
« Il faut être absolument moderne! » s’écria-t-il. Et joignant le geste à la parole, il prit la plume et écrivit:
Depui ui jour, j’avé déchiré mè botine
O cayou dè chemin. J’antré a Charlerwa
– O Cabarè Vèr: je demandé dè tartine
Du beur é du janbon ki fu a mwatyé frwa.
« Pas mal! Pas mal du tout! Et absolument moderne! » fit-il, content de lui. Donc il continua:
Byieneureu, j’alongé lè janb sou la table
Verte: je contanplé lè sujè trè nayif
De la tapiseri. – Et se fu adorable,
Kan la fiy o téton énorm, o zyeu vif,
Il hésita un peu sur le ‘byieneureu’ mais se dit que de toute façon, la poésie était pour les ‘happy few‘, alors il poursuivit en tirant la langue – il n’avait que seize ans, après tout:
– Cèl-là, se nè pa un bézé ki l’épeur –
Ryeuze, m’aporta dè tartine de beur,
Du janbon tièd, dan zun pla coloryé,
Il commençait à bien maîtriser son orthographe moderne et c’est d’une plume jubilatoire qu’il traça le dernier tercet:
Du janbon roz é blan parfumé d’une gous
D’ay, – é m’anpli la chop imans, avèk sa mous
Ke dorè un rèyon de soley aryéré.
***
écrit suivant les consignes de Joe Krapov – who else? 🙂
Qu’il en soit remercié!
Le poème de Jean Nicolas Arthur est à lire ici.
Photo prise à Ostende (ya kèk zané), la tête de ce personnage de BD a quelque chose d’Arthurien, non?
Arthur fait sans doute moderne mais pas couleur locale : à Charlerwa, on dit Tcharlèrwè 😉
J’aimeJ’aime
Monsieur Krapov recommande même de ne plus écrire ‘un’ (sauf pour l’article indéfini) mais d’écrire uniquement ‘in’, alors qu’en Belgique on continue de faire la différence entre ‘brun’ et ‘brin’ 😉
J’aimeJ’aime
Ici aussi on fait la différence entre brin et brun, comme entre hotte et haute.
Enfin, normalement on devrait… 😉
J’aimeJ’aime
c’est ce qu’ont pourtant constaté des linguistes français qui ont travaillé (déjà dans les années 1970) sur des corpus de ‘français parlé’ enregistrés dans les milieux parisiens cultivés…
J’aimeJ’aime
Le pape Jean-Paul II, comme tout bon Polonais, avait des difficultés à différencier le « i » et le « u ».
Ça donnait des phrases comme ceci : « le message du Christ est inique ».
J’aimeJ’aime
et toute la Flandre était pendue à ses lèvres pour l’entendre dire « dank u voor de bloemen » 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
mais tu as raison, il ne daisait pas « dank u », il disait « dan koe » 🙂
J’aimeJ’aime
Belle performance. Bravo à vous et à Joe Krapov.
J’aimeJ’aime
merci Mme Chapeau
J’aimeJ’aime
Oui oui, j’avais reconnu Arthur.
Bravo Adrienne..
J’aimeJ’aime
merci Berthoise, bises!
J’aimeAimé par 1 personne
On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans …
J’aimeJ’aime
si ce n’est une question de trop ou pas assez, alors on peut garder cet esprit toute la vie 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Je m’aperçois en te lisant que j’ai juste 4 fois 17 ans … j’espère ne pas avoir trop perdu en route 😉
J’aimeAimé par 1 personne
il me semble que ça va de ce côté-là 🙂
J’aimeJ’aime
En plus on a les poches crevées…
J’aimeAimé par 1 personne
et on ne sait pas coudre 😉
J’aimeJ’aime
Ah ah. Vous me faites rire…
J’aimeJ’aime
Mais oui, très moderne, absolument compréhensible, bravo à madame et à Arthur!
J’aimeJ’aime
merci Colo 🙂
J’aimeJ’aime
« Happy few », « happy few »… Moi je dirais plutôt que ce texte renversant de modernité est pour les zapifiou !
J’aimeJ’aime
c’était un clin d’œil à cause de ceux qui prétendent que la poésie est réservée à une élite et ne convient pas aux garçons bouchers 😉
(je pense avec Michel Serres que le garçon boucher en a autant besoin qu’un académicien, plus peut-être ;-))
J’aimeJ’aime
Quand j’ai commencé à lire je me suis dit que c’était peut-être bien pour ça que Verlaine avait révolvérisé Arthur…
(je n’ai aucun mérite, j’ai reconnu tout de suite Rimbaud que je pratique depuis si longtemps 😉 …)
J’aimeJ’aime
c’est un des grands classiques, je crois que même mes « petits Flamands » l’auraient reconnu 😉
J’aimeJ’aime
Est-ce que ce n’était pas un pistolet?
J’aimeJ’aime
oui, un un revolver de poche Lefaucheux (7 mm) acheté galerie de la Reine, je raconte ça ici:
J’aimeJ’aime
Il ne manque plus qu’un petit insert d’écriture inclusive et on atteint le sommet de la modernité. Mais il n’y a aucun problème de genre entre une « fiy o téton énorm » et un « Byieneureu, lè janb sou la table ». 😉
J’aimeJ’aime
ah oui en voilà encore un qui sait parler aux femmes 🙂
on rigolait bien, en classe, quand je mimais le gars de 16 ans qui joue au grand, étend les jambes sous la table, se commande une chope… et se fait son cinéma macho dans la tête en voyant la fille
J’aimeJ’aime
L’éternel masculin ! 🙂
J’aimeJ’aime
genre « celle-là, je vais me la faire, facile! » (celle-là ce n’est pas un baiser qui l’épeure) et si elle ose refuser elle se fera traiter de salope ou de laideron
J’aimeAimé par 3 personnes
hé, ksélen !
mé ? ce francé tré modern’ a ketchoz de créol’ !
J’aimeJ’aime
mèrsi, Karnè 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
de rin Adriyen’
é salù ô jeun Artur Rimbô !
J’aimeJ’aime
tu va vwar kil va mal finir, se gamin 😉
J’aimeJ’aime
impressionné bravo Adrienne
J’aimeJ’aime
merci Zigmund 🙂
J’aimeJ’aime
Eklaté de rir ! Magnifik !
Avant même de commencer à lire, je fais défiler l’illustration et je me dis – juré ! – « On dirait Rimabaud ! »
Bon dimanche, Madame, et à vos ami·e·s ! Le mien commence parfaitement !
J’aimeJ’aime
contente d’avoir l’approbation de mon conseiller ludico-littéraire 🙂
J’aimeJ’aime
Je l’ai reconnu comme tout le monde, le résolument moderne, trop d’indices…
Manque le bateau ivre mais ce n’est pas grave, je me demandais juste ce que donnerait le poème en langage moderne :
« kome je dessendé des fleuve impacible… »
J’aimeJ’aime
oui on tient à l’aspect visuel de notre orthographe (correcte) et pas seulement pour sa facilité de lecture 😉
J’aimeJ’aime
Quand Rimbo écrit comme Rambo… :-)))
J’ai adoré ton texte, Adrienne !
C’est jubilatoire…
(et triste en même temps, quand on connaît le niveau d’ortograf de certains djeuns…
de 17 ans !)
J’aimeJ’aime
oh c’est de tous les âges, je crois 😉
merci, La Licorne, bonne soirée!
J’aimeJ’aime
Bravo! J’ai ri en lisant cette performance. Le texte est drôle comme tout… 🙂 bonne Semaine Adrienne.
J’aimeJ’aime
ça me fait plaisir, Pivoine, bonne journée, bonne semaine!
J’aimeJ’aime
De l’expression : pourquoi faire simple… quand on peut faire simpliste ?
Steu kession !
J’aimeJ’aime
egzacteman!
ou sa variante: pourquoi pleurer, quand on peut rire?
J’aimeJ’aime