R comme rebondir

devoir de Lakevio du Goût1.jpg

version 1

Quand Eva est sortie du tribunal, ses amis l’attendaient.

– Voilà, c’est fait! leur a-t-elle simplement dit.

Grégoire a jeté un œil au clocher de l’église:

– Bientôt midi, s’est-il écrié, faut que je file chercher Louise à la crèche! Je t’appelle ce soir!

Les trois copines formaient un bloc consterné, ne sachant trop que dire.
C’est finalement Élodie qui a pris l’initiative:

– Viens, on t’offre un chocolat chaud! 

*** 

version 2

A la sortie de l’église, Grégoire les a tout de suite quittées.

Elles ont compris et accepté qu’il n’avait pas envie de parler.

Aucune d’entre elles n’avait même osé lui dire qu’il aurait dû enlever son bonnet pendant l’office.

– Au revoir, les filles, il a dit, les mains dans les poches, remarquant in extremis le camion arrivé brusquement à sa hauteur alors qu’il allait traverser.

– Pauvre Grégoire, dit Élodie en se tournant vers Eva, qui se tenait un peu à l’écart, les yeux baissés sur les pavés inégaux du parvis. Pauvre Grégoire, il ne s’en remettra jamais…

– Il s’en remettra, se dit Eva en reboutonnant son manteau sous le vent aigre.

Mais elle a préféré garder cette pensée pour elle.

***

Devoir de Lakevio du Goût N° 13: Que fait-elle là, qui semble isolée du groupe ? Elle semble penser à autre chose. Mais à quoi ? Peut-être le savez-vous. Si vous le savez, dites-le, comme toujours dans la zone commentaire de mon devoir. Celui que j’aurai fait lundi.

Merci Le Goût!

40 commentaires sur « R comme rebondir »

  1. Tu nous laisses imaginer plein de choses dans chacune de tes versions. C’est tragique et pour ma part, je ne sais quoi supposer. Mais c’est tellement bien amené qu’on craint le pire.

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  2. Tu entres si facilement dans la cervelle de tes congénères.
    Mais tu les observes avec attention depuis leur plus jeune âge.
    C’est de la triche ! 😉
    Chouette, ton devoir.
    Comme dit une pièce de théâtre « J’aime beaucoup ce que vous faites ».

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    1. pour ce tableau, il faut d’abord se poser la question d’où sortent les personnages: est-ce que ces épais murs blancs sont ceux d’une église, d’un tribunal, d’un bâtiment universitaire…?
      alors les scénarios possibles arrivent tout seuls, il n’y a qu’à observer les personnages, leur attitude, leur mimique 🙂

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  3. Il faut un grand talent pour écrire de cette manière.
    Alors là moi je dis : chapeau !
    Ce qui est le plus triste sans doute, c’est que ce tableau offre la tristesse ordinaire des gens ordinairement tristes que l’on croise dans la rue… en ville en tout cas !
    Comme si la joie de vivre s’éteignait progressivement dans les mégalopoles qui ne cessent de croître sur la planète…

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  4. J’ai pourtant regardé attentivement le tableau, mais j’ai été surprise – agréablement et admirativement – par tes deux versions.

    Moi qui y voyait un groupe de 3 soudées « contre » la seule, et le gars qui « ne veut pas se mêler » de vos histoires de filles…

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  5. Encore du beau boulot et deux débuts de romans à continuer !

    Moi la seule krapoverie du jour que ce tableau m’inspire c’est : « Comment appelle-t-on des soeurs siamoises quand elles sont trois ? »

    – Trifine ?

    Ok, je sors !

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