Le 2 décembre approchait.
On allait fêter son anniversaire, même s’il préférait laisser passer cette journée comme les autres.
– Je n’ai besoin de rien, affirmait-il haut et fort chaque année avant de se replonger dans son journal.
Un beau paravent, ces grandes feuilles de papier qu’il prétendait lire d’un bout à l’autre.
– Tu vois bien que je lis, disait-il quand on lui adressait la parole, mais au moment même où on croyait ne pas être entendus, on constatait à une de ses petites remarques qu’il avait suivi toute la conversation.
Une sorte d’absence au monde, comme tentative de déjouer son épaisseur et son étrangeté, son côté purement absurde.
Naître, grandir, et devoir tout de suite affronter tous les malheurs possibles: un jour sans doute le « pourquoi » s’élève et tout commence dans cette lassitude teintée d’étonnement.
Plus de quatre-vingts ans que le temps le porte.
Ou plutôt que lui porte le temps.
Parfois, il parcourt la courbe de sa vie, la courbe du temps, et il est saisi par l’horreur de constater que le temps est son pire ennemi.
N’était-ce pas absurde, jour après jour, de souhaiter être à demain.
***
Merci à monsieur le Goût pour son 144e devoir.
Et merci à Albert Camus d’avoir écrit Le mythe de Sisyphe 🙂
Exact, pourquoi aspirons-nous si régulièrement à nous rapprocher de notre fin ? 😉
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nous avons inventé les agendas 😉
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Parce que plus on vit vieux plus on s’en rapproche alors que si on meurt jeune, on meurt loin de sa fin… 😉
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Mais demain, il ne pleuvra peut-être plus.
😉
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La pluie ne me dérange pas 😉
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Moi non plus.
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Le 2 décembre, c’est aussi l’anniversaire de Monsieur Brigou 😉
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je lui souhaite un beau week-end de fête!
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Le temps ? Mais nous sommes le temps. Agendas, calendriers, chronomètres ne sont que nos caricatures …
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nos tentatives de le régler, contrôler et mesurer 😉
ah ces humains, quelle espèce!
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Oui ! vivre l’instant présent plutôt que de le vivre en pensées, en rêves et en regrets, sur la fin de notre parcours !
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c’est le but! pas toujours atteint, mai un but quand même 🙂
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Relire Camus, toujours; chacun trouve, choisit (ou subit) sa façon d’affronter l’absurde de nos vies, éphémères.
Ce vieux monsieur me rappelle mon beau-père qui faisait semblant de lire, on le savait car souvent il tenait le livre à l’envers:-))
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il y a une photo de mon père, prise le matin de notre mariage, ma belle-famille est là, et mon père est assis près de la fenêtre à lire son journal 😉
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Et dire que lorsqu’on est enfant, on n’a envie que de grandir.
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on a hâte de pouvoir décider pour soi-même 😉
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Nous avons fêté dans la joie mes nonantièmes : me voilà désormais la doyenne familiale qui se laisse dorloter en revendiquant haut et fort sa « non-dépendance » !
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Bravo!!!
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Compliqué le rapport des gens à l’âge, j’ai une sœur qui n’a jamais voulu vieillir…
Il est certain qu’à partir d’un certain âge on ne doit plus vouloir compter, pour le moment ça va encore 😉
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je n’ai jamais fait mystère de mon âge, pas même en classe 😉
il me semble que chaque année est « gagnée » et c’est surtout à cause de certains décès trop précoces que j’en suis persuadée… fêtons chaque occasion qui se présente 😉
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Faire semblant de lire, la meilleure des façons d’écouter ou de surveiller les autres. Je le sais,
c’est ce que je fais au café 😉
Il me semble que notre pire ennemi, ce n’est pas le temps, mais nous-mêmes 😉
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certainement 🙂
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lorsqu’elle finissait un repas ma mère disait: un de plus…puis elle ajoutait ce n’est pas celui de plus qui m’emm..de! c’est celui de moins! Je ne comprenait pas ce qu’elle voulait dire … maintenant je sais !:)
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dans ma belle-famille on citait toujours une aïeule qui ne se refusait aucune gâterie sous prétexte qu’il existait des « morts subites »
(je hoort zo van die plotse doden, disait-elle)
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« N’était-ce pas absurde, jour après jour, de souhaiter être à demain » et pourtant demain n’arrive jamais et on oublie le carpe diem.
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c’est un exercice qu’il faut continuer à pratiquer, ce n’est pas toujours évident 😉
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Et pourtant on vit comme si on devait être éternel… A toujours prévoir ce qu’on a l’intention de faire sans se préoccuper de la fin de la route.
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on l’a un peu désappris avec le covid, puisque c’était devenu impossible de prévoir des activités, et c’était vraiment un gros manque!
prévoir, pour moi, c’est se réjouir à l’avance, « se préparer le cœur » comme dit le petit Prince 😉
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Ou, comme l’aurait dit Georges Clémenceau, « le meilleur moment de l’amour, c’est quand on monte l’escalier » 😉
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Cet homme est à plaindre 😉
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Ton texte me fait immanquablement penser au Nini!
Son anniversaire est aussi le 2 décembre et je le soupçonne d’avoir régulièrement utilisé son journal comme paravent. Mais comme il est passé à la version numérique de son quotidien, ça marche nettement moins bien avec la tablette!
😀
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plus difficile de se cacher mais l’argument « je suis en train de lire » reste valable 😉
(voilà une date qui me sera facile à retenir :-))
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Si, si, demain sera bien !
C’est Leonard Cohen qui l’a dit !
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C’est parce qu’il lui fallait cette syllabe de plus, sinon il chanterait qu’aujourd’hui est bien 😉
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