Dans une lettre du 30 janvier 1803 à sa sœur Pauline, Stendhal écrit entre autres ceci:
Je puis te donner comme des vérités générales :
I° Que toutes nos idées nous viennent par nos sens ;
2° Que la finesse plus ou moins grande des cinq sens ne donne ni plus ni moins d’esprit. Homère, Milton étaient aveugles ; Montesquieu, Buffon avaient la vue très basse ;
3° Que l’éducation seule fait les grands hommes; par conséquent, qu’on n’a qu’à le vouloir pour devenir grand génie. Il faut s’appliquer à une science et la méditer sans cesse. Je te conseille de lire et de méditer Plutarque : il t’apprendra en même temps l’histoire, et à connaître les hommes.
Pour acquérir beaucoup d’esprit, il faut beaucoup comparer, c’est-à-dire observer, alternativement et avec attention, l’impression différente que font sur toi des objets quelconques.
(http://fr.wikisource.org/wiki/Stendhal_-_Correspondance_-_Tome_I)
Où l’on peut voir que Stendhal est du côté de Leibniz: « L’éducation peut tout: elle fait danser les ours. »
Madame, par contre, est du côté de Voltaire: « L’éducation développe les facultés, mais ne les crée pas. » Et de Henri Michaux: « L’enseignement de l’araignée n’est pas pour la mouche. »
Ceci étant dit, il y aurait bien d’autres commentaires à faire sur cette correspondance entre un jeune homme de 20 ans et sa sœur qui n’en a que trois de moins 🙂
***
Portrait de Pauline Beyle (1786-1857) source ici.
Moi aussi, je suis du côté de Voltaire.
😉
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Quant à la lettre, même si un dresseur d’ours s’était occupé de moi, jamais je ne serais arrivée à en écrire une pareille…
😉
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Voltaire et aussi Montaigne qui préconise « une tête bien faite plutôt que bien pleine ».
Mais je réfléchirai aujourd’hui à: toutes nos idées viennent-elles de nos sens?
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Bonne réflexion 🙂
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Comme Madame. Tout pareil.
Tout pareil ? Toute pareille ?
Bon, tu choisis, moi j’hésite. 😉
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J’ai pu constater que selon le « maître » l’éducation était soit un enseignement, soit un dressage.
Aussi que le talent inné peut être irrémédiablement gâché par un enseignement inadapté…
A part ça, j’ai beaucoup aimé lire Stendhal.
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moi aussi 🙂
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Excellent, ce billet ! Le portrait pour la vue, l’extrait qui fait titiller la paupière mentale – comment concilier 1° et 2° ? -, le commentaire qui appelle une suite. Bonne journée, Mme Adrienne.
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Merci pour l’appréciation, Tania!
bonne journée, bonne promenade?
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Oui, merci, mais on est mieux sur la terrasse à l’abri du vent froid.
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Je pencherai aussi pour Voltaire mais quand je vois les premiers dessins de Cézanne, je me dis que la faculté de dessiner n’était pas très visible. Est-ce à dire qu’elle n’existait pas à l’origine ???
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tu sais ce qu’on dit à propos du (petit) pourcentage de talent et du (gros) pourcentage de « sueur » nécessaires pour arriver à un bon résultat 😉
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et je plussoie… àa donne de l’espoir 😉
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Ah le vieux débat entre l’inné et l’acquis… Ce n’est pas moi qui trancherai! 😉
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je pense que chacun a des aptitudes différentes et qu’il faut les développer
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