Stupeur et tremblements

Vendredi dernier, Madame avait invité Berthe chez elle pour lui demander conseil à propos des enfants qu’elle aide.

Berthe a l’expertise de presque quarante ans de carrière comme institutrice maternelle et elle a élevé deux fils.

Mais ce qui la préoccupe le plus aujourd’hui, c’est le problème d’être une fille – elle a deux petits-enfants, un garçon et une fille: dans le contexte actuel d’hypersexualisation – surtout des filles, et ce dès leur plus jeune âge – elle constate partout, dans tous les domaines, les diverses pressions exercées sur les filles, principalement au travers des médias « sociaux ».

Et ça l’inquiète beaucoup.

Coup de hasard (ou pas ;-)) à peine Berthe est-elle sortie de chez Madame que celle-ci découvre le tableau pour le 150e devoir de Monsieur le Goût.

Une belle visiteuse a déposé chapeau et manteau sur un fauteuil et a ouvert sa robe, qu’elle a laissé tomber jusqu’à mi-cuisse – défiant toutes les lois de la gravité – pour se montrer nue dans une pose lascive.

Devant un miroir: sans doute n’en a-t-elle pas chez elle et voulait-elle vérifier son épilation.

Tout ça est tout à fait normal, n’est-ce pas, qui n’a jamais fait ce coup-là en visite chez des gens, et en prévision – parce que c’était clairement prémédité – elle ne s’est encombrée d’aucun de ces nombreux dessous que les femmes portaient à l’époque. Pas même de bas 😉

Puis tout à coup Madame se souvient que le fils aîné de Berthe, quand il était son élève et que la classe avait été priée de choisir une œuvre d’art pour en parler au cours de FLE, avait montré l’Origine du monde.

39 commentaires sur « Stupeur et tremblements »

  1. C’est le lot des parents de se tracasser pour leurs enfants.
    Quant au fils aîné de Berthe, il devait être un peu casse-cou pour avoir osé ce choix devant vous et ses condisciples féminines.
    😉

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  2. Même si Courbet n’avait probablement pas pensé à ça en peignant « L’origine du monde », il n’est pas inutile de rappeler aux garçons d’où ils viennent .
    Quoi qu’ils en pensent et quoi qu’ils pensent des femmes…
    J’aime bien cette façon de faire le devoir.

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  3. S’il y a bien un domaine où le féminisme a échoué jusqu’à présent, c’est dans la lutte contre cette utilisation de la « femme objet » dans la publicité – que nous dénoncions dans les années 70 dans les revues féministes. Aujourd’hui, « l’homme objet » y est aussi de plus en plus présent, mais dans une moindre mesure, il me semble.
    L’exploitation commerciale n’a guère de frein. Même si certains fixent des règles de déontologie publicitaire, on se demande combien de plaintes sont déposées et avec quel suivi.
    https://www.arpp.org/nous-consulter/regles/regles-de-deontologie/enfant/
    En Belgique, le Jury d’éthique publicitaire est un organe « d’autodiscipline », les entreprises sont juge et partie, on a compris ce qu’on pouvait en attendre.

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      1. Dis toi que si les enfants viennent de là, c’est qu’au départ, ce n’est pas à leur maman ou leur papa que pensent ni les femmes ni les hommes.
        La nature est ainsi faite sinon les vivants naîtraient asexués.
        Si dame nature a fini par opter, après nombre de tentatives, pour la reproduction sexuée, c’est parce qu’elle a fait la preuve de son efficacité et surtout pour améliorer la diversité génétique des espèces, faute de quoi celles-ci s’étiolent et disparaissent.
        Il est probable que ça entraîne des inconvénients chez certaines espèces qui omettent des points importants dans l’éducation des rejetons, notamment l’espèce humaine.
        Je dois avouer honnêtement que quand HB et moi nous nous sommes liés délibérément, je n’ai pas pensé à ma mère et elle n’a pas pensé à son père.
        Mais ça n’a jamais empêché le respect mutuel et l’égalité de droits à la maison.
        Même si de fait, j’ai été un père et un mari absent assez souvent (c’est probablement ce qui fait que nous sommes ensemble depuis 52 ans maintenant, l’avantage des séparations… 🙂 )

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    1. à Tania: c’est vrai qu’une évolution « égalitaire » vers un homme-objet n’est pas un progrès 😉
      (désolée pour la réaction tardive, j’étais sûre de t’avoir répondu, je me suis emmêlée les pinceaux dans mes réactions)

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  4. Ton cheminement est superbement bien amené !
    La chute me fait penser à mon aîné qui avait choisi de chanter « Le Gorille » de Georges Brassens en 6ème, il s’était fait rabroué par son professeur.

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  5. Coucou Adrienne, dans ce … Ô … STUPEUR ET TREMBLEMENTS, j’imagine bien la scène entre Berthe et Madame et surtout ce que vous voulez faire passer dans ce message … certes, je l’ai vite oublié cela … en visualisant cette toile proposée par M. le goût … et voici que coulent pour l’un(e), pour l’autre … un texte différent … quelque peu érotique ou bien plus raisonnable !
    Mais où commence, où s’arrête la raison ? bref, s’écarter de temps en temps du droit chemin fait beaucoup de bien … certes à ne pas faire lire aux petits-enfants … couac ! quoique, je ne [me] réprimande pas davantage sur le sujet !

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  6. La petite vidéo produite par la branche canadienne de la Young Women Christian Association, fait quand même fort « américain ». Mais bien sûr, le problème n’est pas là. Je crains qu’en dehors de l’utilisation de ces modèles outranciers par la publicité, la question se situe au niveau de l’éducation à une époque où beaucoup de parents ont tendance à se décharger de ce devoir éducatif sur les institutions d’enseignement (sans doute trompés par le passage de l’instruction à l’éducation dans le titre de ces organismes) plutôt de mettre eux-mêmes « les mains dans le cambouis ».

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    1. beaucoup de mères sont les premières à faire de leurs filles des poupées barbie et de leurs fils des « vrais petits mecs » (je vois des tas de photos où le bébé d’à peine 18 mois est appelé « stoer » :-))

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      1. Ravi de lire d’une femme ce qui m’a fait regarder de travers par nombre de femmes.
        Je me suis carrément fait lyncher quand j’ai écrit « on oublie un peu trop que les garçons sont aussi élevés par leur mère et que tant qu’elles diront fièrement « rentrez vos poules je lâche mon coq » il n’y aura aucun progrès dans l’églité des droits et le respct mutuel entre les filles et les garçons ».
        On m’a évidemment jeté à la figure « Ouaiiis… Encore les femmes coupaaaables » sans y regarder plus loin que son militantisme. 😉

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  7. Riche débat, j’aime beaucoup les débats. Bravo au Goût que je perçois comme quelqu’un qui n’est pas machiste ni sexiste, mais plutôt respectueux de l’homme comme de la femme, d’avoir permis ceci et à toi Adrienne d’avoir contribué à l’enrichir.
    Je pense quant à moi, que tant que nous n’éduquerons pas mieux nos enfants quel que soit leur sexe, nous serons confronté à ces problème. Nous sommes tous différents, mais la différence ne doit pas être synonyme d’inégalité ni d’injustice.
    bonne journée à vous.

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    1. Absolument!
      Chaque année avec mes 17 ans avant d’entamer le sujet « les filles/les garçons » je faisais le même sondage et il donnait chaque année le même résultat. De nombreuses filles voyaient des tas d’avantages à être un garçon (celles qui étaient contentes d’être filles l’étaient surtout pour des motifs futiles concernant beauté-coiffure-maquillage ;-)))) et aucun garçon ne voyait du positif à la situation des filles (« moins libres que nous », « on est plus exigeants envers elles » etc etc)

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  8. Hypersexualisation… et dans le même temps obscurantisme et pruderie.
    Les jeunes naviguent dans des eaux troubles et des courants contraires pas faciles !
    Si on rajoute la peur du contact généré par l’épisode covid, ça va devenir compliqué d’avoir une sexualité « normale »…
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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    1. je suppose que chaque génération a dû (et devra) se débrouiller avec les moyens du moment et les difficultés du moment, ma tante m’a raconté qu’à 16-17 ans elle était si ignorante qu’elle avait cru ce que sa mère lui avait dit: si tu embrasses un garçon, tu peux tomber enceinte!

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  9. Je comprends et partage la préoccupation de Berthe!
    Un exemple tout simple chez mes élèves de 3 – 4 ans : les petites filles sont parfois coincées dans des vêtements serrés, peu confortables, parce que soit disant plus jolis ou plus ‘féminins’ !

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  10. Tes élèves ont eu la chance de dialoguer avec toi, librement, sainement. A l’école on ne parlait pas de sexualité, pas plus qu’à la maison !
    « L’origine du Monde » n’est pas pornographique mais vraiment pas élégant ni glamour ! 😀

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