Saint-Clair, bientôt! On en apercevait déjà le clocher, il était temps de sortir de sa torpeur, remettre un peu d’ordre dans sa coiffure, retoucher son maquillage, avant d’affronter le regard de sa belle-mère. Anne de la Trave, si fière de son nom, de ses hectares de rochers et de son fils. dans cet ordre-là. En elle-même, Thérèse ne l’appelait que par son nom complet, Anne de la Trave, par dérision. Sa présence était lourde à porter, au quotidien, et la jeune femme n’avait eu que trois semaines de répit, trois semaines à jouir de l’absence de sa belle-mère.
L’étrange est que Thérèse ne se souvient des jours qui suivirent le départ d’Anne de la Trave que comme d’une époque de torpeur. Un vide, comme la convalescence après une grave maladie. Elle en avait profité pour faire ce qu’elle aimait par-dessus tout depuis qu’elle était à Argelouse: rien. Traînasser. Fumer des cigarettes. Feuilleter des magazines. Se coucher tôt et se lever tard. Son mari était loin du compagnon agréable des vacances à la plage. Il se plaignait constamment de maux divers et avait finalement accepté de voir un médecin.
Bernard, sur le seuil, guettait le retour de Thérèse: « Je n’ai rien! » cria-t-il, dès qu’il aperçut sa robe dans l’ombre. Evidemment qu’il n’avait rien, elle le savait bien. Mais il fallait montrer de la joie et du soulagement. Elle se demanda si elle n’aurait pas préféré que le docteur lui ait trouvé quelque chose mais décida que non, un diagnostic différent aurait permis à Bernard de geindre toute la journée et de délaisser complètement sa maigre pratique.
Saint-Clair, enfin. Ce bout du monde où elle s’est enterrée à vingt ans et dont elle se demande quand et comment elle en sortira.
***
Ecrit d’après cette consigne de Joe Krapov, que je remercie, avec les incipits des quatre chapitres suivants du livre de Mauriac dont il était déjà question hier 🙂
Triste vie. Je crois qu’il lui faut d’abord assassiner sa belle-mère, et ensuite son conjoint, c’est certain. Elle trouvera ensuite la « travée » qui convient 😉
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assassiner la belle-mère LOL (je ne me souviens plus s’il y avait une belle-mère dans le livre, au fait)
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Ah ces malades imaginaires, juste question d’attirer l’attention, comme un enfant….pff:-))
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tu en connais aussi?
😉
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Dans ma famille, on parlait souvent d’en « sortir les pieds devant » .
Petite, ça m’intriguait.
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j’imagine 🙂
(dans notre dialecte flamand mes grands-parents disaient ‘donner sa pipe à Martin’, or mon arrière-grand-père fumait la pipe)
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Chez nous, on cassait sa pipe ( et mon grand-père fumait la pipe…)
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Heureusement que même les hypocondriaques ont parfois de vraies maladies qui les envoient ad patres.
Cette pauvre Thérèse aura peut-être de la chance…
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t’inquiète, elle va s’en sortir 😉
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A moins qu’elles n’aient le même prénom, Anne de la Trave est la demi-soeur de Bernard et pas sa mère.
Mais bon, ça ne change rien à la façon de vivre de ce que je nommerai ‘la fin de race »… qui cassera sa pipe comme tout un chacun.
Très bien amenée la suite de ton texte.
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oui je sais, je sais aussi que Bernard n’est pas un petit avocat, qu’ils ne se sont pas rencontrés à Deauville, que le père de Thérèse n’a pas de Panhard, que Saint-Clair n’est pas le nom de l’église, que ce n’est pas situé en « montagne à chèvres »… etc 😉
à part les phrases imposées, le reste est « ma » fiction
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Tu me l’avais fait oublier !
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La suite est aussi déprimante que le début, bravo ! 😉
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t’inquiète, on va la sortir de là 😉
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Vous piquez ma curiosité !
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il n’y a pas long à attendre, c’est pour demain matin 😉
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Ah, bien!
😉
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J’adore aller au bout du monde dans la vaste solitude de la nature mais sans belle mère et avec un agréable compagnon et je ne dois pas être la seule…
Là, franchement, la vie est un peu tristounette, faut l’aider la pauvre Thérèse, dame Adrienne fais quelque chose pour elle « sitôplé », qu’elle se réveille enfin ! Bises printanières. brigitte
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oui, il faut qu’elle se secoue 🙂
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Euh… Anne, c’est sa belle-soeur, non ? Evidemment, dans ta fiction, tout est permis 🙂
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ben oui, sinon ce n’est pas la peine de m’amuser à refaire l’histoire 😉
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On attend avec impatience que l’oncle Walrus nous fasse l’exercice avec « Un amour de Swann » ! 😉
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Mon beau-fils m’a emprunté le bouquin (ce qui m’a évité de devoir le bazarder), je crois qu’il est pas près de me le rendre (et comptez pas sur moi pour le lui réclamer).
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De plus, ma cousine Odette n’aime pas les Cattleya, trop sophistiqués qu’elle dit.
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Enfin, dans la version pdf que j’ai pêchée sur le net, ne figurent que deux chapitres dans ce roman :
Pour faire partie du « petit noyau », du « petit groupe », du « petit clan » des Verdurin, une condition était suffisante mais elle était nécessaire : il fallait adhérer tacitement à un Credo dont un des articles était que le jeune pianiste, protégé par Mme Verdurin cette année-là et dont elle disait : « Ça ne devrait pas être permis de savoir jouer Wagner comme ça ! », « enfonçait » à la fois Planté et Rubinstein et que le docteur Cottard avait plus de diagnostic que Potain.
Ainsi revenait-elle dans la voiture de Swann ; un soir, comme elle venait d’en descendre et qu’il lui disait à demain, elle cueillit précipitamment dans le petit jardin qui précédait la maison un dernier chrysanthème et le lui donna avant qu’il fût reparti.
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J’ai vérifié dans un fac similé de l’édition de 1919 : il n’y a que deux parties au machin.
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Rien que deux phrases et c’est déjà dissuasif ! Merci d’avoir joué le jeu !
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c’est vrai que ce serait intéressant 🙂
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Tu réécris le bouquin, si j’ai bien compris les commentaires précédents?
Ce qui ne me dérange en rien (comme je te l’ai dit j’ai oublié le contenu… 😉 )
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c’est le même jeu que j’ai fait avec le livre de Didier Decoin Madame Seyerling 🙂
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Quel talent !
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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faut pas exagérer, Célestine 😉
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