
C’est normal, si on y pense, que l’oncle Jozef se soit précisément installé à Pawtucket: la ville avait la même spécialité que celle d’où il venait, l’industrie textile.
Une ou deux fois par an, l’oncle Jozef envoyait une photo de lui à une de ses sœurs ou à un de ses frères et chaque fois on y voyait des choses incroyables!
C’est bien pour ça qu’il était le préféré de sa douzaine de neveux et de nièces, même s’ils ne l’avaient vu qu’une fois encore, juste avant la guerre.
Celle de 14, bien sûr.
Tous ils avaient dû attendre l’autre guerre, la suivante, et attendre d’être largement adultes, avant de voir de leurs propres yeux ce qu’ils avaient vu, enfants, sur une de ces photos: une moto à laquelle était attachée une sorte de barquette en métal brillant.
Et bien sûr, dans la barquette de la photo trônait l’oncle Jozef, en cravate, fumant le cigare, royal.
On ne comprenait pas tout, on ne savait même pas comment ça s’appelait, mais on comprenait l’essentiel: l’oncle avait si bien réussi ses affaires qu’il se faisait transporter au lieu de se fatiguer à marcher.
Et puis est arrivée cette photo-là.
Stupéfaction chez sa sœur Céleste.
Oserait-elle montrer ça à quelqu’un?
Jozef était-il devenu fou?
Avait-il vraiment ouvert une baraque de foire?
Et quelle sorte de baraque?
Personne dans la famille ne parlait ni ne comprenait un mot d’anglais. Mais aucun doute n’était possible: c’était bien lui, là, avec un chapeau et un nœud papillon, vendant des tickets à 10 centimes pour Dieu sait quelle sorte de spectacle!
– On ne va pas montrer ça aux enfants, a décidé Céleste après avoir consulté sa sœur aînée.
***
écrit pour l’Agenda ironique d’août – merci à l’Ornithorynque pour la photo et la consigne!
La part de vérité est ici et le reste est fiction 😉
Le papa d’une gamine qui était dans la classe de notre numéro trois la conduisait à l’école en side-car.
Il m’avait expliqué que comme ça sa fille pouvait faire « le singe » avant d’aller en classe.
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pourtant à pied ou sur la banquette arrière d’une voiture, on peut très bien faire le singe aussi 😉
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Dans les courses de side-car, le passager est dénommé « le singe » parce que tout au long de la course, il se déplace constamment pour permettre une meilleure tenue de route et augmenter la vitesse maximale dans les virages.
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ah d’accord 🙂
j’avais tout compris de travers!
donc l’oncle Jozef faisait le singe en Amérique 😉
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@ Dame Adrienne: ne vous tracassez pas, le jour où Dan, le papa, m’avait expliqué que sa fille faisait « le singe », je lui avais répondu que ce n’était pas gentil de traiter sa fille de singe.
@ Maitre Walrus: merci pour votre explication.
🙂
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avec Maître Walrus on apprend tous les jours 🙂
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Non, quand il ne s’agit que de se faire transporter, le passager reste sagement assis au fond de la chose…
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oui quand tu vois la photo de l’oncle dans le side-car, tu as du mal à l’imaginer « faisant le singe » 😉
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Ah, les oncles d’Amérique !
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ça rime avec excentrique 🙂
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L’expression « faire le singe » je l’ai beaucoup entendu chez moi 😉
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oui moi aussi, mon père le disait beaucoup, « arrête de faire le singe » et en néerlandais aussi, « de aap uithangen » 🙂
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Bonjour ! C’est passionnant ces histoires de famille ! Chez moi aussi on utilisait cette expression avec innocence devrais je dire. J’ai un jour demandé un peu sèchement à un enfant turbulent d’arrêter de faire le singe et j’ai vu son visage se decomposer.j’y ai vu de la sidération et de la tristesse. Il avait la peau noire. Je n’utiliserai jamais plus cette expression avec personne mais pour lui c’est trop tard. Bonne journée !
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ah je comprends! avec un enfant noir l’expression perd toute son innocence, vu les bruits de jungle quand un joueur de foot noir doit marquer un penalty et autres bananes qu’on lance sur le terrain..
merci, bonne journée!
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J’irais bien faire un « trip to Mars », dans la baraque foraine de la photo…
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je préfère que toi tu y ailles et que tu me racontes, je n’ai jamais été fan de ce genre de baraques à la kermesse 😉
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Ce n’est pas le moyen de locomotion qui m’attire
Je laisse la place du singe à qui veut:)
Bonne journée Adrienne
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moi non plus, on est trop près du sol, on doit inhaler tout ce qu’il y a de pire dans les environs 😉
merci, bonne journée!
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Ça commence comme ça et on se retrouve avec un Elon Musk ! 😉
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qui envoie des tweet avec des annonces de rachats just for fun, c’est aussi une forme d’attraction foraine 😉
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C’est une belle illustration de certains paragraphes de l’Eloge de la folie.
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Faudrait que je le lise…
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Mars en side-car … faut oser 😉
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alors qu’on pourrait « profiter d’une migration d’oiseaux sauvages » 😉
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L’oncle Jozef est un grand voyageur!
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Une fameuse aventure, oui, l’émigration économique…
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Ainsi, au pays de Marylin, l’oncle Jozef n’avait pas tout d’un roi .
Belle évocation d’un souvenir silencieux !
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Le side-car, c’est vrai, la baraque foraine, c’est fiction 😉
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« On n’a rien de moins que les Américains !
On aurait même plus en comptant qu’on est moins ! »
Sttellla, of curse !
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Oui oui, j’ai reconnu 🙂
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A chaque famille son Tonton Cristobal 😉
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Qui part, revient, repart, revient…
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J’aime bien ton Agenda Ironique. Il nous fait voy
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Oups, c’est parti trop vite. je voulais dire : j’aime bien ton AI il nous fait voyager en Amérique avec l’oncle Jozef.
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Merci !
Oui c’est obligé, avec cette photo 🙂
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Moi j’ai peur en moto, alors en side car, où je suis à ras du sol…même pas en rêve!!
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Je n’aurais pas trop confiance non plus !
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Les oncles excentriques, ça fait rêver…
Celui-là est passé de la « barquette » à la « fusée » de m »tal brillant…
Il ne manquait pas d’ambition!
Est-il redescendu sur terre ?
Voilà la vraie question… 🙂
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Hélas il est redescendu sur terre au pire moment, la guerre de 40 😉
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J’avais lu il y a longtemps sans trouver le temps de revenir commenter.
relu, j’aime toujours autant.
amitiés à l’oncle Jozef, rentré de Mars à la plus mauvaise date.
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Merci 🙂
Oui le pauvre, drôle d’idée d’avoir le mal du pays au moment où les bruits de guerre s’annoncent…
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J’aime toujours entrevoir le fin liseré par lequel tu tiens, ficelées l’une à l’autre, fiction et réalité, dans ce qui a l’aspect d’une chronique, mais s’avère être le produit d’une fertile imagination. Toujours fan, donc 😉
Je te place dans mon top 3, des A.I. de ce mois.
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merci pour cette fine lecture et merci pour le compliment 🙂
il ne me semble pas avoir vu ta participation?
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Je n’ai « retrouvé » l’A.I. que mercredi ap-midi… Je ne figure peut-être pas dans le listing des contributions (qui fut clos le 26). Mais l’Ornitho’ m’a signalé d’une façon ou d’une autre.
Voici, à toutes fins utiles, le lien vers mon texte…
Des bises !
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merci!
je suis « abonnée » aux billets de Carnets paresseux et à ceux de l’Ornithorynque, c’est Carnets qui nous tient toujours bien au courant des activités de l’AI 🙂
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