I comme influence

 

jacqueline Gnott- keys

Ce n’était que fort tardivement que sœur Marie de la Miséricorde avait senti la vocation. Il avait fallu d’abord qu’elle perde l’éclat de sa jeunesse et que l’ergot du seigle ravage sa famille. Mais elle y a vu l’influence divine et c’est tout naturellement qu’elle s’est dirigée vers le couvent où sa tenue correcte et son assiduité aux offices l’ont très vite fait accepter.

La plupart du temps, sœur Marie de la Miséricorde est à l’atelier des brodeuses. Elle coud au petit point de précieuses dentelles aux bordures de velours grenat pour Monseigneur l’évêque pendant que d’autres, plus habiles, brodent des symphonies de couleurs, de fleurs et d’oiseaux sur les ornements liturgiques.

Cette vie lui plaît, la douceur des jours qui s’écoulent a un effet lénifiant et le corps comme le cœur y trouvent leur compte. Sœur Marie de la Miséricorde ne reçoit jamais de visite et elle en est bien contente. Le passé est le passé, qu’il reste enfoui à jamais.

Elle en est là de ses pensées quand une main posée sur son épaule et une voix qui chuchote à son oreille viennent fracasser cette belle sérénité:

– Sœur Marie de la Miséricorde, quelqu’un vous attend au parloir…

***

Aquarelle de Jacqueline Gnott et consignes chez Lakévio, que je remercie: dix mots à caser, histoire de trouver des serrures à ces clés: tardivement – symphonie – éclat – bordure – ergot – influence – grenat – correct – fracasser – parloir

 

37 commentaires sur « I comme influence »

  1. Avec cette visite, les « symphonies de couleurs, de fleurs et d’oiseaux sur les ornements liturgiques. » toucheront à leur fin car ce qu’elle avait voulu oublier, est sorti de sa mémoire et jamais elle ne pourra penser à autre chose…

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