Aux pages 270-271 de l’épais volume relatant la biographie du petit Marcel – et en même temps c’est la fresque de toute une époque, de tout un milieu, avec autant de personnages que dans la Recherche elle-même – on peut lire ceci, concernant les efforts dudit Marcel pour traduire Ruskin:
Rien n’est meilleur, pour connaître un écrivain et se pénétrer de sa pensée, que de le traduire. Le simple effleurement de la page par l’œil, comme c’est le cas lorsqu’on lit un texte dans sa langue, est remplacé par l’application nécessaire au déchiffrage de phrases obscures, à la quête de certains mots dans le dictionnaire, et l’hésitation devant plusieurs termes entre lesquels il faut choisir, impose une lenteur favorable à la réflexion, à l’approfondissement de la signification de la phrase. En compensation de ces peines, il y a le plaisir d’avoir vaincu l’obstacle et de voir les mots s’ordonner suivant une logique, la pensée de l’auteur jaillir soudain, comme un rayon de soleil perçant les nuées. De là, d’ailleurs, à se sentir un peu l’auteur de ce qu’on vient de traduire, il n’y a qu’un pas que le disciple franchit parfois dans l’ivresse de sa trouvaille […]
C’est tellement vrai 🙂
A quoi j’ajouterais: plus le texte est bon, plus il y a de plaisir à le traduire!
(et inversement, bien sûr ;-))
C’est effectivement une tout autre façon de lire…
Passez une bonne journée.
J’aimeJ’aime
merci, bonne journée à vous aussi!
J’aimeJ’aime
Merci de tout coeur, comme tu dis, c’est tellement vrai (et si bien exprimé!!).
Pour les poèmes, tu l’auras vu aussi, le traducteur se prend parfois pour l’auteur au point qu’il n’y a qu’une lointaine ressemblance avec le poème de base.;-)
J’aimeJ’aime
et le traducteur veut son nom aussi gros sur la couverture que celui de l’auteur 🙂
J’aimeJ’aime
Il a encore frappé.
Un vrai virus ce Marcel ! 😉
J’aimeJ’aime
une plaie, tu veux dire 😉
J’aimeJ’aime
Jolie traduction !
J’aimeAimé par 1 personne
La loi française classe les traducteurs dans la catégorie « auteur ».
J’aimeJ’aime
pour lire d’intéressantes réflexions sur le traducteur et la traduction, il faut aller chez Claro 🙂
https://towardgrace.blogspot.com/search/label/traducteur
avec en particulier cet article-ci:
https://towardgrace.blogspot.com/2017/10/le-prix-de-la-traduction-monsieur-le.html
J’aimeJ’aime
Plus le texte est bon … Comme c’est vrai. À l’inverse, les textes médiocres, comme ceux que je traduis le plus souvent, demandent parfois une réécriture au moins partielle. Comment traduire « proprement » en gardant l’authenticité de l’original ? Corriger une prose malhabile, n’est-ce pas trahir l’auteur ? Je ne suis jamais satisfait de ces traductions-là. Mais en général, l’auteur ne lisant pas le français ne se rend compte de rien …
J’aimeAimé par 1 personne
oui, parfois il faut réécrire…
c’est très énervant de traduire un texte mal écrit 😉
J’aimeJ’aime
Très.
J’aimeAimé par 1 personne
On dit toujours traduction-trahison, mais sans traduction, je n’aurais pas pu lire certains auteurs japonais.
J’aimeAimé par 1 personne
je n’aurais pas lu Guerre et Paix 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Si L’Adrienne devient adepte du petit Marcel, j’en connais un qui va hurler à la trahison. je vois d’ailleurs que c’est fait !
Mettons en pratique ?
« Rien n’est meilleur, pour connaître un écrivain et se pénétrer de sa pensée, que de le traduire. Ce n’est plus le simple effleurement de la page par l’œil comme lorsqu’on lit un texte dans sa propre langue. On s’applique plutôt au déchiffrage de phrases obscures, on cherche certains mots dans le dictionnaire et on hésite devant plusieurs termes : il faut choisir. Cela impose une lenteur favorable à la réflexion, à l’approfondissement de la signification de la phrase. En compensation de ces peines, il y a le plaisir d’avoir vaincu l’obstacle et de voir les mots s’ordonner suivant une logique. La pensée de l’auteur jaillit soudain, comme un rayon de soleil perçant les nuées. De là, d’ailleurs, à se sentir un peu l’auteur de ce qu’on vient de traduire, il n’y a qu’un pas que le disciple franchit parfois dans l’ivresse de sa trouvaille […] »
Génial ! 😉
Ce n’est pourtant pas compliqué de leur dire aux asthmatiques : « Respirez ! Finissez vos phrases ! Mettez des points ! La ponctuation n’est pas faite pour les Jackie Russell ou pour les bassets artésiens ! »
J’aimeAimé par 1 personne
je trouve aussi, que Ghislain de Diesbach tombe dans les travers du petit Marcel 😉 j’ai dû ajouter deux virgules dans ce petit extrait 😉
J’aimeJ’aime
Ma chienne, dans l’impossibilité de se connecter en raison des méandres circonvolutoires de la connectvité wordpressienne me prie de te transférer le commentaire suivant :
« C’est qui ce Picard bretonnant qui dénigre les enfants de ma race et les copains ? Il a pas lu Saramago ou quoi ? T’en foutrai des apostrophes, mwouah ! »
J’aimeJ’aime
comment, elle ne peut pas? c’est regrettable! elle a pourtant un nom, une adresse mail et même un blog!
J’aimeJ’aime
Certes, mais malgré tout cela le machin lui demande de se connecter et elle ne connait qu’un mot de passe : Wouah !
J’aimeAimé par 1 personne
« oh! bichette! », comme ils disent dans la région de mon frère
(et chez belle-sœur-de-mon-cœur ils disent « bosseigne » mais je ne sais pas comment ça s’écrit ;-))
J’aimeJ’aime
évidemment, j’aurais dû le savoir, wikisaitout sait vraiment tout
https://fr.wikipedia.org/wiki/Beauseigne
J’aimeJ’aime
Ravie de te savoir dans des heures proustiennes, Adrienne. Bel extrait : c’est ainsi que j’ai réessayé de lire « Les Vagues » de Virginia Woolf sur le blog d’une traductrice qui commentait son travail sur le texte de jour en jour… mais j’ai fini par abandonner au bout de quelques semaines, c’était un peu fastidieux.
Passe une bonne journée, c’est gai, cette grande lumière, même s’il fait froid.
J’aimeJ’aime
j’ai lu ce gros pavé de Diesbach à petites doses, un chapitre par soir avant de dormir, c’est du lourd 😉
merci, bonne journée!
J’aimeJ’aime
C’est très intéressant et parait tellement vrai… Plausible plutôt car je n’en sais rien n’ayant jamais traduit de livres et surtout pas de Ruskin. 😉
J’aimeJ’aime
je me suis demandé aussi s’il allait falloir lire Ruskin, en plus 😉
J’aimeJ’aime
A propos de traduction, j’aime beaucoup ce que me disait Xavier Hanotte (lui même auteur et traducteur) à propos de la traduction de la poésie : un traducteur, c’est un passeur de lumière.
J’aimeJ’aime
il a piqué ça à Bernard Tirtiaux?
J’aimeAimé par 1 personne