G comme Gratitudes

Quel merveilleux petit livre, roman à deux voix, 173 pages lues d’une traite.

Quelle belle façon de parler de la gratitude qu’on peut ressentir envers d’autres, qui à leur tour… etc.

Pendant son enfance, Marie a été heureuse d’avoir à proximité une voisine, Michka, chez qui se réfugier, se mettre à l’abri, s’épanouir.

Aujourd’hui Michka est une vieille dame, confrontée à la perte de la parole, à la perte de l’autonomie. C’est au tour de Marie de veiller sur elle.

Je cherche quelque chose à dire, quelque chose qui pourrait la réconforter – « les dames sont sympas » ou « je suis sûre que tu vas te faire des copines » ou « il y a pas mal d’activités » -, mais chacune de ces phrases est une insulte à la femme qu’elle a été. (p.32)

L’autre voix est celle de Jérôme, l’orthophoniste qui va faire beaucoup plus qu’essayer de mettre un frein aux symptômes de l’aphasie.

J’entre dans sa chambre. Elle a l’air fatigué, je perçois aussitôt qu’elle n’est pas d’humeur très collaborative. Mais elle se redresse et, d’un geste furtif, se recoiffe. Elle fait un effort pour me sourire. La coquetterie des vieilles dames me bouleverse.

Je sors le matériel et le pose sur son bureau: stylo, cahier, imagier.
– Comment allez-vous, Michka?
– Ça va…
– C’est un petit « ça va », je me trompe?
– J’ai un peu de mal à m’adopter… à m’appâter.
– A vous adapter?
– Oui, c’est ça. (p. 44)

Mischka elle aussi, avant de mourir, désire encore exprimer sa gratitude envers des gens qui l’ont aidée, recueillie quand elle avait sept ans.

– Je suis allé voir Nicole Olfinger. Elle est aveugle et elle entend mal. Mais elle a toute sa tête. Je lui ai parlé de vous. Je lui ai dit que vous les aviez cherchés. Mais que vous n’aviez pas leur nom. Elle a compris. Je me suis permis de lui dire combien c’était important pour vous, aujourd’hui, de pouvoir exprimer votre reconnaissance. Elle était très émue, vous savez. Je lui ai dit que vous alliez être tellement heureuse de savoir qu’elle était encore vivante. De savoir qu’il n’était pas trop tard. (p. 155)

En dire plus, ce serait déflorer l’histoire.

Lisez, si ça vous parle 🙂

***

illustration et info sur le site de l’éditeur, JC Lattès – lire les premières pages ici.

critique La Croix ici – Le Devoir ici – Le Monde ici – Le Figaro ici.

35 commentaires sur « G comme Gratitudes »

  1. Gratitude : un mot tard venu dans ma vie …
    Alors je viens de réserver le livre avant même de vous remercier pour ce mot qui convient bien au dimanche.

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  2. La gratitude est le sujet de réflexion, méditation au cours de yoga ce mois.
    Merci beaucoup d’en parler, un livre que je lirai sûrement, il me touche de près et beaucoup après toutes ces années de cancer où tant de personnes m’ont accompagnée. C’est mon tour!
    Bon dimanche, au vent.

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    1. nous avons tous, je crois, de bonnes raisons d’être reconnaissants envers des gens et ça fait vraiment du bien de pouvoir le leur exprimer (parfois il faut ‘oser’, comme une de mes ‘premières fois’ quand j’ai décidé d’aller en visite au couvent où se mourait mon institutrice préférée, celle de 4e primaire, j’ai d’ailleurs fait un billet là-dessus, j’ai dû, comme on dit en néerlandais « mijn stoute schoenen aantrekken » – aucune idée d’un équivalent en français mais tu comprendras ;-))

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      1. Bah, la promenade du chien n’a pas duré très longtemps et la fonte des oignons n’a pris que quelques minutes. J’ai même eu le temps de regarder le rugby et maintenant le bouquin est terminé et je suis revenu aux aventures mathématiques et autres d’al-Khayyâm.

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  3. Tiens, une bonne idée de lecture. Si tu n’en avais pas parlé, je n’aurais pas sauté sur un livre de Delphine de VIgan, que j’ai plus ou moins abandonnée après deux romans.
    Savoir dire sa gratitude ( ou merci) n’est pas chose facile quand ça touche au plus profond.

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      1. « Rien ne s’oppose à la nuit » : je ne suis jamais entrée dans le livre qui m’a semblé être très factice, plus un exercice littéraire qu’une vérité qui jaillit.
        « D’après une histoire vraie » qui suit le succès , s’efforce de retrouver celui-ci.
        Dans les deux cas, bien écrit./

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  4. Quand l’amour s’éveille la gratitude s’installe aisément et une joie s’ensuit.
    J’aimerais bien rester dans un état de gratitude à longueur de jour mais les distractions, les attentes, les peurs etc me détourne bien souvent de ce ressenti.

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  5. Chouette un billet dont les commentaires ne partent pas « en live » … 😉 c’est plus calme que chez moi…
    Ça me donne envie de le lire moi aussi, ce charmant petit livre.
    Bisous madame.
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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