T comme Taalgrens

Frontière linguistique, taalgrens, c’est un mot que le père de l’Adrienne détestait: il ne voulait pas l’entendre. Il voulait en nier l’existence. Ou plutôt: continuer à croire que les francophones apprendraient le néerlandais et les Flamands le français.

A Bruxelles le week-end dernier, l’Adrienne a pu constater que cette frontière est bien réelle: lors de la visite du Parlement de la fédération Wallonie-Bruxelles, le groupe néerlandophone ne connaissait aucun nom de ceux donnés aux diverses salles du bâtiment.

Même le guide avait dû se renseigner pour savoir qui était Amélie Nothomb, qu’il appelait systématiquement Nathalie Nothomb (vous imaginez à quel point l’Adrienne a dû se retenir pour ne pas le corriger ;-)) et en entrant dans la salle Maurane il demande à la cantonade:

– Quelqu’un ici connaît Maurane?
– Oui, fait l’Adrienne.

Apparemment, il ne voulait pas la croire:

– Ah bon? et c’est quoi? un peintre?
– Une chanteuse.

Le type avait ses idées sur la frontière linguistique et culturelle et aurait aimé qu’elles soient entièrement partagées. Confirmées.

Que José van Dam soit inconnu, passons, mais Philippe Gelück et son Chat?

Puis le groupe arrive dans la salle Eddy Merckx, que tout le monde connaissait, évidemment.

Et là son réflexe territorial lui fait dire:

– Je ne sais vraiment pas pourquoi ils ont choisi Eddy Merckx: il est Flamand! Il y a tout de même aussi de grands sportifs wallons?
– Ben oui, a dit quelqu’un, Justine Hénin.

Bref, une journée du patrimoine fort instructive.

Il aurait été intéressant de faire l’exercice inverse et d’accompagner un groupe francophone en visite au parlement flamand.

Photos prises à Bruxelles aux Journées du Patrimoine le 17 septembre dernier.

33 commentaires sur « T comme Taalgrens »

  1. Oui moi aussi je connaissais Maurane …:) et également l’auteur cité que je n’apprécie pas trop.
    Cela m’a souvent insupporté lors de mon activité lorsque nous recevions au labo pharmaceutique des délégations étrangères
    Nous nous devions de converser en Anglais mais eux grandes pseudos pompes de la société ne parlaient pas la langue française et pourtant cette langue est parlée dans beaucoup de pays force est de l’avoir constaté au cours de mes voyages à l’étranger , hélas l’effort était toujours dans le même sens et bien moi avec mes 3 langues apprises je me débrouille un peu partout car avant tout c’est le savoir vivre de l’envie d’avoir envie quand on va vers l’autre …
    Bonne journée Adrienne
    Par contre hélas je ne parle pas ta langue mais je n’ai pas eu d’apriori lors de mes séjours
    🙂

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    1. Je ne parle que le français, je suis allée à l’école en Wallonie, dans l’enseignement professionnel parce que à l’époque comme fille ce serait ce qui me servirait le plus dans mon ménage comme on disait alors, je n’ai donc pas eu l’occasion d’apprendre les langues, ce n’est pas un manque de savoir-vivre, plus tard, je n’ai pas eu la possibilité ni le temps d’apprendre à parler une autre langue que la mienne
      Je peux comprendre des textes qui on trait au travail que j’ai eu en flamand et en anglais, dans un magasin je peux trouver ce que je cherche.
      J’ai travaillé avec des flamands, je leur ai demandé de m’apprendre le flamand ils m’ont répondu « tu sais jurer en flamand, tu ne dois rien savoir d’autre » c’était dans les années 60.
      Si je ne connais comme chanteur flamand que Will Tura et Selah Sue, je connais quelques chefs et groupes musicaux classiques flamands comme Jos Van Immerseel par exemple.

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      1. je pense que ‘savoir-vivre’ signifie respect, personne ne parle toutes les langues mais si l’autre fait l’effort de parler une langue qui lui est étrangère, au moins qu’on ne se moque pas de lui, comme j’ai pu le constater tant et tant de fois en France… avec comme plus bel exemple le champion cycliste flamand à qui on met un micro sous le nez, qui se débrouille comme il peut puis est moqué façon Coluche… dégoûtant! C’est une des raisons principales qui font qu’aujourd’hui ils préfèrent parler anglais.
        Et je pense que c’est dans ce sens-là que Golondrina emploie le mot ‘savoir-vivre’ elle aussi.

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      1. Mais ici, d’après votre compte-rendu, le guide qui n’avait pas assez d »enthousiasme pour bien faire le travail et ceux qui l’ont engagé auraient dû s’en apercevoir.

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      2. [ et moi, j’aurais dû voir le « qui » de trop et le mystérieux « d »enthousiasme »… ]
        J’aurais dû me souvenir que seuls ceux qui n’ont jamais péché peuvent lancer des pierres.
        😉

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      3. si, il faisait son travail avec enthousiasme, il avait fait des recherches pour savoir qui était Maurane, qui était Amélie Nothomb, José van Dam, etc et donc il supposait que personne en Flandre ne les connaissait, puisque lui ne les connaissait pas 😉

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    1. hier soir, pour ne pas entendre le raffut chez les voisins, j’ai mis la télé sur la RTBF et l’émission en direct de la Grand-Place de Bruxelles, et bien je ne connaissais quasiment aucune des vedettes, même Benjamin biolay, qui a selon Maureen 40 ans de carrière, je ne le connais que de nom 😉
      bon donc je sais que c’est un chanteur 😉

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    1. il n’y a rien de « prémédité » là-dedans, on parle une autre langue, les Wallons n’écoutent pas les chanteurs flamands, ils ne passent pas sur les chaînes francophones à moins d’avoir atteint une notoriété internationale, ce qui a été le cas inversement par exemple avec Stromae, que mes élèves connaissaient sans mon intervention, il était déjà planétaire avec son « Alors on danse »

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      1. Ici, c’est feu Arno, qu’on connaît.
        En français évidememnt.
        J’aimais beaucoup ce qu’il chantait.
        Bon, il n’avait pas la voix de Carlo Bergonzi, de Roberto Alagan ou Luciano Pavarotti… 😉
        Il était néanmoins très expressif.

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    1. Hélas comme je le craignais ils ne partiront sans doute pas!
      L’autre jour elle est venue me demander si elle pouvait utiliser mon téléphone (soi-disant elle était sans téléphone et sans internet, un mensonge vu qu’elle avait posté des trucs sur fb ce jour-là) et j’en ai profité pour lui dire « j’ai entendu que votre mari n’était pas d’accord pour quitter la maison et déménager » (il y a quelques semaines ils avaient eu une dispute violente sur le sujet) et elle m’a répondu que le problème était que celui qui habitait la maison où ils veulent aller ne veut pas la quitter…
      (mais bon, « elle ment comme elle respire », comme dirait ma mère ;-))

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  2. La langue fait couler beaucoup d’encre.
    Ici au Québec la seule province du Canada à 80% francophone se bat sans arrêt pour conserver sa langue. Difficile.
    Pour ce qui en est de la culture c’est aussi très difficile.
    Mais pour la politique, le sport impossible de ne pas connaître on est bombardé sur tous les réseaux sociaux.
    Et vos chers voisins qui collent quelle engeance!

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    1. c’est vrai, de ces deux choses-là on est bombardé, et d’anglais, bien sûr, mais de ça j’ai déjà parlé dans d’autres billets, par exemple à propos de l’anglicisation de l’enseignement supérieur.
      Mes chers voisins me dérangent le moins entre 13.00 h et le début de soirée, depuis qu’ils ont un abonnement netflix ils sont collés à leur écran pendant des HEURES, ça me fait juste un brouhaha, c’est tout à fait supportable 😉

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  3. Ah oui, on a un peu le même genre de clivage ici. La frontière linguistique est appelée ironiquement ‘barrière de rösti’ (les rösti sont des galettes de pommes de terre, spécialité emblématique du côté germanophone), barrière qui devient un fossé pour les Suisses alémaniques (Röstigraben) !
    Bref, on a parfois de la peine à le passer, ce fossé, nous autres Suisses francophones…

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  4. Eh bien, cette visite guidée aura été utile, bravo à ceux qui se sont inscrits pour découvrir ces lieux (que j’avoue n’avoir jamais visités) et à une visiteuse bilingue qui a sauvé l’honneur du groupe ;-).

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