O comme Oise et Orne

Aldeburgh-141

La présence quotidienne de Rémy sur cette plage déserte était un mystère pour mini-Adrienne.

Tout à coup il apparaissait ou disparaissait, elle ne savait rien de lui, sauf son prénom.
Où logeait-il ?
Où était sa famille ?
Il n’en était jamais question.

Chaque jour, les parents déployaient les draps de plage et s’installaient avec leurs magazines.
Mini-Adrienne et son petit frère commençaient leurs travaux en attendant la marée.
Chaque jour, ils rebâtissaient un fort au bord de l’eau, convaincus qu’ils finiraient par en réaliser un capable de résister aux vagues.
Même l’aide de Rémy n’y avait jamais suffi.

Parfois monsieur Beauciel passait faire la conversation aux parents.
Sa femme et lui étaient cette sorte de grands-parents sans petits-enfants.

Monsieur Beauciel aimait bien vérifier si Rémy savait toutes les choses qu’un enfant de dix ans doit savoir.
Comme la liste des départements, par exemple.
Avec leur chef-lieu.

Monsieur Beauciel semblait très étonné des lacunes dans les connaissances de Rémy et avait terminé son interrogatoire par un « il faudra apprendre tout ça, mon garçon, c’est indispensable ! » alors Rémy avait baissé la tête et n’avait rien répondu.
Mini-Adrienne en avait été mortifiée pour lui.

Mais ce n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde : quatre ans plus tard, quand les parents ont de nouveau pris la route des vacances en France, elle avait le gros Michelin rouge sur les genoux et apprenait par cœur les numéros et les noms des départements français.

Leur chef-lieu, malheureusement, ne s’y trouvait pas.

Par conséquent elle aussi a des lacunes dans ces connaissances indispensables 🙂

***

Écrit pour le défi du samedi n°672 où Walrus – merci à lui! – proposait cette photo d’Aldeburgh (Suffolk)

37 commentaires sur « O comme Oise et Orne »

      1. un jour les parents nous ont inscrits à un concours du plus beau château de sable, nous étions petits et n’avons bien sûr pas gagné, si je m’en souviens c’est précisément à cause de ça, j’étais convaincue d’avoir très fort déçu mon père en n’ayant pas été à la hauteur 😉

        J’aime

      2. J’ai le même genre de souvenir avec un château qui devait durer le plus longtemps.
        Ma grand-mère m’avait inscrite, j’étais dans une équipe où je ne connaissais personne et notre château avait été un des premiers à être dévoré, à notre grand désespoir.

        Aimé par 1 personne

  1. Les temps ont énormément changé, et « ce que doit savoir « un enfant de 10 ans est sans doute multiplié par 10.
    Mais sait-il que le marée montante efface tout sur le sable ?

    J’aime

  2. Je me souviens de mes cours de sténodactylo où il fallait connaitre les départements avec leur préfecture et sous-préfecture !! Je sais encore mes départements mais pour le reste tout s’est envolé 😉 Pas sûr que mes petits enfants les apprennent un jour ?!

    J’aime

  3. Mon dieu !
    Il n’y a plus guère que certains employés de l’Administration et de compagnies d’assurances pour se rappeler les départements et leur numéro.
    Ma grande soeur qui travailla chez un assureur dut apprendre leurs préfectures, sous-préfectures, chef-lieu de cantons et arrondissements.

    J’aime

      1. Si tu n’officies pas dans certains domaines, les séries de Taylor et Mc Laurin te feront dire « Tiens ! Netflix ne les propose pas ! » tout comme les tribus boréliennes ne te feront pas penser aux Mines du roi Salomon.
        De connaissances inutiles non, inusitées sûrement. 😉

        J’aime

    1. j’ai pu constater, surtout via Monsieur Neveu et sa famille – élargie – de France, que le seul bon département est celui où on habite (plus éventuellement celui où on va en vacances ;-))

      J’aime

    1. je trouve ça si regrettable que j’obligeais mes élèves de Terminale à connaître les pays d’Europe, leur(s) langue(s) et leur capitale, et de savoir tout situer sur une carte muette (en français, évidemment, mais du même coup ils l’apprenaient en néerlandais)
      Mon argument « de vente » était que lorsque nous sommes à l’étranger, nous aimons que les autochtones sachent où se situe la Belgique, que Bruxelles est sa capitale et qu’on y parle encore une ou deux autres langues que le français (mais pas le belge ;-))

      J’aime

Laisser un commentaire