Stupeur et tremblements

Ce n’est que tout récemment que l’Adrienne a reçu le choc de cette info: à l’époque où elle était petite fille, on opérait les bébés et les jeunes enfants sans anesthésie.

Oui, rétrospectivement elle en a éprouvé un réel choc.

Il lui a même fallu quelques jours pour s’en remettre 😉

Après avoir vérifié l’info, bien sûr, qui semble être une chose connue et révélée au grand public depuis plusieurs années, comme en attestent ce reportage sur Arte et cet article de Sciences et avenir. Ainsi que beaucoup d’autres.

Depuis, l’Adrienne a bien réfléchi.

Et elle croit mieux comprendre ce que voulait dire le chirurgien, quand juste avant de lui taillader le ventre, alors qu’elle n’était âgée que de trois semaines, il s’est tourné vers sa mère et lui a déclaré: « J’aimerais mieux couper dans votre ventre à vous! »

42 commentaires sur « Stupeur et tremblements »

  1. J’éprouve le choc aujourd’hui. Tout comme vous, je n’avais jamais entendu parler de cette pratique. Pauvre Mini Adrienne. J’espère que sa mère, quand elle lui a révélé l’information, était choquée aussi.

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      1. Moi, c’était à trois mois pour une hernie inguinale étranglée mais je n’en ai aucun souvenir (en dehors de la cicatrice bien sûr).

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      2. C’est toujours ce qu’on se dit après coup…
        Comment a-t-on pu ne pas croire à l’éther disait Newton.
        Comment a-t-on pu croire à l’éther a-t-on dit en découvrant la Relativité Restreinte.

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  2. J’ai vu un reportage à ce sujet il y a quelques années, partiellement car insoutenable. Les images de ces tout petits torturés me hantent… Comment pouvait-on ne pas se rendre compte de leur souffrance?
    Je suis infiniment désolée pour bébé Adrienne.

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    1. c’est ce que j’ai pensé aussi: comment pouvait-on se persuader d’une telle chose?
      je me suis dit que ça devait être horrible pour tout le monde dans la salle d’opération, taillader le ventre d’un bébé qui braille de bout en bout

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    1. je me suis occupée de plusieurs bébés, jamais je n’ai cru qu’ils étaient insensibles à la douleur et que j’aurais pu leur entailler le ventre sans qu’ils aient mal

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  3. Je viens de relire votre texte et les nouveaux commentaires. Il y a quelques années, mon frère aîné devant se faire opérer de la cataracte m’avait parlé de sa peur de souffrir. J’étais vraiment surprise car, à ma connaissance, cette opération n’était pas douloureuse. Et là, il m’a parlé de ses souvenirs de petit garçon (je ne sais plus quel âge il avait) où il a été opéré des yeux sans anesthésie. Manifestement, il se souvenait de combien il avait eu mal et peur aussi certainement. Pauvres bébés, pauvres enfants, pauvres toutes personnes maltraitées.
    Je trouve particulièrement intéressant le commentaire de Mme Chapeau et votre réponse.
    Bon samedi à tous.

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    1. je ne sais pas quel âge avait votre petit frère quand ça lui est arrivé mais si c’est avant ses cinq ans, c’est assez exceptionnel…
      mon plus vieux souvenir est aussi lié à une opération, celle qu’on voit beaucoup en littérature autobiographique (Michel Leiris, par exemple) et j’avais quatre ans: l’opération des amygdales.
      Là je me souviens très bien à la fois de la douleur et de la « lâcheté » des adultes quand ils veulent faire croire à l’enfant « qu’il ne sentira rien du tout » et qu’on « restera à ses côtés »
      Deux gros gros mensonges 😉

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      1. voilà l’extrait:
        « Âgé de cinq ou six ans, je fus victime d’une agression. Je veux dire que je subis dans la gorge une opération qui consista à m’enlever des végétations ; l’intervention eut lieu d’une manière très brutale, sans que je fusse anesthésié. Mes parents avaient d’abord commis la faute de m’emmener chez le chirurgien sans me dire où ils me conduisaient. Si mes souvenirs sont justes, je m’imaginais que nous allions au cirque ; j’étais donc très loin de prévoir le tour sinistre que me réservaient le vieux médecin de la famille, qui assistait le chirurgien, et ce dernier lui-même. Cela se déroula, point pour point, ainsi qu’un coup monté et j’eus le sentiment qu’on m’avait attiré dans un abominable guet-apens. Voici comment les choses se passèrent : laissant mes parents dans le salon d’attente, le vieux médecin m’amena jusqu’au chirurgien, qui se tenait dans une autre pièce en grande barbe noire et blouse blanche (telle est, du moins, l’image d’ogre que j’en ai gardée) ; j’aperçus des instruments tranchants et, sans doute, eus-je l’air effrayé car, me prenant sur ses genoux, le vieux médecin dit pour me rassurer : « Viens, mon petit coco ! On va jouer à faire la cuisine. » À partir de ce moment je ne me souviens de rien, sinon de l’attaque soudaine du chirurgien qui plongea un outil dans ma gorge, de la douleur que je ressentis et du cri de bête qu’on éventre que je poussai. Ma mère, qui m’entendit d’à côté, fut effarée. […]
        Ce souvenir est, je crois, le plus pénible de mes souvenirs d’enfance. Non seulement je ne comprenais pas que l’on m’eût fait si mal, mais j’avais la notion d’une duperie, d’un piège, d’une perfidie atroce de la part des adultes, qui ne m’avaient amadoué que pour se livrer sur ma personne à la plus sauvage agression. Toute ma
        représentation de la vie en est restée marquée : le monde, plein de chausse-trapes, n’est qu’une vaste prison ou salle de chirurgie ; je ne suis sur terre que pour devenir chair à médecins, chair à canons, chair à cercueil ; comme la promesse fallacieuse de m’emmener au cirque ou de jouer à faire la cuisine, tout ce qui peut m’arriver
        d’agréable en attendant n’est qu’un leurre, une façon de me dorer la pilule pour me conduire plus sûrement à l’abattoir où, tôt ou tard, je dois être mené. »
        Michel Leiris, L’âge d’homme, 1939

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      2. J’ai été opéré des amygdales itou.
        Au dispensaire de la rue Championnet en 1953 ou 1954.
        J’ai le souvenir d’une machine qui m’ouvrit la bouche et d’une bouffée de je ne sais quoi.
        Je me suis réveillé plus tard, vomissant et avec mal à la gorge.
        On ne m’avait pas opéré sans anesthésie.
        Bon, plus tard, en vrai champion de bêtises, je fus beaucoup anesthésié… 😉

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      3. Il s’agit de mon frère le plus âgé, nous avons 15 ans d’écart, et c’est bien avant ma naissance que cette opération des yeux s’est passée. Lorsqu’il m’en a parlé, je lui ai sûrement demandé son âge à l’époque. Je regrette d’autant plus d’avoir oublié que depuis, quelques années déjà, il souffre d’angiopathie amyloide et je ne sais pas s’il serait en mesure de me le dire. La prochaine fois que je le verrai (je ne sais pas quand car il habite à Paris et moi Bordeaux), je lui poserai peut-être la question sauf si ça devait réveiller des souvenirs bien pénibles et douloureux.
        Je déteste qu’on mente aux enfants et à quiconque, la confiance est un lien fragile dont on doit prendre grand soin.
        Je connais un tout petit peu Michel Leiris, je l’ai un peu lu, je l’apprécie. Merci beaucoup de l’extrait.

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  4. Ma maman m’a racontée qu’à l’âge de 4 ans, alors qu’elle s’était ouvert le crâne en tombant, le médecin l’a coincée entre ses genoux et lui a administré 12 points de suture en lui disant de serrer les dents…

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    1. c’est fort! je ne peux m’imaginer que ce médecin croyait que l’enfant de quatre ans ne ressentait pas la douleur…
      (mais bon, on entend aussi de ces horreurs chez les accouchées)

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      1. Je ne crois pas non plus.
        Mais, comme nombre de gamins, j’ai été recousu sans anesthésie.
        Je me suis demandé si ce n’était pas pour inciter les garçons à la prudence jusqu’à ce qu’Heure-Bleue me dise qu’elle même, après une bêtise (non, pas sa rencontre avec moi) dans son âge adulte, ait un genou recousu à petits points sans anesthésie.
        Ce fut parfaitement fait, je n’en ai jamais vue d’autre trace qu’une courte ligne extrêmement fine.

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  5. Mais quelle horreur !!!
    Mes seuls souvenirs lointains d’anesthésie, ce sont les gros doigts velus du dentiste tenant la seringue au-dessus de la flamme pour la désinfecter avant de m’enfoncer le tout dans la bouche.

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  6. Je l’ignorais, ça paraît aberrant aujourd’hui. J’imagine que c’est surtout parce qu’on ne maîtrisait pas assez le traitement de la douleur envers les bébés et qu’il fallait limiter les risques – je vais aller lire ça.

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  7. Ce manque de bienveillance qui recouvre la terre depuis si longtemps est encore bien en place aujourd’hui. C’est affolant. Et quand ça touche des enfants c’est insupportable.
    Au nom de la science, de la politique, de la finance on se permet des atrocités de toutes sortes. Les mensonges fusent de partout pour cacher tout ce manque d’humanité.

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  8. Oui nous savons depuis longtemps que cette théorie a existé:  » les nourrissons ne ressentent pes la douleur ». C’est effroyable de cruauté. Vers 4 ans je fus opérée d’un orgelet interne j’ai ensuite raconté à mes parents que j’avais été attachée sur une table pour que je ne bouge pas! Les témoignages de pratiques médicales cruelles envers les enfants ne manquent pas.Heureusement que tout cela a évolué.

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    1. vers 4 ans, là c’est tout à fait sûr que ça laisse des souvenirs… (l’absence de souvenirs, dans les documents que j’ai vus, était le deuxième argument pour ne pas anesthésier les bébés…)
      merci pour ce témoignage et désolée pour ce retard!

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