
C’est l’été de ses vingt ans et depuis le printemps déjà, Louis sent qu’il a changé.
Qu’il n’est plus un enfant.
Qu’il veut prendre ses propres décisions.
Mais le père est intransigeant.
Louis sait qu’il ne cèdera sur rien, ni sur ses prérogatives de chef de famille et de maître absolu de son exploitation agricole, ni sur les choix amoureux de son fils.
Parce que c’est ainsi que tout a commencé, à la fin de l’hiver: quand il a été question du meilleur endroit pour y semer le lin et quand il a vu sur lui le regard et le sourire de Schellebelle.
Le père serre les poings, serre la mâchoire, serre son lourd bâton, celui avec lequel il portera le coup fatal.
– Tout est de la faute de cette effrontée, rugit-il. Je t’interdis de t’approcher d’elle.
Louis obéit et attend son heure.
Même si ça lui crève le cœur de voir Schellebelle rire et bavarder avec les journaliers, ses semblables.
Alors il voudrait ne pas être le fils du maître et avoir le droit de batifoler, lui aussi.
Et avoir la certitude d’être aimé pour lui-même.
***
Merci à Monsieur le Goût pour son 146e devoir:
« La multiplicité des interprétations possible de cette toile de Léon Augustin Lhermitte m’a amusé. Elle devrait vous inspirer autant qu’elle m’a inspiré en la voyant. Même mieux encore j’espère. »
Le tableau m’a tout de suite fait penser à l’intrigue d’un roman de Stijn Streuvels, paru en 1907, De Vlaschaard (Le champ de lin).
Pour ceux que ça intéresse, il y a deux billets où j’ai traduit des extraits d’une autre œuvre de Streuvels: ici et ici.
Toujours les mêmes qui dorment et les mêmes qui travaillent ! 🙂
J’aimeJ’aime
Chez Streuvels, ça ne dort que le soir 😉
J’aimeJ’aime
Par ici, les pères tout puissants ont disparu depuis longtemps.
J’aimeJ’aime
ne croyez pas ça!
J’aimeJ’aime
Je voulais dire dans ma famille.
J’aimeJ’aime
ah! d’accord 🙂
J’aimeJ’aime
Tu rêves !
J’aimeJ’aime
tu as vu la précision apportée par Mme Chapeau à son premier commentaire?
je pense qu’on peut lui faire confiance 😉
J’aimeJ’aime
J’ai lu la mise au point de Mme Chapeau.
J’aimeJ’aime
L’amertume des amours contrariés ou impossibles !
J’aimeJ’aime
et sa propre place à trouver sous la férule d’un père imbu de ses pouvoirs 😉
J’aimeJ’aime
Même disparu un père tout puissant continue à peser de toute son influence. 😦
J’aimeJ’aime
oui bien sûr
J’aimeJ’aime
On dirait la description de mon beau père (père de mon ex mari).
Même en tant que maire, il disait qu’il n’avait pas besoin des conseillers municipaux.
Alors en tant que père et mari, on n’en parle même pas !
J’aimeJ’aime
oui je vois tout à fait 🙂
J’aimeJ’aime
Ne me dis pas qu’il a tué son fils avec son gourdin !
Mon père voulait bien me marier avec le paysan du coin, j’aurais été riche mais malheureuse comme les pierres 😦
J’aimeJ’aime
le père est un colérique imbu de pouvoir, il a frappé sans l’intention de tuer mais le résultat est le même…
J’aimeJ’aime
– On n’en finira donc jamais avec ces littérateurs d’un autre siècle qui nous montrent, de Proust à Zola et preuves à l’appui, que ça n’était pas mieux avant ?
Il faut être résolument moderne, comme disait Rimbaud (encore un !).
Ça me déprime, tiens ! Je m’en vais relire Alphonse Allais, lui au moins est drôle !
– Alphonse Allais ? 1854-1905, Joe Krapov !
😉
J’aimeJ’aime
on lit des horreurs pires de nos jours (enfin, pas moi ;-))
J’aimeJ’aime
Ah ça… Être aimé pour soi-même est surtout une éternelle question.
D’abord il faut savoir ce qu’est exactement « soi-même » n’est pas une mince affaire… 😉
Chouette devoir, merci Adrienne.
J’aimeJ’aime
il se demande si elle lui fait les yeux doux parce qu’il est l’héritier d’une grande ferme ou si c’est véritablement par amour pour lui 🙂
merci à toi!
J’aimeJ’aime
Oui, c’est une question grave la passation de pouvoir dans une famille paysanne. Grave et délicate. La connaissance et l’expérience ne vont pas toujours avec la sagesse et le respect. Bonne journée à toi.
J’aimeJ’aime
et puis les idées et les techniques qui évoluent… or le père a des idées bien arrêtées… et concernant ce champ de lin, c’est le fils qui avait raison, ce n’était pas là qu’il aurait fallu le semer (mais le père n’a rien voulu savoir etc)
merci, bonne soirée!
J’aimeJ’aime
Deux solutions envisageables mais téméraires : fuir !… Ou tuer le père !…
J’aimeJ’aime
tiens! pour quelqu’un qui méprise notre Amélie 😉
J’aimeJ’aime
C’est tout un univers que je ne connais pas, mais à te lire, je ne le regrette guère… 😉
J’aimeJ’aime
même ma grand-mère ne l’a pas connu, le livre date de 1907!
J’aimeJ’aime
Avec un gourdin? Il n’y a pas ete de main morte ! Fichtre! Pauvre garçon !
J’aimeJ’aime
avec un bâton, plus le modèle « canne » que le modèle « gourdin » auquel pensait Praline 🙂
J’aimeJ’aime
Ah la saine vie à la campagne, les rudes travaux des champs, la communion avec la nature …😇 Et puis le temps qui ne fait rien à l’affaire …
J’aimeJ’aime
Virgile déjà se gourait complètement 😉
J’aimeJ’aime
Ah, ce pauvre Tityre 😉
J’aimeAimé par 1 personne
arrête les réminiscences, me voilà partie à psalmodier toute la journée 😉
J’aimeJ’aime
J’aimeJ’aime
J’espère que les fils de révoltent sinon la vie serait trop triste.
J’aimeJ’aime