G comme Gothic

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Comme les piercings étaient interdits par le règlement – ce qu’elle trouvait d’ailleurs tout à fait injuste – elle enlevait le petit anneau qu’elle portait à la narine droite, chaque matin en arrivant à l’école, et le remettait avant de rentrer chez elle.

Dans toute la cour de récré, elle était la seule à avoir du rouge à lèvres noir, des ongles vernis de noir.

Elle faisait même un peu peur aux plus jeunes.
Et probablement aussi à certains de ses profs 😉

En classe, elle était présente-absente.
Chez Madame, elle avait choisi le premier banc, à côté de la porte. Elle s’y trouvait seule.

Naïve Madame qui se demandait souvent où elle trouvait le genre de fringues qu’elle portait – uniquement de longues robes noires – ce qui faisait chuchoter certains des petites classes qu’elle était « une sorcière ».

Avec elle, c’était Halloween toute l’année.

Un jour qu’elle portait une autre de ses longues robes noires, tout en dentelle cette fois, Madame lui a dit spontanément:

– C’est vraiment joli, ce que tu portes aujourd’hui!

Se rappelant trop tard que ne c’est pas bien de complimenter les filles sur leur tenue.

Mais voilà que le visage fardé de noir et les yeux charbonneux s’éclairent:

– Vous trouvez vraiment?
– Mais oui! dit Madame. Sinon je ne te le dirais pas!

Et depuis ce jour-là, elles ont été très copines.

Ce qui est évidemment une bonne chose pour son niveau en FLE même si aujourd’hui elle parle et écrit plutôt en portugais 🙂

***

Photo et consigne de ce 56e devoir de Lakevio du Goût:

Vous connaissez, je pense, Monsieur Edward Burne-Jones, ce peintre « préraphaélite »  contemporain de Lawrence Alma-Tadema. Il n’a pas peint que ces délicieuses rousses romantiques à la peau qui attire le baiser. Il a aussi engendré un fils qui a dessiné pour inciter le lecteur à s’intéresser à l’œuvre de son oncle Rudyard Kipling. Qu’a-t-il donc pu susciter dans l’esprit de celui qui regarde ce dessin ? Quant à moi il m’inspire quelque histoire…

Quant à moi, je n’ai pas pu me résoudre à écrire une histoire de vampire, de femme fatale ou autre élucubration de cerveau masculin 😉

39 commentaires sur « G comme Gothic »

  1. La « Madame » c’était toi sans doute ? Tu as bien fait de la complimenter cette jeune fille. Quand on s’affiche « gothic » on est souvent incompris. Mais ce n’est pas ce que l’on cherche après tout : se différencier ?

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      1. Je suis bien d’accord.
        Vous n’êtes pas là pour vous faire aimer, mais pour enseigner. C’est ce qu’on m’a dit un jour.
        Ok, mais enseigner quand on s’aime bien, c’est mieux. Je trouve. 😉

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      2. exactement 🙂
        le premier conseil que j’ai eu (et le plus mauvais et qu’il m’a été impossible de suivre :-)): « dans une nouvelle classe, ne JAMAIS RIRE avant d’être au moins en janvier (là on pouvait commencer à montrer figure humaine selon ce monsieur réputé pour son autorité hahaha)

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  2. Qui peut me dire ce qu’est le FLE ?
    J’ai eu moi aussi des contacts privilégiés avec un(e) professeur(e) de français.
    Mais pas avec aucun des profs de maths
    Cela explique bien des choses !

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    1. FLE = français langue étrangère
      je crois que c’est justement dans les matières qu’on n’aime pas, qu’on a besoin d’un peu d’amour du prof (et je le sais bien, le FLE est une des matières les plus détestées :-))

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      1. Ne penses-tu pas que FLE est probablement pour les Flamands l’apprentissaged’une langue d’anciens oppresseurs ?
        Comme enseigner l’Allemand en France entre 1920 et 1960 n’a pas dû être une partie de plaisir pour les profs…

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      2. non c’est d’abord parce qu’elle est jugée difficile (pleine d’embûches, à peine as-tu appris une règle qu’on t’y ajoute trois exceptions puis les exceptions à l’exception) et inutile, puisque l’anglais est la koinè…
        de plus, elle leur est imposée comme seconde langue

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      3. Koinè moyen…
        Parce que si l’anglais dans sa version « globish » est connue, peu le manipulent comme Elliot, James ou Joyce.
        Des langues sans exceptions, personnellement je n’en connais pas.
        Même l’anglais, ne serait-ce que dans la prononciation des mêmes syllabes laisse souvent pantaois l’Aglais qui écoute un des humains qui n’a pas eu (selon eux…) la chance de naître angalis. 😉

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      4. Je le savais que ça allait te faire réagir 🙂
        Pas besoin d’être Shakespeare, la communication se fait en anglais et crois-moi, les anciens élèves maîtrisent à l’écrit et à l’oral.

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    1. je ne sais pas, c’est juste ma conviction (et mon expérience personnelle ;-))
      oui je n’avais pas envie d’écrire une histoire de vampire et encore moins d’une vampiresse, et pourtant, who says Vampires are no laughing matter :-)))
      merci, bonne journée!

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    1. c’est que j’ai fait le plus beau métier du monde 🙂
      j’en ai des tonnes, des histoires comme celles-là…
      tous uniques, tous différents, une centaine d’élèves par année pendant quarante ans 🙂

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    1. celui de la photo est clairement féminin 😉
      ma ‘gothic’ n’est plus gothic mais elle ne sera jamais « comme tout le monde », elle a fait des choix de vie tout à fait en dehors des sentiers battus

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  3. Au fond le gothique, c’est un peu être vampire. Ils, enfin, elles me font presque peur effectivement. J’ai une nièce, très mal dans sa peau, qui se dit gothique. A un moment, j’ai eu peur que ma petite fille le soit, vu qu’elle s’habillait toujours en noir, qu’elle rêvait piercing, tatouage. Mais, elle est bien dans sa peau..Je pense que toutes ces nanas doivent être vraiment mal, comme, j’aurais pu le faire aussi quand j’étais jeune. Mais, moi, c’était le jaune qui m’inspirait, même que j’en dégoûtais les copines..et, jusqu’ici le jaune n’a jamais inspiré les vampires à ce que je sache..
    Je sens que j’aurais aimé t’avoir comme prof Adrienne…Ma fille est crainte et aimé de ses petits élèves…enfin, je le crois, car, ils viennent lui dirent bonjour quand ils la croisent…Elle les reconnait plusieurs années après, pourtant, ils ont bien changé entre temps. Finalement, c’est peut-être plutôt eux qui la reconnaissent.
    Imagine que j’ai maintenant un fils prof. Inimaginable vu son parcours professionnel. Il débute en pleine pandémie. J’espère qu’il ne lâchera rien. Ses 1ers huit jours lui ont plu…

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    1. ce n’est pas un métier comme un autre, il fait partie de ceux pour lesquels il faut « la vocation » (c’est peu de le dire)

      je souhaite beaucoup de bonheur à ton fils avec ses élèves!
      (ce n’est jamais gratifiant dans l’immédiat, il faut les obliger tout le temps à faire des choses qu’ils n’aiment pas faire, n’ont pas envie de faire, les efforts à fournir pour apprendre une langue étrangère sont énormes etc etc mais à plus long terme oui, c’est gratifiant, quand on voit le résultat des efforts et surtout quand eux-mêmes se rendent compte du niveau qu’ils ont atteint après un an ou deux)

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