Depuis que le papier de refus est arrivé, chaque cahot sur la route les fait sursauter: ils s’attendent à recevoir un contrôle de police d’un jour à l’autre.
– C’est tout de même trop fort! grogne Marie en remuant à grands coups de fourche bêche la terre encore froide du potager. Qu’est-ce qu’il leur faut de plus, c’est une évidence que sa vie était en danger! Un œil amoché, un traumatisme crânien, ça ne leur suffit pas? Et les cicatrices dans le dos, on voit bien que ce sont de petites brûlures!
L’argile gras et luisant se décompacte difficilement. C’est une terre excellente, fertile, mais qui demande de l’huile de bras, comme disait son grand-père. Les jours fériés de mai y sont consacrés en priorité.
Le potager, Muanza, ce n’est pas son truc. La fois où il avait voulu aider, il avait laissé les ‘mauvaises herbes’ et arraché les futurs légumes. Depuis, sa présence au jardin est purement affaire de solidarité masculine. Pierre et lui causent gentiment pendant que Marie s’échine sur les mottes récalcitrantes.
– Qu’est-ce qu’il leur faut? recommence-t-elle avec hargne. Des phlegmons purulents? Il faut sans doute mourir d’abord, pour prouver qu’on est véritablement en danger?
– Tiens, dit Pierre, je t’ai cueilli un peu de muguet, va le mettre dans un vase, tu es en train de te casser le dos, va te reposer…
Ecrit pour Olivia Billington avec les mots récoltés: excellent – férié – présence – solidarité – argile – muguet – cahot – espérance – phlegmon – évidence
Pauvre Marie. Désolée de cette situation, elle a raison. Y aura-t-il vraiment une solution ? Les prochaines élections porteront-elles le titre de cet article bien haut ?
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ce n’est pas dans l’air du temps, qui puise dans un champ lexical tout différent pour parler de réfugiés…
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Les réfugiés espèrent toujours…
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oui, c’est pour ça que j’ai choisi ce mot pour le titre 🙂
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Marie commence à s’adapter à la vie africaine : les femmes retournent le sol, les mecs regardent…
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c’est un large débat, « is it nature or nurture »?
🙂
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Je vois que Muanza a autant la main verte que moi ! 😀 😀 😀
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c’était un enfant de la ville 😉
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Je ne sais pas si j’aurais choisi ce titre, mais colère, impuissance… les premiers qui me viennent à l’esprit.
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Muanza n’a jamais perdu l’espoir, si ce moyen-là ne marche pas, on en cherche un autre (c’est moi qui étais tout le temps en rage ;-))
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Chouette devoir même si j’ai été surprise de ne pas lire celui de Lakevio.
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quand il y en a deux qui tombent un lundi, il faut choisir (et celui de lakévio ne m’inspirait pas du tout)
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Les fleurs ont un immense pouvoir, dire mais avec des fleurs change tout, cela entretient le feu de l’espérance… et il en faut de l’espérance pour vivre. Bises. brigitte
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c’est certain! si on tombe dans l’à-quoi-bon, on est fichu
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Tu l’as bien casé aussi, ce phlegmon !
Tes textes sonnent toujours si vrais… 🙂
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c’est qu’ils ne contiennent qu’une mince couche de fiction 😉
merci Olivia!
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Que faisait Muanza dans son pays d’origine ?
Apparemment, il ne se lançait pas dans l’agriculture.
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il était électricien auto, il entretenait les véhicules de l’armée
(mais même s’il avait été maraîcher, les légumes de chez nous, tout comme nos arbres, nos fleurs, lui étaient pour la plupart inconnus)
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Il y a une forte réticence à l’accueil des réfugiés. C’est un peu pareil en France.
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c’est pareil à peu près partout
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Muanza me ressemble : la première année où j’ai créé un potager, j’ai arraché les légumes en laissant les pis-en-lits…
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je suppose que ça peut arriver à tout débutant, surtout quand les plantules sont encore si minuscules qu’on a du mal à les identifier 😉
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