Avec sa classe de cinquième (la Première, en France), Madame termine le programme de littérature, ces quelques poèmes choisis parce qu’ils sont beaux et représentatifs, en un mot: incontournables.
Vendredi dernier, elle leur a donc servi Demain, dès l’aube… et mardi Le dormeur du val.
– Est-ce que vous voyez des liens, des points communs avec d’autres textes que nous avons lus? demande Madame.
– Ça parle de la mort, répond Yorrick.
Alors Madame pense à François, comme chaque année au moment de lire Le dormeur du val.
Et dans ce silence si spécial d’une classe qui écoute un témoignage personnel, Madame raconte François, son cancer fulgurant, et ses doutes à elle, concernant son programme de littérature et la présence du thème de la mort.
– Je suis allée trouver mon directeur de l’époque, explique Madame, pour lui demander conseil. Il avait été mon propre prof de français. Qu’est-ce que je dois faire, lui ai-je dit, Demain dès l’aube, Le dormeur du val, tout ça parle de la mort d’un jeune. Et le directeur a répondu: c’est normal, oui c’est ainsi, toute la littérature, tout l’art parle de la mort, de notre finitude.
– Vous comprenez, poursuit Madame, que ça ne m’a pas trop aidée. C’est vrai que tout, finalement, parle de la mort, même l’Ode à Cassandre que nous avons lue: même le Carpe diem veut en fait dire « vis aujourd’hui parce que demain tu n’y seras peut-être plus ».
– Alors, termine Madame, c’est à François lui-même que j’ai exposé mon problème…
Et il m’a dit: « Ne vous inquiétez pas pour ça ».
Votre billet est très émouvant.
Enseigner les math est plus simple.
😉
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je l’ai parfois pensé 🙂 mais je n’échangerais pas mon FLE, qui permet tant de bonnes petites conversations, tables rondes et autres débats 🙂
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Émotions à te lire.
Un jour une commentatrice de mes billets m’a dit qu’elle ne viendrait plus car les poèmes que je publiais parlaient tous de la mort. C’est parfois le cas, tout comme l’amour, le doute, la nature…toutes ces choses qui font partie de nos vies, ces interrogations sur la joie ou l’absurdité.
Je t’envoie un champ de coquelicots situé tout près de chez moi.
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et bien à la prochaine qui te le dit, tu lui expliqueras qu’il n’y a pas d’art sans l’idée de la mort, même les vases de fleurs où volettent quelques papillons sont des memento mori 😉
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C’est la mort qui nous instille l’urgence de vivre et malgré ça, nous reportons bien trop souvent à demain, et puis…
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c’est pour ça que je pianote, tout en sachant que le « temps perdu ne se rattrape pas » 🙂
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Finalement tu m’as très bien expliqué pourquoi le poème de Rimbaud que je préfère est « Ophelia », la blanche Ophelia couchée en ses long voiles…
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tu as vu ce service après-vente? corrigé dans la minute 😉
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Merci.
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François était un sage.
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oui
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La mort fait partie de la vie, nous le savons, mais ce qui est une tragédie difficilement acceptable, c’est quand la disparition touche quelqu’un de jeune, ce n’est pas dans « l’ordre des choses » et pourtant, que de merveilleux comportements de la part de ceux qui s’apprêtent à nous quitter ! Sèment-ils en nous des forces sur lesquelles nous appuyer pour ne pas nous laisser envahir par le chagrin de la séparation ? Ton billet est plus qu’émouvant dame Adrienne, à bientôt… brigitte
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merci Brigitte, il avait (et il a encore) toute mon admiration
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Je pense de plus en plus ouvertement à la mort mais évidemment… on pense dès qu’on apprend à penser. J’ai aussi connu un jeune mort à 20 ans, lui aussi d’un cancer, qui a été « là » avec sérénité et en semant de l’espoir partout…
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François me touche beaucoup. J’aimerais bien partir dans cet état de conscience.
Peut-être que sachant notre mort imminente l’essentiel prend toute la place… profiter à bon escient de chaque minute pour ressentir le va et vient du souffle qui nous habite et qui a été notre plus proche compagnon de vie.
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je ne sais pas… il a réussi le concours d’entrée en médecine, a commencé sa première année et est mort le 27 mai, jusqu’au bout il a voulu aller en cours, apprendre, étudier… puis il a dit au revoir à ceux qu’il aimait.
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Ton billet me touche, chère Adrienne, par la délicatesse envers les êtres dont il témoigne – ceux qui sont là, ceux qui n’y sont plus – et par ce sentiment très particulier qui s’empare de celle qui donne cours pour la dernière fois sur certains sujets qui lui tiennent à coeur. Je me souviens aussi de « ce silence si spécial d’une classe qui écoute un témoignage personnel ». Merci de nous rappeler la si douce réponse de François, pleine de maturité et d’empathie.
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c’est toi qui m’émeus avec un si beau commentaire, merci Tania
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Cela n’a pas du être facile de parler de tout cela. Mais j’ai l’impression que tu as une classe très compréhensive et qu’il y a des liens forts entre ta classe et toi?
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c’est le genre de témoignage qu’on se doit de donner, il me semble, au fond c’est ça, une leçon de philosophie 😉
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Ne pas en parler, ce n’est pas ça qui va empêcher la mort d’exister, de faire partie de la vie.
Alors autant essayer d’en apprivoiser l’idée, voire de l’accepter, même si bien-sûr cela n’empêche pas le chagrin de devoir quitter ceux qui nous sont chers.
Tu as eu la chance de connaître un être merveilleux et extraordinaire comme François.
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l’accepter, je n’y arrive toujours pas, ça continue à me mettre en colère 😉
jeudi un de nos élèves est mort, cancer aussi, il avait juste 13 ans, de récidive en récidive, c’est la maladie qui a été la plus forte
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Billet très émouvant… Je dois avouer que j’ai beaucoup de mal à parler de la mort avec mes élèves de 9-10 ans, alors que certaines collègues se sentent plus à l’aise d’en parler.
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parfois on est obligé, pour un papa, une maman, un frère ou une soeur… ou un autre élève qui est décédé. Mais à l’aise on ne l’est jamais avec un sujet aussi délicat.
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