L comme Lumpen

Nos gares sont de splendides monuments, les plus anciennes ont des airs de cathédrales romanes, les plus récentes semblent des fuselages aéronautiques, toutes sont des lieux de passage, on s’y quitte on s’y retrouve on s’y presse on s’y dépêche.

Mais dans les recoins, là où vous n’allez pas, là où vous ne regardez pas, il y a ceux qui ne vont nulle part.

Ils s’y sont installé un carton, une couverture, un sac fourre-tout.
Ils font les poubelles.
Ils marchandent avec les dames pipi.

Ils sont le désespoir assis sur un banc.

Ils sont les Lumpen.

***

Écrit pour Bricabook 422, qui a arrêté trop longtemps ses activités et qu’on remercie d’avoir repris 🙂

37 commentaires sur « L comme Lumpen »

  1. Très bel hommage à ces désespérés, toujours aussi nombreux dans nos pays pourtant dits civilisés.
    Merci pour votre texte et le lien vers le poème de Prévert que je ne connaissais pas.

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  2. Beaucoup d’empathie dans ce texte pour ceux qui ne trouvent pas leur place dans notre société, ceux qui restent à quai quand d’autres montent dans le train de l’insertion.

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      1. Coucou, espérons que ce temps ne vienne jamais pour une majorité de personnes… la grande précarité, le chômage sont une réalité…
        Merci Photonanie !

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  3. Coucou tout le monde,
    Ce texte est très émouvant, j’ai relu ces vers du cœur de Jacques Prévert avec émotion,
    Peu de personnes les regardent, un sourire, un bonjour, un doux regard, un mot de réconfort, une baguette de pain, une pièce sont si peu mais offrande(s) pour les sans-abris nos frères et sœurs,

    MERCI Adrienne ! Ce mot de Lumpen résonne en nous… face à la grande pauvreté qui touche de plus en plus de monde, notamment des enfants, pourtant ils restent dignes… face à l’indifférence,

    Merci d’avoir communiqué ces liens, j’ai découvert cette magnifique photo et son autrice, amicalement à toutes et tous,

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  4. Dans un autre poème de Prévert (La grasse matinée):

    « Il est terrible
    le petit bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir d’étain
    il est terrible ce bruit
    quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim »

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  5. Ton texte m’a tiré une larme… peut-être davantage. Il me ramène à un souvenir. Je marchais à Paris avec ma fille qui n’avait que 5 ans. C’était en novembre, il venait de pleuvoir. Je regardais droit devant moi. Son regard musardait. Elle s’est arrêtée
    – Maman, c’est normal que le monsieur sans chaussures soit couché dans les flaques.
    Ma première réponse a été « Oui, c’est normal, ne t’inquiète pas ».

    Je ne connaissais pas le texte de Prévert. J’aurais aimé l’avoir en tête ce jour-là.

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