Stupeur et tremblements

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« Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d’eux seuls préoccupés, goûtaient l’un à l’autre, soigneux, profonds, perdus. »

Excédée, elle rejette le livre sur le lit, une fois de plus.

Quel horripilant personnage! Quel esprit manipulateur! Quelle fatuité! Quelle goujaterie! Quelle bonne opinion il a de lui-même! Quel mépris des autres! Même, en fait, de la femme qu’il prétend aimer.

Elle laisse tomber sa chemise de nuit à la porte de la salle de bains dans un geste qui trahit encore son énervement.

Croire que les autres couples sont sans amour, croire qu’on est le seul à savoir ce que c’est ‘aimer’, c’est bon quand on a seize ans et qu’on vit ses premiers émois.

Mais à l’âge du protagoniste, c’est de l’infatuation. De la bêtise.

Elle sent que ça va très mal finir, cette histoire.

Comme pour cet autre spécialiste de l’autodestruction (avec dommages collatéraux pour son entourage), qui prétend avoir aimé mais qui a oublié le prénom de son amour:

« Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila. »

***

Devoir de Lakevio du Goût N° 9, que je remercie:
Dites nous un conte qui commencera par cette phrase du grand Albert :
« Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d’eux seuls préoccupés, goûtaient l’un à l’autre, soigneux, profonds, perdus. »
Conte qui se conclura par ces mots du familier Verlaine :
« Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila. »

Vous aurez compris que « Belle du Seigneur » est un livre qui m’a mise en rage 😉

36 commentaires sur « Stupeur et tremblements »

    1. ‘engagé’ qui n’engage que moi et qui fera enrager ceux qui sont adorateurs de ce bouquin
      (j’ai beaucoup hésité, généralement quand je n’aime pas, je n’en parle pas, mais là c’était imposé)

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  1. Tu as bien et mille fois raison, ce livre est truffé de phrases qui font bondir, j’en ai retrouvé une autre « Ainsi est la vie, mon ami, et les inclinations du cœur ne se commandent pas! Tel est fait pour être aimé, tel autre pour être moins aimé ».
    Voyez-vous ça! Grrrr

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  2. Le seul hommage qui est correctement rendu, c’est celui qui est rendu à la langue française.
    A mon sens, c’est l’autre versant du livre de Gary « Au delà de cette limite votre ticket n’est plus valable ».
    (on en retire qu’Ariane est une andouille faible de caractère tandis que le mari et l’amant n’ont pas plus de caractère et ne sont pas plus futés, simplement plus cruels. Heureusement, ça finit mal… 😉 )

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  3. Ah mais comme je te comprends! J’ai eu la même réaction de rejet vis à vis de ce livre. C’était il y a une trentaine d’années mais je m’en souviens très bien. Quand j’entends dire que c’est une extraordinaire histoire d’amour, je ne comprends pas. Rien de ce qui se joue entre ces deux personnages insupportables ne m’évoque l’amour.

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  4. « Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore,
    Comme ceux des aimés que la vie exila. »

    C’est doux et sonore, « Arthur Rimbaud » ? (Peut-être en roulant les « r » ?)

    Ou alors – on ne nous dit pas tout ! – c’est que c’était Corto Maltese !
    😉

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  5. Qu’est-ce que je suis contente ! voilà un certain nombre de commentaires qui renforcent mon sentiment : je ne suis pas allée au bout du livre, et il m’a profondément ennuyée.

    J’ai toujours pensé que ceux qui en étaient férus l’étaient par pur snobisme. Un nom que l’on admire dit « que c’est LE livre » et paf, les moutons de Panurge arrivent.

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    1. je m’étonne que tant de commentaires se montrent d’accord sur ce rejet que je ressens, j’avais vraiment craint la levée de boucliers, c’est un livre classé parmi les chefs-d’œuvre… mais pour moi, qu’il soit « bien écrit » ne suffit pas 😉
      merci Sophie!

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  6. J’ai dû réussir à le finir… mais sans doute en sautant quelques pages ! Encore que je ne suis pas certaine d’être allée jusqu’au bout ! Je parle du livre, bien sûr… pas de ton devoir Adrienne !

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    1. il est impossible d’avoir lu tous les livres, il est même impossible d’avoir lu tous les livres que d’autres placent dans leur top 100 des livres qu’il faut avoir lus… et à chaque rentrée littéraire il en paraît plus de cinq cents rien qu’en France… donc ne parlons ni d’ignorance ni d’inculture 😉

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  7. Je ne peux rien pour toi, Dame Adrienne, je ne lis pas du tout ce genre de livre. Et jamais, lors de mes lectures, je n’ai enragé ni pour l’auteur, ni pour sa prose !

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