Ils étaient dix.
Guido avait pris une chaise pour s’y installer à califourchon, comme il l’avait vu faire par son père et son grand-père, là-bas, au village.
Marcello était venu s’asseoir à terre, à côté de lui, les pieds dans la rigole.
Matteo et Alessandro l’avaient imité.
Dans ce pays où ils étaient arrivés après la guerre, on récurait même les trottoirs, leur pantalon du dimanche ne craignait rien.
Peu à peu, d’autres gars s’étaient joints à eux.
Tous avaient le même air tendu.
Ils ne se parlaient pas.
Ils attendaient.
Vêtus de propre, bien coiffés, bien rasés.
Ils arrivaient même en cette occasion à se passer de leur cigarette.
Ils scrutaient le bout de la rue, le carrefour d’où allait surgir l’autocar venu d’Italie, avec à son bord les jeunes épouses que certains, comme Guido, n’avaient plus vues depuis plus de deux ans.
***
Texte écrit pour la photo et la consigne de Filigrane, merci à elle!
J’ai connu cette époque d’échange de travailleurs contre du charbon. Avant, il y avait eu les réfugiés dont les titres de séjour portaient la mention « R. ital » : réfugié italien.
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Ah ça vient de là, ce R 🙂
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Dans leur cas, ce n’était pas D comme déménagement mais D comme déracinement.
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L’homme est un nomade, pourtant 😉
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On peut aussi devenir « homesick ».
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je comprends plus homesick comme être en mal de gens (qu’on aime) que d’un lieu
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Ce serait si bien de pouvoir vivre de son travail dans son pays
Quel drame le déracinement
Cette photo est touchante
Bonne journée Adrienne
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je n’ai pas rencontré de réfugiés (qu’on les appelle politiques ou économiques) pour qui le départ n’ait pas été un arrachement qu’ils auraient préféré éviter… (quoi que certains en pensent, surtout en période électorale)
merci, bonne journée!
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Très beau texte !
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merci 🙂
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Eh bien, les gars, ils allaient avoir du succès, peut-être et qui sait si… mais bon plaisir d’amour…
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mais il y a aussi ce chemin du cœur qui passe par l’estomac et la buona cucina italiana come a casa 😉
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Ils illustreraient difficilement la chanson « Gai comme un Italien quand il sait qu’il va avoir de l’amour et du vin.. » mais colle parfaitement à ton texte (ou vice-versa) 😉
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oui cet air tendu m’a fait penser qu’ils attendaient quelqu’un, quelque chose, de vraiment important, c’est un moment plein d’une attente grave 🙂
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C’est malin d’écrire des choses aussi belles ! Je vais avoir l’air de quoi, moi, là-bas, si j’écris une histoire de course cycliste ? 😉
Et en plus j’ai déjà oublié le titre du roman dont il faut parler ! 😉
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tu sais que je regarde les photos, si la consigne est une photo: il leur manque cet air joyeux de kermesse flamande, quand une course cycliste va passer 😉
merci pour l’appréciation! je suis sûre que tu nous feras quelque chose de très amusant!
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Ton texte est très beau.
Il me fait penser au film documentaire « Déjà s’envole la fleur maigre » de Paul Meyer, que tu connais peut-être.
https://www.avilafilm.be/fr/film/deja-senvole-la-fleur-maigre
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merci, non, je vais regarder ça tout de suite!
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