X c’est l’inconnu

La ville avait décidé que le centre historique deviendrait piétonnier mais le soir l’endroit était bien mort, bien désert: sans commerces, sans cafés ni restaurants, sans touristes.

L’unique passant s’effrayait du bruit de ses propres pas sur les pavés et de leur écho le long des hauts murs de pierre.

Les gens restaient tous derrière leurs volets clos dès que la nuit tombait.
Clos et silencieux.

Il n’y avait qu’une seule exception: une belle demeure ancienne, du côté de l’église gothique, était toujours richement éclairée et par ses volets ouverts, toute une partie de la rue s’en trouvait illuminée.

Marie y passait chaque soir et s’y arrêtait un moment.
On pouvait généralement entendre de la musique: du piano, du violoncelle, parfois accompagnés d’un violon.

Comme ça provenait de l’étage, il était impossible de voir qui jouait.

Elle aurait bien aimé savoir.

Elle attendait un moment mais jamais elle n’a pu apercevoir une silhouette ni distinguer le son d’une voix masculine ou féminine.

Puis un jour ces volets-là aussi sont restés fermés et la maison silencieuse.

***

Photo de Fred Hedin pour l’atelier 424 de Bricabook et un zeugme final pas franchement réussi mais que je laisse quand même 😉

***

Pour ceux qui préfèrent un autre style de chute, on pourrait imaginer ceci:

Puis un jour ces volets-là aussi sont restés fermés et ne laissaient plus filtrer que la faible lueur de deux ou trois bougies.

– Tiens, s’est dit Marie, ils ont subi le choc de la facture d’électricité!

(avouez que celle-ci s’imposait :-))

43 commentaires sur « X c’est l’inconnu »

  1. A propos de la crise énergétique, de nombreuses communes wallonnes ont décidé d’éteindre l’éclairage public entre minuit et 5 heures du matin.
    Certaines ont déjà fait marche arrière. Trop de cambriolages en serait la raison. Les humains ont peur du noir et des voleurs.

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      1. J’ai entendu Paul Badura-Skoda à la salle Gaveau il y a plus d’une vingtaine d’années.
        Il a donné un concert d’oeuvres de Beethoven sans aucune partition.
        Tout par « coeur » !
        Bien sûr il lui est arrivé « d’en mettre à côté » mais ça passait très bien.

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    1. oui pour moi aussi c’est la première, l’autre est juste un clin d’oeil, par les temps qui courent, les flots de lumière et les fenêtres ouvertes en plein hiver, ça se remarque 😉
      (maintenant quand on va à un spectacle, on nous prévient de prendre une petite laine ;-))

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    1. je n’ai pas peur de me promener seule dans les rues la nuit (ou je fais semblant de ne pas avoir peur ;-)) mais quand j’étais petite, c’était toujours moi qu’on envoyait chercher un truc à la cave, eau, lait, confiture, pommes de terre… et ça, ça me faisait peur! Trois portes à ouvrir à tâtons, des interrupteurs à trouver… ahlala 😉

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      1. oui chanter, j’ai essayé ce truc aussi 😉
        ou je prévenais le voleur d’enfants tapi derrière la dernière porte: « je suis lààà! c’est moââââ »
        😉

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  2. Tout cela a un côté Paul et André Delvaux et René Magritte qui me plait bien, comme les deux versions, du reste.

    Ne me remerciez pas -sauf si c’est de l’ironie -, je ne suis pas certain que « jujube » soit un cadeau (déjà, de mon côté, il va falloir que je relise ou revoie « Belphégor » !) ! 😉

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    1. tu demandes, tu reçois, et tu trouves que ce n’est pas un cadeau! belle illustration d’une fameuse petite phrase de ma mère « l’homme content meurt » (je ne l’ai jamais bien comprise, d’ailleurs, donc c’est OK de faire le bougon, reste en vie ;-))

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  3. J’ai entendu Paul Badura-Skoda à la salle Gaveau il y a plus d’une cinquantaine d’années.
    Il a donné un concert d’oeuvres de Beethoven sans aucune partition.
    Tout par « coeur » !
    Bien sûr il lui est arrivé « d’en mettre à côté » mais ça passait très bien.
    Et merci de me donner (encore !) le sujet de ma note de demain. 😉

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  4. Ton texte me fait penser à toutes les jolies petites villes de province qui se meurent peu à peu. Dans ton texte les volets se ferment la nuit mais dans beaucoup d’autres c’est aussi le cas en plein jour. Comme beaucoup je préfère la première chute qui laisse davantage la place à l’imagination, au rêve et à l’espoir.

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  5. Là aussi, texte très intéressant … mais je me répète … je vais choisir un autre adjectif : « attachant » car l’Adrienne au pied, que dis-je… au cœur de l’écoute musicale et du rêve …
    ah, si l’Adrienne avait pu passer entre les murs comme Dutilleul du Passe-muraille… nous aurions su !
    … mais là n’est pas la question, ni la réponse d’ailleurs ! Laissons-nous plutôt porter par l’histoire … dont les 2 chutes tombent bien comme le silence après les sons du piano, du violoncelle, d’un violon …ou l’obscurité après la lumière …
    L’imagination n’a pas de limite ! vite, la suite demain !

    Félicitations à l’inspirant Fred Hedin de l’atelier 424 de Bricabook ! quant au zeugme,
    ze…ze… m’en suis pris plein les mirettes et du retard pour tout l’après-midi !

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