L comme loin

Matteo était enthousiaste: cette lumière! ces grands espaces! ce charme de l’authenticité! ces inimitables tons de vieux rose! ces boiseries d’origine! ces grandes fenêtres! ces hauts plafonds!

Il virevoltait dans la grande maison, entraînant Laura à sa suite, lui montrant ceci, lui expliquant cela, où il mettrait tel meuble, à quoi il destinait telle pièce…

Laura hochait la tête, ne disait rien… il ne semblait pas remarquer son silence et poursuivait la visite avec de grands gestes, de grands élans exaltés.

Ne voyait-il donc pas que le plafond avait pris l’eau, que les murs suintaient l’humidité, que les planchers étaient pourris, les châssis à jeter, les boiseries mangées par Dieu sait quels champignons? Que tout, absolument tout était à refaire, dans cette immense baraque?

Alors quand il lui prend les deux mains et la regarde dans le fond des yeux, avec ce sourire heureux aux lèvres, béat, illuminé, attendant sa réaction à la visite, elle lui dit tout doucement:

– Est-ce que ce n’est pas un peu loin de la ville?

lakévio123

photo et consignes chez Lakévio: « Nouvelle année, nouveau départ… Aujourd’hui, on emménage ! La vieille commode a-t-elle tenu le coup ? Prendra-t-on le sofa de Tante Charlotte ? L’armoire normande ne peut pas passer par l’escalier mais la fenêtre est grande… Trier, garder, jeter… Vous serez installés lundi ! Vous pouvez, bien sûr, traiter le sujet au propre : un véritable emménagement. Mais vous pouvez aussi faire le tri au figuré : que jetez-vous, que gardez-vous de l’année passée, qu’espérez-vous obtenir de l’année nouvelle ?

42 commentaires sur « L comme loin »

    1. Le regard affuté de Laura saura-t-il avoir raison de l’emballement de Mattéo ? Je le lui souhaite, car ils vont vite se chamailler sinon à vivre au quotidien dans cette insalubrité ! Bonne année à toi et bonne semaine.

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  1. Loin de la ville, des commerces, de l’école des enfants, devoir utiliser la voiture pour chaque déplacement…
    Laura a raison, il faut réduire notre empreinte carbone..

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  2. C’est une bonne idée cette visite des oeuvres du peintre…
    en belle adéquation avec ta fiction qui du coup, paraît plus vraie que vraie… 😉
    •.¸¸.•*`*•.¸¸🦋

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  3. Très douée et emplie d’amour, cette Laura.
    Comme Matteo je suis fascinée par ces immenses lieux dont on devine la splendeur passée et qui s’enfoncent, se liquéfient, s’écroulent. Pendant quelques temps j’ai suivi ‘en images seulement !) l’exploration de ces lieux par des photographes aventureux, comme ici par exemple :
    http://lakevio.canalblog.com/archives/2013/05/02/26914706.html
    Il y en d’ailleurs pas mal en Belgique.

    Merci, Adrienne.
    A bientôt.

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    1. il y a même des ‘ghostbusters’ qui visitent ces lieux la nuit, pour jouer à se faire peur et détecter des fantômes 😉
      (chacun son hobby, n’est-ce pas, ne sommes-nous pas à l’ère des loisirs?)

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  4. Pauvre Laurie qui n’ose pas dire ce qu’elle pense vraiment de cette maison et son « charme » abîmé de partout!
    N’empêche que sa remarque n’est pas bête du tout!
    Bravo pour ton texte Adrienne!

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