P comme pieux

L’Adrienne était en route pour Ostende quand les premières notes se sont fait entendre.

« Petite fleur » a-t-elle murmuré.

C’est là qu’elle a entièrement compris pourquoi Marguerite Yourcenar a donné comme titre au premier tome de son œuvre autobiographique, celui où elle évoque son côté belge, maternel, « Souvenirs pieux« .

Il y a une forme de piété à perpétuer le souvenir d’un défunt.

« Petite fleur« , c’est un souvenir très ancien, qui avait fort frappé mini-Adrienne vers ses huit ans: il y avait quelque chose de particulier dans le ton et la voix de son père, lui semblait-il, quand dès les premières notes il disait « Petite fleur« .

Elle en avait conclu que c’était une musique importante pour lui et avait fait de son mieux pour être capable elle aussi de la reconnaître dès les premières notes.

32 commentaires sur « P comme pieux »

  1. Petite fleur, c’est un morceau qu’on reconnait assez facilement. Il a été diffusé abondamment et il y a la sonorité très particulière du saxo soprano, un instrument peu répandu et puis, c’est Bechet. Moi j’ai ça aussi avec Ella Fitzgerald : à peine ouvre-t-elle la bouche que je sais que c’est Elle ! 😉

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  2. Vous auriez donc eu une épiphanie sur la route d’Ostende.
    [ contrairement au mot ordalie, j’aime utiliser le mot épiphanie et ce n’est pas un souvenir pieux, c’est un souvenir d’une lecture en anglais 🙂 ]

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    1. oui on emploie plus ce mot dans le monde anglo-saxon qu’en français 😉
      en néerlandais on dit « een openbaring » mais ici ce n’est pas le cas, c’est juste reconnaître un morceau de musique, lié à des souvenirs 🙂

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      1. En fait, je parlais d’ entièrement comprendre pourquoi Marguerite Yourcenar avait choisi « Souvenirs pieux » comme titre pour le premier tome de son œuvre autobiographique.

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  3. Je connais bien ce sentiment, qui naît dès les premières notes d’une musique qui nous parle. Une impression de plonger dans ses racines, comme Alice qui dégringole dans son trou d’arbre.
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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  4. Ah, très beau ce morceau que j’ai souvent entendu. La petite fille était une petite fleur elle aussi. Que de souvenirs pour toi… La musique aide, souvent, à transmettre l’amour !

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    1. je suppose qu’on s’efforce d’aimer ce qu’aime le père, quand on est une petite fille, mais pour le jazz ça n’a pas trop bien marché, ce n’est pas mon genre de musique préféré 😉

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  5. Ah ça, c’est un beau sujet d’atelier d’écriture ! « Quelle chanson est importante pour vous ? » ou « Quelle musique est importante pour vous ? ». Ou, encore plus « thérapeutique » et « autofiction ou biographie », « quelles chansons étaient importantes pour vos parents ? ».

    Pour botter en touche, il n’y a guère de moyen excepté la réponse « Aucune, j’ai grandi à l’époque des yéyés ! » 😉

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  6. Je ne connaissais pas le nom de ce célèbre morceau, oui, il suffit de quelques notes pour les airs qu’on aime.
    Maman était au bord de la confidence un jour où nous reconnaissions ensemble le début d’une musique qu’elle aimait… mais elle ne m’a finalement jamais dit pourquoi. A présent je le reconnais seule et je pense à elle, c’est bien.

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  7. Quelle MERVEILLE ! On se laisse littéralement porter, transporter cette musique et ses accords voluptueux… que de beaux souvenirs cela réveille ! Merci chère Adrienne !

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  8. J’ai vu et entendu Bechet au théâtre de Mons dans les années 50 il jouait avec Albert Langue et les dixies stompers, j’avais aimé, mais je préférais les oignons c’était plus vif

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