M comme Mémé Jeanne

Mémé Jeanne, on le sait, n’aime pas les petites natures, les « trunten« , comme elle les appelle. Un mot qu’elle aime employer, comme substantif ou comme verbe à la forme impérative négative: « Niet trunten!« .

Pour Mémé Jeanne, on n’est jamais assez spartiate et c’est tout juste si le grand-père a droit à sa petite méridienne: elle aussi, que diable! travaille toute la journée, autant ou même plus que lui, et est-ce qu’on la voit se reposer? faire la causette? Non, il me semble!

Mémé Jeanne connaît le plaisir de la douleur: la surmonter, la dépasser, en faire fi.

La porter comme un étendard.

Ne venez surtout pas lui parler d’un bras cassé, de maux de ventre, d’un accouchement difficile: elle vous surclassera, de toute façon.

D’ailleurs, c’est bien simple, les césariennes ont été inventées pour les mauviettes, c’est bien connu, n’allons pas fignoler là-dessus. 

***

écrit pour Olivia Billington, que je remercie, avec les mots imposés suivants: méridienne – césarienne – douleur – fignoler – causette – spartiate – plaisir.

24 commentaires sur « M comme Mémé Jeanne »

    1. Mon grand-père travaillait « à pause ». Quand il rentrait après avoir travaillé la nuit, il n’allait pas se coucher dans son lit. Il sommeillait dans son fauteuil.
      Sans doute un dictat spartiate de sa « mémé Jeanne ».
      😉

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  1. Les « mémés » que j’ai connues ne se sont pas plaint à leur âge adulte.
    Dans leur vieillesse, elles se sont plaint de la dureté de leur enfance et adolescence, c’est vrai pas de qu’elles ont assumé toutes leur vie.
    Mais elles ont estimé que la génération suivante était bien mollassonne !!
    Et mon père, faisait volontiers une « tite sieste » pendant que ma mère s’activait …

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    1. c’est vrai, quand ma belle-mère parlait de son enfance, de son adolescence, ou de sa vie de jeune femme, c’était toujours pour en souligner l’énorme différence avec ce que nous connaissions, au niveau du confort et des duretés de la vie 😉
      ma grand-mère Adrienne ne faisait pas du tout ça, avant c’était une autre vie, c’est tout, elle ne trouvait pas le monde moderne si supérieur, je crois même qu’elle se serait vite réadaptée s’il avait fallu revenir à l’éclairage aux quinquets et à la vie sans frigidaire ou sans télé 😉

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    1. je ne mets presque plus le tag ‘fiction’ parce que ça ne sert à rien 😉
      cette mémé Jeanne ressemble un peu à ma belle-mère mais ce n’est pas un portrait à 100 %
      (et oui, on s’aimait bien toutes les deux)

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  2. Sacrée mémé ! Elle me fait un peu penser à ma grand-mère paternelle qui aimait bien mener son petit monde à la baguette… Elle trouvait, elle aussi, que les nouvelles générations étaient bien geignardes (avait-elle tort du reste ?). Belle et douce journée !

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  3. Une sacrée maîtresse femme, cette mémé Jeanne ! On l’imagine, fièrement campée sur ses jambes, le regard planté dans les yeux de l’avenir, sans ressasser les vicissitudes du passé. Refuser de s’apitoyer sur les failles des autres évite de s’effondrer en découvrant les siennes… Très beau texte, dont j’admire le format, court et précis.

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  4. J’aime beaucoup ce portrait. il me fait penser à une petite mamie de 97 ans qui ne s’octroie pas le droit d’une petite sieste, qui continue à faire du ménage parce que les aides à domicile, « ces petites jeunes, ne sont vraiment pas efficaces »…

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