O comme On a fait…

« On a fait ce que font tous les touristes à Venise en hiver », se souvient le narrateur de David Nicholls, qui raconte sa visite de cette ville avec sa future épouse en un mois de février, quelque vingt ans auparavant.

Occasion pour lui de nous refaire les clichés sur Venise:

« On s’abritait de la pluie, et quand le soleil réapparaissait, on buvait du chocolat chaud et amer sur des places glaciales à la grâce et à la beauté stupéfiantes, ou on sirotait des Bellini dans des bars mal éclairés et hors de prix en nous armant de courage en prévision de l’addition.

[…]

Venise était mon premier aperçu de l’Italie, mais où étaient les mammas aux mains pleines de farine et les vauriens aux tignasses emmêlées auxquels je m’attendais? A la place, je découvrais une cité aux portes closes, dont les citoyens assiégés fixaient d’un air mauvais et rancunier – tout à fait compréhensible – les cohortes sans fin de visiteurs présents, y compris en hiver, semblables à des invités qui ne voudraient pas voir qu’il est l’heure de partir. »

David Nicholls, Nous, éd. Belfond, 2015, p.255-256 (trad. Valérie Bourgeois)

23 commentaires sur « O comme On a fait… »

  1. Des invités qui ne voudraient pas voir qu’il est l’heure de partir, chacun de nous en a rencontré et je trouve que c’est une belle image pour parler des sentiments de certains habitants de villes touristiques comme Prague ou Venise, qui n’ont pas envie de quitter leur ville mais qui ne s’y sentent vraiment plus chez eux.

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  2. Deux fois à Venise en hiver, logée sur l’ile du Lido, donc à prendre le vaporetto tous les matins et soirs avec les vénitiens. je n’ai jamais ressenti d’animosité. Ce doit être différent au printemps ou en été.

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    1. le narrateur aussi y est l’hiver, en février
      ma deuxième fois était la semaine du premier novembre, le temps était exécrable, froid et pluvieux et la dernière fois, c’était avec ma mère, en été, pour la Biennale
      jamais ressenti d’animosité non plus 😉

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  3. Le confinement a dû leur faire du bien
    Cette ville est trop attirante pour les touristes envahisseurs
    Mais c’est une jolie destination à qui sait rester respectueux et hors saison c’était l’idéal
    Bonne journée

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  4. J’en garde le souvenir d’une ville magnifique aux rues parcourues par des piétons et aux habitants agréables.
    L’absence de voitures y est sans doute pour beaucoup.
    A l’époque, les « HLM flottants » ne sabotaient encore ni la vue ni les fondations des bâtiments…

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  5. Animosité vénitienne ou arrogance anglo-saxonne ?
    Même grouillante de touristes, Venise reste une source inépuisable d’émerveillements et les Vénitiens ont la sagesse de tolérer les envahisseurs avec le sourire.

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    1. Outre la réputation pas toujours usurpée de pingrerie des Anglais (quelle idée d’emmener sa chérie à Venise et et penser au prix du café…), leur fréquente habitude de regarder les autres habitants du monde de haut en pensant qu’ils n’ont pas eu la chance de naître Anglais les fait regarder de travers, un peu comme les Français mal embouchés qui font des réflexions sur la mauvaise éducation des autres sans penser à la leur…

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      1. C’est étonnant, alors qu’il est de si bon ton de chanter le multiculturalisme, d’entendre encore tant de petites piques xénophobes. Trop minables pour donner lieu à procès. Mesquines comme ce problème d’addition 😉

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  6. Un tout autre « Nous » que chez Zamiatine, coïncidence !
    J’ai visité Venise un été et observé quelques serveurs visiblement excédés, mais c’est aussi l’effet que me font les foules, j’avoue.

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