Ils étaient trois amis qui à seize et dix-sept ans, possédaient déjà une vaste expérience d’enfant de chœur. Ils savaient exactement jusqu’où ils pouvaient aller « trop loin » et ne s’en privaient pas : c’était même une limite qu’ils s’amusaient à transgresser de temps en temps un brin de plus. Sans rien forcer, bien sûr, pour ne pas s’aliéner la sympathie de monsieur le curé.
La semaine pascale offrait les occasions les plus intéressantes de se divertir, en particulier la messe du samedi soir, celle où on renouvelle ses vœux de baptême.
Parmi les préparatifs à la sacristie – le bénitier et son goupillon, la grande croix d’argent et l’encensoir – il y avait aussi ce moment où ils procédaient à un discret tirage au sort pour décider lequel des trois aurait l’immense joie – et la grande responsabilité – de tenir le seau d’eau bénite.
Le goupillon, une énorme brosse à longs poils noirs, même trempée légèrement dans le seau, déversait une belle ondée sur les fidèles qui restaient stoïques, tête baissée. Il suffisait de peu de choses, enfoncer un peu plus le goupillon, rehausser légèrement le seau au moment du trempage, et c’était la grosse averse.
Le plus dur alors pour nos enfants de chœur, c’était de garder leur sérieux pendant toute la promenade dans la travée centrale, quand monsieur le curé aspergeait abondamment à gauche et à droite, et que les gens lui présentaient spontanément leur dos en rentrant la tête dans les épaules.
Après leur passage, il y avait de belles flaques par terre et les porteurs de lunettes sortaient un grand mouchoir pour essuyer leurs verres.
Seul celui qui marchait devant avec la lourde croix d’argent ratait ce beau spectacle et se promettait que l’an prochain, ce serait son tour de rigoler.
***
écrit pour le Défi du samedi
E comme écouvillon
photo prise à Abbeville en novembre 2016
Les fidèles le sachant
S’habillaient en conséquent.
😉
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Drôle, finalement qu’est-ce qu’on peu s’amuser à l’église !
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bien vu 🙂 et mini-Adrienne riait sous cape 🙂
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à la veillée de Pâques, pendant quelques minutes, oui oui, mais ça suffisait à nous égayer pour longtemps, la preuve, l’ami Ph* et moi on en rit encore 🙂
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Plus que deux semaines à attendre !
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aujourd’hui le curé est Africain et ses enfants de chœur des chrétiens irakiens (des assyriens, donc)
ça pourrait faire une bonne histoire belge mais pour la drache, faudra repasser 😉
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Voulez-vous dire qu’ils ne connaissent pas la drache ou qu’ils ont le sens que l’eau est un bien précieux qui ne doit pas être gaspillé ?
Rmq : je ne peux plus commenter sur le commentaire précédent.
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je veux dire que les jeunes assyriens font ça avec un sérieux irréprochable 🙂
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Ton texte me rappelle les souvenirs d’enfant de choeur de mon père, il aimait nous les raconter et des années plus tard il riait encore des farces qu’il faisait au curé 😉
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Je n’ai pas été enfant de chœur (même pas créoltje) , l’église était à l’autre bout du patelin et les places étaient trustées par la smala des Hautenauve qui occupaient la grosse ferme jouxtant l’édifice religieux.
Donc, je me trouvais parmi les aspergés, baissant piteusement le front :o)
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voilà, c’est tout à fait cette ambiance-là, avec des farces somme toute assez innocentes mais qui mettent de la rigolade dans un endroit et un rôle très sérieux 🙂
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console-toi, on aspergeait le plus ceux qu’on aimait 😉
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Ooooh ces pitreries délicieuses, l’interdit défié en stoemeling, quel bonheur! Je me souviens d’un foulard qu’une élève avait mis sur la tête de Jésus en bas de l’escalier de l’école, il avait l’air de la femme à barbe au marché, avec sa robe et sa pose alanguie, et ce fichu noué sous sa barbe. Que de fous-rires jusqu’au moment où une des soeurs a remarqué le sacrilège 🙂
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voilà, autre bel exemple d’une blague innocente mais qui prend plus d’ampleur à mesure que le lieu est plus « sacré » 🙂
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Si je m’étais douté que cet écouvillon me ferait assister à un genre de carnaval au sein même d’une église !
Tu me rappelles l’existence de l’oublié Clovis Trouille, du coup !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Clovis_Trouille
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tu le sais bien, que la Belgique est un pays joyeux: nous n’avons pas la foi austère 😉 et notre brave curé (RIP) fermait un œil complice tout en nous aspergeant copieusement 🙂
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J’aime bien ce texte.
J’ai été enfant de coeur mais rien ne s’est passe comme ça…
Bises
Val
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c’était sérieux-sérieux, chez toi?
😉
bises et bon week-end!
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Mes frères, enfants de chœur, faisaient aussi des farces au curé et finissaient en douce les burettes de vin de messe …
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Ph* et ses copains faisaient plutôt des farces aux fidèles 😉
boire le vin de messe, non (je lui demande dès que je le vois mais je ne le pense pas ;-))
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😀
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contente de te voir, Berthoise, j’espère que tu vas bien… Bises!
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Chez nous, c’était le curé qui choisissait un goupillon adapté à la douche qu’il voulait provoquer ! Ses enfants de choeur (mes fils) jubilaient. Et fort heureusement, ce n’est pas réservé au samedi saint, mais à tout le temps pascal, plus d’autres occasions…
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