Y comme y a qu’à deviner

– Tu as fait ta liste de courses? demande l’Adrienne à peu près quotidiennement à sa mère.

Qui répond invariablement qu’il ne lui faut rien de spécial « pour le moment ».

Puis se ravise.

– Je n’ai plus beaucoup de yaourts.
– Il t’en reste combien?
– Un.

Misère! un yaourt = un jour. Il faut donc retourner au magasin.

Et quand l’Adrienne les lui apporte – avec quelques autres nourritures indispensables, vu qu’il est chimérique d’attendre La-Liste-Des-Courses – sa mère lui dit:

– Il me faudrait des oranges.

Ou des pommes.
Ou des bananes.
Il manque forcément toujours quelque chose.
Puisqu’il n’y a pas de liste 🙂

L’Adrienne a eu beau y consacrer quelques inutiles palabres: c’est parler à un mur.
Aussi efficace que la danse de la pluie en ces semaines de sécheresse.
C’est un peu comme le discours du roi au chapitre 10 du petit Prince: il ne faut demander aux gens que des choses raisonnables.

***

source de l’illustration et e-book complet ici.

Ecrit pour Olivia Billington (merci Olivia!) avec les mots imposés suivants: liste – palabres – misère – mur – oniromancie – danse – chimérique.

 

48 commentaires sur « Y comme y a qu’à deviner »

  1. Ne te berce pas d’illusions : notre fils et notre petite-fille nous font les courses une fois par semaine et nous faisons des listes. De là à dire que nous n’oublions rien… Émilie d’ailleurs nous appelle régulièrement du magasin en cas de « dernière minute » ! 😉

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  2. Simili nous a fait à peu près la même danse quand elle était à l’ehpad.
    Je veux la première ligne de cette ordonnance. Disait elle le lundi.
    Je veux la quatrième ligne de l’ordonnance. Disait elle le mardi.
    J’ai besoin de coton. Disait elle le mercredi……

    Mais ça n’a duré que 6 semaines. Elle est rentrée chez elle et gère ses petites courses comme une grande, à 93 ans. Pendant le confinement, elle sortait tous les jours avec son déambulateur une heure.
    Si j’arrête de marcher, je ne marcherai plus.

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    1. oh non! pas pour si peu de choses!
      c’est surtout les premières semaines que ça me stressait, chaque fois que j’allais au magasin j’angoissais… mais on s’habitue aussi à ça 😉

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  3. Quand je faisais des courses pour mes parents, j’aimais toujours ajouter des produits qu’ils n’avaient pas noté sur leur liste et à chaque fois c’était comme une surprise qu’ils découvraient 🙂

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    1. ma mère est réfractaire à toute forme de liste, c’est chaque fois une réponse du genre « fais comme d’habitude », « tu verras ce qu’il y a », « fais comme ça t’arrange » et autres variations sur ce thème 🙂

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    1. parfois je note un ou deux trucs que je ne peux surtout pas oublier d’acheter – parce qu’ils sortent de la tournée ordinaire des rayons – puis j’oublie ce papier au fond de mon sac 🙂

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      1. Moi, quand je faisais les courses (avant le confinement) j’exigeais toujours une liste. Juste pour avoir le plaisir de pouvoir dire « C’était pas dans la liste ! » 🙂

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  4. Avec le recul, les petits épisodes des courses pour les parents, entre « j’ai oublié », « je me suis trompé », « il n’y avait plus cette marque-là », « tu es sûr qu’il ne t’en reste pas encore beaucoup? » … c’est le souvenir d’une relation privilégiée. On n’y fait pas trop attention, on court un peu, on fait comme si ça devait durer toujours. Et puis …

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  5. Il y a des gens qui sont réfractaires aux listes…et je crois que madame mère n’est pas un cas unique !
    Mais quelle patience tu as ! 😉
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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  6. Quand mère et fille se connaissent bien comme celles-ci, ça donne et joli texte qui porte à rire 😉 la mienne aurait 90ans aujourd’hui, tout pile. Embrasse la tienne pour moi ❤

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