa filleule, qui est une de mes anciennes élèves, et la famille de celle-ci (le père de cette dame et le grand-père de sa filleule ont passé leurs années de captivité ensemble en Allemagne)

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  16. Coucou, Adrienne,
    Mes meilleurs voeux pour 2018! Une bonne santé surtout (c’est d’actualité, on dirait! 🙂 ).
    A l’époque, on ne disait jamais aux gens qu’ils allaient mourir. Aucun de mes oncles ou tantes ont su que la fin était inéluctable. Et je trouve ça pas plus mal. J’ai eu une discussion à ce sujet avec une amie qui,e lle, veut savoir. Elle m’a entre autres dit « je veux pouvoir te dire que je t’aime », je lui ai répondu que ça, je le savais, mais que j’aimerais autant qu’elle n’attende pas la mort… Robert Badinter disait « il y a deux choses qu’on ne peut regarder en face, le soleil et la mort ». Je crois que certaines personnes sont capables de voir leur mort en face, mon père en faisait partie. Il était très dévot, je pense que ça aide.
    Biz,
    lulu

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  17. peut-être qu’une foi inébranlable dans un au-delà où on retrouvera tous les chers disparus peut aider à envisager sa propre mort, je ne sais pas. Je crois qu’on ne sait vraiment que si on y est confronté. Une de mes élèves chez qui on vient de diagnostiquer un cancer est très confiante, elle est sûre de guérir, j’aime cette confiance qu’elle a et je l’admire. J’espère qu’aucun médecin ne la lui enlèvera mal à propos…
    bises et bonne année, Lulu!

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  18. Ma mamanr,alors 81ans, est hospitalisee en rea en pleine nuit.nous sommes tous a son chevet,au petit matin l interne vient nous voir:il faut sortir votre maman des soins intensifs ça coute trop cher pour une personne de 80ans de toute façon elle va mourir. Nous l avons hospitalisée dans un hopital rural de ma region elle est partie a 86ans…….

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  19. Je comprends ton émoi, ta révolte.
    Car je m’identifie à cette Adrienne, moi « l’octo-regard » qui aura 83 ans en mai au mois où tout est en fleurs.
    Il y a deux ans j’ai été opérée du cœur, et je n’ai été entourée que de personnel compatissant, en passant par tous les corps de métier.
    Vérité, oui, mais pas de condamnation sans appel. Il faut laisser l’espoir, mais le verdict est selon le tempérament de chaque praticien.
    A bientôt sur sam’défi
    Jak

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  20. merci pour ce témoignage, Jak!
    oui chaque médecin fait comme il peut, et je suppose que ce qui a joué un rôle ici aussi, pour moi, dans ma condamnation de cet oncologue, c’est que mon père a été traité de cette même manière brutale, quand le diagnostic lui a été transmis. Il m’est impossible de pardonner à cet homme son manque d’humanité.

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