C comme cigarette

Quand on ne la voit pas, on sait où on va la trouver: dehors, en train de fumer.

Mille fois elle a dit qu’elle arrêterait, jamais elle ne l’a vraiment essayé.

Pourtant, malgré son jeune âge, les avertissements ne manquent pas.
Des problèmes de voix.
Une toux incessante.
Des bronchites chaque hiver.
Et là, à même pas quarante ans – ça va la faire entrer dans de tristes statistiques – son médecin lui a décelé un emphysème pulmonaire.

– Il m’a fait drôlement peur! raconte-t-elle le lendemain au bureau. Là, maintenant, c’est sûr, faut que j’arrête! Il me l’a bien expliqué!

Les collègues l’entourent, l’encouragent, la motivent…
Rien n’y fait.
Elle ne tient pas trois jours.

– Ce n’était plus possible, dit-elle le lundi suivant. Avec mon copain, on se disputait tout le temps! Alors on s’est remis à fumer.

Et bien sûr il se trouve toujours quelqu’un, même à cette petite minute où par bonheur elle n’y pense pas, qui lui fait un signe convenu pour l’entraîner dehors.

– M’enfin! dit l’Adrienne, que ça choque beaucoup, tous ceux qui te demandent de sortir fumer avec eux, ils savent! Ils savent, pour ton emphysème! Pourquoi ils t’incitent à fumer!?

Alors elle répond:

– C’est qu’entre nous, entre fumeurs, dehors, on a les meilleures conversations.

***

Photo de Fred Hedin et consigne 425 de Bricabook, que je remercie.

40 commentaires sur « C comme cigarette »

  1. Meilleures conversations, comme autour d’un verre d’alcool…
    Souvent chez moi les meilleures conversations, les plus grand rires, les confidences, se passent à la cuisine, à peler ou touiller ensemble. Une addiction culinaire?

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    1. pour moi aussi, j’en ai déjà parlé, d’ailleurs, des grandes réunions familiales dans ma belle-famille 🙂
      les meilleures causettes étaient à la cuisine, en effet, à faire la vaisselle, et à table c’était une tabagie!

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    1. ah l’agenda ce sera pour la rubrique du 7, puisque 7 jours 😉
      mais pas de légumes râpés, j’ai donné ma râpe lors de mon déménagement, mes tiroirs de cuisine sont trop petits pour son format carré 😉

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  2. C’est tristement vrai, on a tous connu quelqu’un comme ça je pense.
    Quel bonheur de pouvoir aller au restaurant ou dans un café sans sortir avec les vêtements qui puent 😉
    Bonne fin de journée.

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  3. C’est vrai que souvent les conversations les plus intéressantes dans les soirées se font en off. Et pas besoin de fumer pour s’offrir une « échappée » loin des autres …

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  4. Je n’ ai jamais fumé mais je vois bien à quel point ceux qui fument autour de moi apprécient ce moment éphémère qui malheureusement laisse des traces qui elles ne s’effacent pas. Voir mon jeune fils fumer autant me rend malade….

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  5. Lorsque je vois combien il est difficile d’arrêter de fumer, je me réjouis davantage d’avoir été épargnée par cette « mode » de ma jeunesse où les femmes « libérées » fumaient comme les hommes…
    Vers 15 ans, j’ai essayé bien sûr… mais je n’aimais pas !
    Je n’ai ainsi pas eu à faire l’effort incommensurable d’essyer de cesser de fumer !

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    1. on a trop longtemps cru (et fait croire) que ce n’était pas nocif… et la collègue qui le voyait comme instrument de convivialité a dû voir trop de pub dans son enfance, « een Belga rook je nooit alleen » disait le slogan d’un de nos fabricants de cigarettes, « tu ne la fumes jamais seul »

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