V comme vitres

Vitrine de boulangerie, de magasin de mode ou de café-brasserie, il faut bien les choisir, sous peine de voir sortir un gérant furibard ou même – oui, c’était arrivé – que quelqu’un appelle la police.

Pourtant Amir a besoin de temps en temps de vérifier à quoi il ressemble.

Quel mal fait-il, en se regardant dans la vitre-miroir d’un magasin?

– Là je ne risque rien, se dit-il, on ne va tout de même pas croire que je veux piquer un vieux téléphone?

Il se rapproche, s’examine la barbe, sent sa propre odeur corporelle… et il espère que ce soir-là il aura enfin l’occasion de prendre une douche.

Vitre sale et rideaux toujours fermés, c’était doublement un crime contre la transparence obligatoire.

Oui, on a des rideaux, mais on les laisse ouverts, même quand la nuit est tombée et la maison éclairée de l’intérieur.
Le grand principe, c’est: « Nous n’avons rien à cacher »

Si en plus on laisse s’installer la poussière…

Non, il faut agir!
C’est une question de moralité publique!

Ainsi fut dit, ainsi fut fait: on n’eut aucun mal à trouver des volontaires.

***

La première photo est celle du jeu 431 de Bricabook, la seconde vient de cet article de LLB ici.

Merci à Joe Krapov pour sa consigne du 14 mars inspirée des Contes glacés de Jacques Sternberg

28 commentaires sur « V comme vitres »

    1. je l’ai appelé Amir comme le petit garçon de dix ans qui a passé les deux dernières années dans un camp de réfugiés (il n’y a pas été scolarisé, pour ne parler que de ça) et maintenant en Belgique à l’école en néerlandais, il doit tout apprendre en même temps (j’imagine les traumatismes…)
      merci et bonne journée!

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    2. Les réfugiés afghans à qui la Belgique refuse l’asile ne peuvent être renvoyés chez eux car notre pays ne reconnait pas régime taliban.

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      1. nos gouvernements successifs, de quelque bord qu’ils soient, ne savent pas quoi inventer pour « décourager » et refuser/refouler, je n’ai pas encore pardonné comment l’ami George en a souffert.
        Bref.

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  1. Il ne fait pas bon s’appeler Amir dans certains pays d’Europe… D’ailleurs, la liste des pays dont les habitants sont autorisés à se regarder dans les vitrines est affichée au poste de police, alors, il suffit de s’informer 🙂

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  2. Ce n’est pas parce qu’on n’a rien à cacher qu’il faut tout montrer.
    Ce genre « Regardez comme je suis bien ! Propre et tout ! Quasiment parfait ! » m’agace.
    Un monde de bandits est sûrement
    désagréable et risqué mais un monde de saints est parfaitement ch…

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  3. J’en peux plus de ce monde ! c’st quoi vivre ? Heureusement qu’en se regardant dans une vitrine, on ne voit pas l’intérieur de ceux qui sont dedans, sinon on saute par la fenêtre ! Je suis quand même surprise que la police s’interesse à ce genre de délit !
    Quant à la deuxième partie de ton post, si les politiques étaient aussi transparent que les vitrine, ce serait cool ! Bonne journée Adrienne.

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  4. Pour laisser entrer la lumière, rien ne vaut des vitrages sans rideau !
    Très beau texte chère Adrienne ! Merci à vous d’avoir parlé d’Amir ainsi que Jacques Sternberg dont citation :

    « Le temps n’est pas seulement le seul véritable ennemi de l’homme, c’est également et surtout son ennemi le plus sournois, le plus lâche. Et, bien sûr, le seul que l’on n’ait pas la moindre chance de vaincre ». (Vivre en survivant),
    … il m’en manque de ce temps si précieux…

    Bises dominicales.

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