L comme loque

Knack Weekend KW 2018 36

Le thème du magazine, ce sont les hommes, « mannen« , mais la photo de couverture montre un garçon de 15 ans qui a soigneusement assorti toutes les couleurs de sa tenue. Le gris, le jaune, le bleu et le noir se retrouvent dans le pull, la chemise piquée dans l’armoire de papa (elle est griffée Martin Margiela), le pantalon, le sac (piqué à maman, c’est un Jack Wolfskin), les chaussettes et les baskets.

L’article qui lui est consacré, « tienerjongen en stijlicoon » (teenager et icône de la mode) est illustré de façon à nous le montrer l’air boudeur, le regard méfiant sous sa frange, les épaules affaissées, les bras ballants, trop fatigué pour se tenir debout sur ses deux jambes et garder le dos droit.

C’est en effet ce qu’on constate chez l’élève lambda, à partir du moment où on le sort de sa zone de confort pour l’emmener en visite d’une ville, d’un musée, d’un coin de nature. Il s’écroule sur le premier support venu.

Pourtant, cette photo énerve Madame. C’est un cliché dans les deux sens du terme. C’est réducteur.

Tiens, au prochain cours, elle va demander à ses élèves ce qu’ils en pensent. Elle a justement une classe constituée d’une majorité de « mannen« , reste à savoir s’ils se sentent « tienerjongen en stijlicoon » 🙂

L’article est ici et la photo vient du site du photographe Jef Boes.

loque: du moyen néerlandais lok (boucle, mèche). Morceau d’étoffe usé, déchiré. Vêtements qui tombent en loques. Fig. être effondré, sans énergie. (Petit Robert p.1007)

34 commentaires sur « L comme loque »

  1. Oh oui, éternellement épuisés sauf pour le sport et s’occuper d’eux-mêmes.
    Partout, comme tu le dis si bien, les épaules s’affaissent, les coins de la bouche également:-)

    Bon dimanche de vote! Un beso

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  2. L’adolescent est souvent fatigué et a bien du mal à redresser sa colonne vertébrale, ce serait dû à leur horloge interne m’avait expliqué un médecin. Ils ont besoin de plus de sommeil qu’un adulte mais hélas ils n’en tiennent pas compte !

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    1. oui, j’ai pensé à Câline en choisissant ce titre 🙂
      (bon, faut que je m’arrache d’ici pour aller voter, je crois que je vais emporter un bouquin, la dernière fois j’ai eu le temps de lire plus de cent pages ;-))

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  3. C’est vrai, on dit « se traîner comme une loque » et jamais « se traîner comme une wassingue ».
    Sans doute parce qu’un autre synonyme de cet état est « être essoré ou rincé ».
    Une loque, c’est forcément sec !

    A part ça bon dimanche, Adrienne !

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    1. les sacs sont souvent « mal gérés », il y a ceux qui emportent toutes leurs affaires – même ce dont ils n’ont pas besoin ce jour-là – ce sont souvent les plus jeunes et leur sac est beaucoup trop lourd! soit ils sont adeptes du strict minimum et n’ont pas le nécessaire… heureusement, le juste milieu existe aussi 🙂

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  4. C’est vrai que les ados ont du mal à se tenir droits, accablés sans doute par le poids de leur transformation et peut être aussi de l’avenir qu’on leur réserve… 😉
     •.¸¸.•*`*•.¸¸✿

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    1. j’y réfléchis depuis que j’ai écrit ce billet et quand je passe en revue ceux qui, à l’école, se tiennent droit, il s’agit généralement de ceux qui ont la vie la plus difficile, comme Souleyman, qui s’occupe de tout le ménage, de ses deux petites soeurs, absolument de tout, parce que sa maman a une tumeur au cerveau et est hospitalisée depuis très longtemps

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  5. L’âge où ils se « répandent » e grandissent à vue d’oeil… Je remarque une autre chose sur cette photo bien de son époque. C’est que ce (Jeune) homme a un côté très féminin…

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  6. Bonne idée d’en discuter avec tes élèves, de cette pression du look. (Je ne connaissais pas « lok » pour la mèche « tendance ».) Et peut-être aussi de leur droit à être sensibles ?
    Garçons ou filles, hommes ou femmes, il me semble que les photos de mode se veulent de plus en plus transgressives ou désinvoltes dans les attitudes – déranger pour se faire remarquer, souvent.

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  7. Quand je pense aux élèves de l’école où je travaille (en particulier nos plus grands qui ont 12 ans), ils n’ont pas encore cette attitude et sont plutôt fonceurs et pleins d’énergie. Concernant le sommeil, je trouve mes petits bouts de 10 ans très fatigués le lundi, puis on sent qu’ils reprennent un rythme plus régulier. Moi, ce qui me surprend, c’est quand j’entends l’agenda de mes élèves qui est plus chargé que le mien! Après l’école, certains ont des activités tous les jours (sport, musique, danse, dessin et j’en passe), et je trouve que c’est trop. Il est bien d’avoir des activités extrascolaires, mais je trouve que c’est exagéré. Quand j’entends un de mes élèves qui me dit : « Aujourd’hui, je ne sais pas ce que je vais faire, je n’ai rien après à l’école », je n’en reviens pas.

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