Les voisins pensaient que ma mère était folle. Comment comprendre qu’elle étendait parfois le linge sur l’étendoir ou dans le champ, à même l’herbe, ou encore sur les branches des arbres ? Comment concevoir qu’elle le posait souvent à l’ombre ou en plein vent, maintenu par de gros cailloux, comme les points de ponctuation d’une phrase secrète?
Serge Pey, Le linge et l’étendoir, in Le trésor de la guerre d’Espagne, Récits d’enfance et de guerre, éd. Zulma, 2011, incipit.
De buren dachten dat mijn moeder gek was. Hoe moest je anders begrijpen dat ze soms haar was aan de waslijn hing, of op de akker legde, op het gras, of aan de takken van de bomen hing? Hoe kon je bevatten dat ze hem vaak in de schaduw legde of in volle wind, vastgelegd met dikke stenen, zoals leestekens van een geheime zin?
traduction de l’Adrienne – allez voir chez Colo pour une version en espagnol 🙂
—Vite, enlève ta chemise et va l’étendre sur l’étendoir, ramène le linge qui reste. Vite… Dépêche-toi…
Je compris sa précipitation quand je vis, depuis notre jardin qui surplombait la route, une longue file de camions bleus de la gendarmerie.
Ainsi ma chemise faisait partie, elle aussi, d’une longue phrase. Elle était une lettre, peut-être un mot. J’étais fier. J’étais devenu une conjugaison, presque un verbe. J’existais dans le langage secret de ma mère, comme un mot important qu’elle n’avait encore jamais employé, puisque c’était la première fois qu’elle voulait laisser ma chemise seule sur l’étendoir.
Serge Pey, Le linge et l’étendoir, in Le trésor de la guerre d’Espagne, Récits d’enfance et de guerre, éd. Zulma, 2011, p.19-20.
– Vlug, doe je hemd uit en hang het aan de waslijn, breng de rest van de was terug. Vlug… haast je…
Ik begreep de hoogdringendheid als ik vanuit onze tuin, die hoger lag dan de straat, een lange rij blauwe vrachtwagens van de rijkswacht zag.
Zodus, ook mijn hemd maakte deel uit van een lange zin. Het was een letter, een woord misschien. Ik was trots. Ik was een vervoeging geworden, een werkwoord bijna. Ik bestond in de geheime taal van mijn moeder, als een belangrijk woord dat ze nog nooit gebruikt had, aangezien het de eerste keer was dat ze mijn hemd alleen wou laten aan de waslijn.
traduction de l’Adrienne – merci à Colo d’avoir suggéré cet exercice en duo 🙂
source de l’illustration et toute l’info ici.
Et merci aux éditions Zulma qui permettent de lire tout le chapitre du linge et de l’étendoir ici.
Merci pour cette découverte. J’aime ce monsieur qui ne veux plus que le docteur vienne voir sa mère.
😉
Et merci pour votre traduction.
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merci à vous!
contente que vous ayez lu toute cette belle histoire et qu’elle vous ait plu 🙂
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( qui ne veut plus , désolée une fois de plus)
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pas grave, ça nous arrive à tous 🙂
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Merci, gracias de m’avoir envoyé puis accepté cette proposition, ce chapitre du livre est magnifique.
J’ai vu que l’auteur est surtout poète…à suivre donc!
Bon dimanche.
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merci, j’ai bien aimé qu’on traduise le même bout de texte 🙂
Bon dimanche!
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et maintenant je vais pouvoir ajouter ton lien!
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J’arrive de chez Colo, et je lis ta traduction avec grand plaisir, qui ravive mon vocabulaire, notamment avec cette « waslijn » que j’avais oubliée, et aussi « leestekens ». Bon dimanche, Adrienne. Merci pour cette belle bannière !
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c’est une photo des arbres fruitiers et des moutons à côté de mon école 🙂
début avril
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Une brebis et un agneau dodu.
😉
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il sera à point pour fêter la fin du Ramadan 😉
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Je ne suis pas à même d’apprécier la traduction, tu comprends…
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LOL 🙂
il y a un texte en français 😉
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Oui, j’ai lu le texte en français mais c’est du travail de traduction que je parlais…
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oui je me rends bien compte que mes traductions en néerlandais, ça ne passionne pas beaucoup de gens 😉
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