K comme Kilimandjaro

« Où tu pourras dormiiiiir » chante l’Adrienne – que ne ferait-elle pas pour se délivrer de ses insomnies – et dans la rivière des conseils reçus aucun ne fonctionne.

– Moi je prends un berlingot de lait bien sucré et je dors comme un bébé, dit tante Simone.

– Je me couche, je prends un magazine et le repos vient tout seul, dit l’ami Philippe, qui s’endort paisiblement sur un article scientifique concernant le dernier virus à la mode ou la planète engorgée de déchets.

– J’ai arrêté de manger le soir et je m’en porte beaucoup mieux, fait l’amie en remontant son châle genre bohème autour de son joli cou marmoréen.

Le jeûne, elle y croit.

Ce n’est pas l’avis de tout le monde, se souvient l’Adrienne:

Ensuite, les gens faits vinrent à s’apercevoir que le jeûne les irritait, leur donnait mal à la tête, les empêchait de dormir. On mît ensuite sur le compte du jeûne, tous les petits accidents qui assiègent l’homme à l’époque du printemps, tels que les affections vernales, les éblouissements, les saignements de nez et autres symptômes d’effervescence qui signalent le renouvellement de la nature. De sorte que l’un ne jeûnait pas, parce qu’il se croyait malade, l’autre parce qu’il l’avait été ; et un troisième parce qu’il craignait de le devenir

Mais que serait la vie sans ses petites aspérités 🙂

Prenez bien soin de vous! 

***

texte écrit pour Olivia Billington – merci à elle! – avec les mots imposés suivants: berlingot – repos – engorger – rivière – virus – bohème – marmoréen – aspérité – vernal.

La citation en bleu est de Brillat-Savarin, La physiologie du goût, éd. 1825, p.247.

41 commentaires sur « K comme Kilimandjaro »

    1. je crois qu’aujourd’hui, j’en aurai besoin 😉 j’ai eu le grand tort, tard hier soir, de faire un tour sur fb, et on dirait bien qu’en une nuit la face du monde ait changé 😉

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  1. Question de génération sans doute (l’Adrienne est plus proche de la génération de ma fille que de la mienne) , moi, le Kilimandjaro, ça m’évoquerait plutôt les Mau Mau et Jomo Kenyatta.
    Quant aux insomnies, personnellement, je me couche et je m’endors dans les secondes qui suivent. Comme rien n’est parfait, je me réveille vers quatre heures et là c’est plus difficile pour me rendormir.

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    1. ça doit dater des années « septante », quand on écoutait la radio en famille, radio Hainaut, Claude Delacroix et ses « vieux machins » 🙂
      ça nous a donné un grand répertoire, à mon frère et à moi, qui venait bien à point dans l’auto en route pour les vacances en Ardèche 😉

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  2. Qu’est-ce qu’on a chanté ça, souvenirs, souvenirs…
    Courage pour affronter les insomnies (qui adorent la lumière bleue des écrans) et trouver le bon rituel d’endormissement. Une amie qui traînait ce problème a trouvé une solution après avoir consulté une clinique du sommeil… Mais ce n’est pas le genre d’endroit sympa pour l’instant. Drôle d’époque, restons aussi zen que possible.
    Bonne journée, Adrienne.

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  3. Moi, le soir, je tombe de sommeil. Je me suis déjà endormie à table, lors d’un dîner chez des amis. La honte ! Obligée d’aller m’allonger . Depuis on évite les invitations du soir.
    Donc je m’endors quand je voudraîs rester éveillée et après 1ou 2 cycles, je me reveille et commence l’insomnie. Je ne me rendors si tout va bien que sur le matin.
    Je comprends la fatigue accumulée et les idées qui tournent en boucle.

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  4. J’aurais peut-être réussi à caser tous les mots dans un texte cohérent, sauf « vernal » dont j’ai dû chercher la définition !!!
    Je m’endors devant la télé, vais me coucher sans autre forme de procès et le sommeil me fuit !!! Toujours réveillée à la même heure précise, je n’arrive pas à trouver une position »relax » pour me rendormir…. C’est très fatigant.

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  5. Je ne suis pas cantonnier mais, comme disait Fernand Reynaud « La nuit… Je dooors… »
    A propos de jeûne, j’ai pu apprécier ce que donne le ramadan sur les musulmans de stricte observance : Arrivés à la cinquantaine, ils remplissent les couloirs des services de néphrologie des hôpitaux.
    Les jeûnes, interropmpus par à coup parce qu’il faut quand même survivre, finissent par tuer les reins.
    Bref, manger sans s’empiffrer, boire raisonnablement, la raison en somme, tout simplement, ça protège suffisamment sans s’autoflageller à intervalles réguliers.

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    1. oui, je suis absolument convaincue que le ramadan, surtout s’il est pratiqué sous nos latitudes en plein été, est une aberration
      l’interdiction de boire une goutte d’eau entre le lever et le coucher du soleil ne peut qu’avoir des effets très nocifs sur la santé et je m’en suis souvent inquiétée en voyant des élèves (musulmans) participer aux activités sportives, s’y donner à fond, s’en trouver fort mal à l’arrivée… et encore refuser la petite bouteille d’eau qu’on leur tendait

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    1. sans compter qu’on ne serait pas conscient de son bonheur 🙂
      il y a une pensée de ce genre chez Blaise Pascal, qu’on ne se sent jamais si heureux qu’après avoir été bien malade, ou qu’on ne peut connaître le bonheur de se désaltérer qu’après avoir eu vraiment soif 😉

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      1. je me trompe, c’est chez saint Augustin 😉
        « Un être cher est malade ; l’état de son pouls révèle son mal ; tous ceux qui souhaitent sa guérison souffrent avec lui par sympathie. Mais le voici mieux, il se promène encore affaibli, et c’est une telle joie que jamais on n’en ressentit de pareille quand il allait et venait, fort et bien portant. Même les plaisirs de la vie humaine, ce n’est pas inopinément et sans le concours de la volonté que les hommes en jouissent, c’est au prix de désagréments prémédités et voulus. Il n’y a aucun plaisir à boire et à manger si l’on n’a pas senti d’abord l’aiguillon de la soif et de la faim. »
        St Augustin, Les Confessions, 397-401, Livre XIII, chapitre 3

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  6. Compter les moutons ne fait de mal à personne ! Et faire de petits exercices de respiration attire le marchand de sable… Si si ! En début de nuit, parce que sur le matin, il compte les moutons avec moi 😉

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  7. Ah, le Kilimandjaro! J’ai deux amies qui y sont allées (deux projets différents) pour en faire l’ascension. Si ce n’était pas si loin, je tenterais volontiers.
    Pour ce qui est de la chanson, j’ai la même référence et voilà que ça tourne dans ma tête… :/
    Pour les insomnies, je compatis. Puisque rien me marche, je ne vais pas en rajouter.
    Mais prends bien soin de toi, autant que faire se peut.
    Bises!

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  8. Ton texte est très agréable à lire, et tu as une façon originale de parler de l’insomnie. Chacun en a sa définition et la vit à sa façon.

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