Herr Gottlieb Biedermaier, par ce beau dimanche de la mi-juillet, dit à son palefrenier:
– Retourne à la maison sans nous attendre, nous rentrerons à pied après la messe, la promenade nous fera du bien!
Frau Biedermaier n’avait pas eu le temps de protester que ni elle ni les enfants n’avaient les chaussures adéquates, la carriole était déjà partie.
Évidemment, la grand-messe avait duré plus longtemps que d’habitude, Fräulein Baumann n’en finissait pas à l’harmonium et quand ils sont sortis sur le parvis, il n’était pas loin de midi, le soleil tapait dur, le temps virait à l’orage.
– En route! dit Herr Biedermaier en prenant la main de la cadette, et il partit, le ventre en avant.
Il dut se rendre à l’évidence, lui non plus n’était pas équipé pour la promenade au soleil, et après avoir ôté la veste, déboutonné le gilet et dégrafé le col, il suait encore à grosses gouttes.
Derrière lui, digne et droite, son épouse ne pipait mot. Jamais devant les enfants, n’est-ce pas, mais il savait qu’il l’entendrait, le moment venu.
La petite avait soif. La grande aurait bien cueilli encore quelques fleurs, mais on l’avait obligée à bien tenir son parasol devant son visage. La belle-sœur claudiquait.
Le seul qui s’amusait était le jeune Werther, qui avait emporté son filet à papillons malgré l’interdiction.
– Il ira loin, celui-là, avait déclaré le père.
Il ne croyait pas si bien dire.
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Merci à Monsieur le Goût pour ce 156e devoir et merci à Passiflore pour son défi du 20, le thème du jour – « à la campagne » – s’accordait parfaitement au tableau proposé par Monsieur le Goût, Der Sonntagsspaziergang, ou Promenade dominicale, 1841, de Carl Spitzweg.
Vous l’entendez dire « Vous me connaissez mal, la même ardeur me brûle et le désir s’accroît quand les fesses reculent » alors en toute logique vous êtes ahurie et vous vous demandez s’il le fait exprès ou si vraiment il ne se rend pas compte de ce qu’il profère.
Vous le trouvez lourd. Relou.
– Faudra m’expliquer, demande Madame aux filles de la classe, vous dites que vous détestez les « macho » mais vous voulez « un mec bien viril »?
Les filles accordent qu’en effet, c’est un peu contradictoire. Leur mec perso peut être un tout petit peu macho quand même. Mais pas les autres.
Les garçons ricanent.
Les garçons disent qu’ils sont convaincus de l’égalité des sexes. Enfin, une certaine égalité. Il y a des limites.
– Il y a des choses, disent-ils, qui ne sont pas pour les filles.
Ils n’aimeraient pas non plus que leur chef soit une femme. Ou que leur femme gagne plus qu’eux.
Les filles ricanent.
Prendre toute la lumière? Laisser l’autre dans l’ombre? Lui faire de l’ombre?
L’égalité des sexes ne peut se concevoir que sans rapport de force, puisque « c’est ne pas régner qu’être deux à régner »
jeu d’ombre et de lumière sur le couple sur la digue d’Ostende avec l’ombre de Léopold II
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Illustration en haut de page et consignes de Monsieur le Goût pour son 154e devoir du lundi – merci à lui – et consigne « Ombre et lumière » chez Passiflore en ce 20 février – merci à elle!
La lumière de mes jours est une experte de la phrase ambiguë, comme « Minou ! Montre-moi ton machin ! » lancé en pleine rue à propos d’une chose que je viens d’acheter. Chaque fois elle est indignée et me jette à la face « Mais tu es relou !!! Ne crois pas je ne sais pas à quoi tu as pensé ! » « Miss Tic », notre feue poétesse des rues de Paris et peut-être d’ailleurs aurait-elle eu de plus un talent de prescience ? À moins que ce ne soit dû à un long entraînement à la fréquentation du mâle de l’espèce. Bien qu’amateur de kakemphaton, je ne vous infligerai pas le « Il voulut être César et ne fut que Pompée » de Clémenceau à la mort de Félix Faure. J’aimerais néanmoins que, comme le disait Polyeucte au début de l’acte I, vous commençassiez ce devoir par « Vous me connaissez mal : la même ardeur me brûle Et le désir s’accroît quand l’effet se recule » Ce qui serait bien aussi serait que vous terminassiez par ce que dit Phottin dans « La mort de Pompée »: « Car c’est ne pas régner qu’être deux à régner » À vous de le dire lundi…
– Moi d’abord! moi d’abord! crie Alexandra en voyant arriver Madame dans la cour de récré. – Non, Non! Prenez d’abord Lucas! supplie un petit garçon.
Mais Alexandra a pris sa décision et son cartable 🙂
– Voilà un garçon qui t’aime beaucoup, on dirait, sourit Madame.
Tout le visage d’Alexandra rayonne:
– Ouiii! – Et c’est agréable, d’être aimée comme ça! – Ouiiii!
Elles s’installent dans le cagibi qui leur est offert pour l’aide aux devoirs.
– Je n’ai pas beaucoup de travail aujourd’hui, dit Alexandra, juste une page de lecture. – Ah! alors on aura le temps de faire des exercices dans le cahier noir.
Hélas, ce cahier est introuvable. Pourtant la semaine d’avant Madame avait déjà écrit au papa pour lui rappeler l’importance de ce cahier et qu’elle aimerait qu’il pense à le mettre dans le cartable de sa fille, le mardi.
Alors la petite confie son chagrin et Madame comprend enfin cette petite phrase que le papa lui avait dite le 27 décembre « met al die toestanden thuis…«
Quoi à la maison? Qu’est-ce qui se passe à la maison? Qu’est-ce que c’est au juste, ces « toestanden« ?
Madame n’avait pas osé demander de précisions.
Aujourd’hui elle sait quel « bazar » il y a à la maison et pourquoi les deux enfants, depuis un mois, vivent chez leur grand-mère.
Depuis mardi, Madame porte le même chagrin que la petite.
Et l’inquiétude en plus.
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Écrit pour le défi du 20 chez Passiflore – merci à elle! – qui propose pour ce mois de janvier « un métier, une passion ».
Pas difficile de faire un choix quand on est une Adrienne: son métier c’est sa passion et sa passion c’est son métier, le plus beau du monde: PROF.
On nous offre régulièrement des horoscopes… Pierre est Taureau, Paul est Scorpion… Cela indiquerait des traits de caractère de l’un ou de l’autre. Cela orienterait même son avenir… Or, qu’est-ce que cela veut dire: « Pierre est Taureau » ? Cela veut dire que quand Pierre est né, le Soleil, qui parcourt le ciel constellé en une année, se trouvait dans la région du ciel qu’occupe le signe du Taureau. Le caractère de Pierre, selon l’horoscope, est calqué sur ceux qu’on prête à l’imaginaire mythique brodé autour de l’image de la constellation astronomique du Taureau… Or le Taureau, constellation, était dans le signe du Taureau il y a deux mille ans – il n’y est plus maintenant… Maintenant c’est le Bélier qui s’y trouve ! Cet horoscope simpliste est donc une mystification. Que valent les horoscopes dans de telles conditions ? Rien!
Les astrologues les plus savants en astronomie tiennent compte du glissement des constellations par rapport aux signes du Zodiaque, un glissement qui se continue, depuis 2000 ans que l’on a défini l’astrologie sous sa forme actuelle. Mais tiennent-ils compte de ce qu’il y a TREIZE, et non DOUZE, constellations traversées par le Soleil en un an ? La treizième, entre Scorpion et Sagittaire, c’est Ophiucus, le Serpentaire… Savent-ils, ces savants astrologues, que le Soleil reste près de deux mois dans la constellation de la Vierge, à peine 10 jours dans celle du Scorpion, et le reste à l’avenant ? Que veulent donc dire ces horoscopes qui classent les gens en tranches d’un mois, chaque mois en trois décans ? Rien… Encore une mystification ! L’horoscope, même celui qui tient compte du glissement des constellations, n’a aucun sens.
L’astrologie suppose une action des astres sur les hommes. Ceci était raisonnable au moyen âge, quand on croyait que les étoiles étaient des lampes fixées sur une voûte cristalline mobile. La hauteur de cette voûte était assez faible pour qu’on pût loger les dieux au delà. Aujourd’hui, on sait que les distances sont considérables. La lumière parcourt, en une seconde, 300.000 km, le Soleil est à 150 millions de km de nous, -huit minutes de lumière ! Les plus proches des étoiles sont à des années de lumière, 10 000 100 000 fois plus loin que le Soleil et les planètes. Le ciel constellé, loin de nous, est aussi profond. Les constellations ne sont qu’apparences, effets de perspective. Deux étoiles du Taureau, par exemple, sont à des distances de nous très différentes bien qu’elles apparaissent proches sur le ciel. Les dessins qui ont donné leur nom aux constellations sont artificiels. Vues d’un autre point de l’Univers, aucune de ces représentations pittoresques ne se maintiendrait… Par ailleurs, les Chinois donnent d’autres noms aux constellations. Le destin des Chinois obéirait-il aux astres d’une façon différente du nôtre ?
On justifie souvent l’astrologie en invoquant les correspondances mystérieuses entre les signes du Zodiaque et les parties du corps humain… Le cœur serait gouverné par le Lion, le sexe par le Scorpion, les pieds par les Poissons… La médecine du moyen âge a largement utilisé (à tort !) ces correspondances, – et elle ne soignait pas grand-chose. Cela avait un sens il y a mille ans. Ciel et Terre étaient complémentaires, mais essentiellement différents: le monde des hommes est périssable, fragile; il est dominé par le monde du ciel, éternel et puissant… Ce genre d’idées ne tient plus dés lors que nous savons que la nature physico-chimique des astres est la même que celle des êtres vivants: hydrogène, oxygène, carbone…, tout cela constitue la matière des étoiles, celle du Soleil celle des hommes. Il n’y a pas de correspondance ou d’analogie mystérieuse. L’unité de la nature est profonde, réelle et non fantastique. Et cela élimine ces analogies sans signification, sous-jacentes pourtant à toute astrologie…
Les planètes jouent dans l’astrologie qui se dit » savante » un grand rôle… Mais quelles planètes ? Quand l’astrologie s’est codifiée… il y a plus de deux mille ans, on connaissait 5 planètes, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne… Uranus, Neptune ou Pluton n’avaient donc pas d’influence avant leur découverte récente ? Aujourd’hui, on connaît autour du Soleil 8 grosses planètes, des milliers de petites, quelques satellites de même nature et de même taille que Mercure ou Vénus, et beaucoup de plus petits. Il y a dans le ciel des milliards de soleil comparables au nôtre, des milliards de planètes comparables aux nôtres… Et pensez que Mars, par exemple, est à une distance de nous qui varie d’un facteur 5 d’une année à l’autre ! Toutes ces planètes, à toutes ces distances de nous, ont-elles une influence ? Pourquoi pas, si l’on croit à l’influence de certaines d’entre elles ? La vérité est que l’astrologie planétaire n’a pas plus de valeur que l’astrologie zodiacale et qu’elles ne sont que de la poudre aux yeux…
Cinq réponses à un amateur d’astrologie, par Jean-Claude Pecker (1923-2020), astrophysicien et membre de l’Académie des Sciences, a été Président de l’AFIS.
Pour ceux que ces questions intéressent, il y a aussi le site des Sceptiques du Québec.
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écrit pour le Défi du 20 – merci Passiflore! – qui demandait de parler des 12 signes du zodiaque.
Sur la photo, de gauche à droite, une Vierge, un Verseau, un Taureau, un Scorpion, deux Sagittaires, un autre Taureau, trois Olibrius… et un raton-laveur 🙂
Elle était bien la seule à ne pas savoir qu’elle abdiquerait devant la volonté de l’Homme: en 2013, c’était fait, elle abandonnait – avec les regrets que l’on sait – le vert paradis, laissant les mésanges abasourdies devant leur mangeoire vide…
Désormais elle irait faire ses abécédaires du-temps-qui-passe en ville.
Elle ne savait pas non plus qu’elle aurait des voisins abominables ni que l’aménagement de son jardinet susciterait un tel commentaire.
Par contre, ce qu’elle savait, c’est qu’elle abhorrerait le bruit et les odeurs de la circulation…
Bref, l’an prochain elle fera tout de même la fête pour le dixième anniversaire de son installation dans la maison de tante Fé 🙂
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Texte écrit pour le défi du 20 chez Passiflore – merci à elle – qui pour ce mois de novembre demandait onze mots de onze lettres.
Vous pouvez vérifier, le compte y est 🙂
Sur la photo d’illustration vous voyez le chat Pipo Rossi installé dans la clematis montana rose et parfumée, sur le toit du kot à outils.
Le mois prochain, le 20 exactement, ça fera dix ans que l’Adrienne a dû « tourner la page » et se résoudre à quitter son vert paradis.
Dès son arrivée en ville, ce qui lui a le plus manqué, ce sont les chants d’oiseaux: voir et entendre les grives, les merles, les mésanges bleues, les charbonnières et celles à longue queue, les pics épeiches, les piverts, les sittelles, les rouges-gorges…
Pouvoir les nourrir tout l’hiver et jouir de leur présence.
Voir se balader un hérisson sur la terrasse pour y manger les croquettes des chats.
Alors aujourd’hui en ville elle est tout heureuse de pouvoir observer au moins un moineau ou une coccinelle 🙂
Deux photos prises dans mon jardinet de ville. Pour le vert paradis d’autrefois, le choix est plus vaste donc plus difficile, et il y avait aussi les chevaux 🙂
A trente ans Madame était toujours la plus jeune de toute l’équipe des profs de FLE de son école, ce qui veut dire que chaque fois qu’il « manquait des heures », c’est elle qui était envoyée ailleurs.
C’est ainsi qu’elle est arrivée en professionnelle et qu’elle a eu en classe Othmane, armoire à glace, deux têtes de plus qu’elle, qui a réussi l’exploit de ne jamais la regarder en face, dix mois durant. C’est grâce à lui qu’elle a appris que c’était une forme de politesse 😉
L’année d’après, c’est en technique couture qu’elle a été envoyée, où elle a fait la connaissance de Hanane, le rayon de soleil de la classe. Grâce à qui elle a su qu’au-dessus des règles établies par le père, il y avait celles établies par le frère aîné du père: quand il était en visite, Hanane ne pouvait sortir que voilée.
Ensuite, en technique commerciale il y avait l’adorable Rachida. Qui a accepté d’épouser le cousin du cousin d’un cousin et de le suivre en Allemagne, pays où elle ne connaissait personne, dont elle ne connaissait pas la langue et où elle élève aujourd’hui ses deux enfants.
Il y a eu Younes, toujours de méchante humeur, toujours « victime », toujours sur ses gardes et qui aujourd’hui porte le costume et la cravate dans une grande compagnie d’assurances.
Le même comportement mais au féminin, c’était Latifa. Jusqu’au jour où Madame lui a dit que son prénom signifiait ‘gentille, aimable’ et allez savoir pourquoi, elles en sont sur le coup devenues meilleures copines.
Madame se souvient bien aussi de Youssef, avec qui la connivence était totale: un seul regard et hop, la blague était partie, Youssef enclenchait au quart de tour, le ping pong marchait parfaitement. Elle n’a plus jamais retrouvé un tel partenaire pour ‘ambiancer’ la classe dès que le besoin d’un peu de ‘schwung‘ se faisait sentir.
Il y a eu Fehmy, poli et bien élevé, le gendre idéal, Madame lui aurait bien donné sa fille si elle en avait eu une 😉 aujourd’hui il est marié – fête en mode mineur, c’était en pleine pandémie – et spécialiste en informatique.
Il y a eu Omar, qu’il fallait sans cesse houspiller pour qu’il se mette au travail – Madame le harcelait même par SMS – mais qui a fini par réussir des études supérieures.
Et enfin, Nabil, grâce à qui Madame a pu répondre ironiquement à ceux qui lui disaient qu’ils n’inscriraient pas leur enfant dans sa ville « à cause de tous ces étrangers »:
– Vous avez raison, tous ces étrangers rendent la concurrence fort rude! Mon meilleur élève toutes catégories, cette année, meilleur en maths fortes, meilleur en latin, meilleur en langues étrangères… s’appelle Nabil.
Chacun a occupé à sa façon l’oisiveté relative des divers confinements et dans un village anglais ils en ont profité pour semer des mélanges « prairie fleurie » partout où c’était possible.
Depuis deux ans, en plus des traditionnelles pâquerettes ou du pissenlit solitaire qui aurait échappé à la tondeuse, on peut y admirer un foisonnement de fleurs des champs, comme l’agrostemma aux nuances violettes et la centaurée bleue.
On y ajoute le rouge des coquelicots, le jaune des chrysanthèmes des moissons, le blanc des camomilles et des marguerites sauvages pour obtenir ce magnifique tableau, un régal pour les yeux des habitants et des passants.
Régal aussi pour les insectes et les oiseaux, bien sûr.
Sans compter un gros avantage supplémentaire et totalement inattendu: les automobilistes respectent ENFIN les limitations de vitesse quand ils traversent le village.
– Oui, c’est bien joli ces pâquerettes, mais si tu les laisses là, l’an prochain ta pelouse en sera envahie!
Ainsi parlait grand-mère Adrienne, venue passer sa convalescence dans la maison d’autrefois et qui, installée sur la terrasse, commentait les travaux faits et à faire.
Et elle avait raison, bien sûr.
Dès leur installation dans la maison de leurs rêves, l’Adrienne s’était jetée dans les travaux de jardinage et avec l’optimisme de ses vingt ans, elle croyait qu’elle viendrait à bout des « indésirables », à commencer par les égopodes qui tapissaient le terrain sous les noisetiers et la grande ortie qui rendait impénétrables différentes parties du jardin.
C’était l’époque où Monsieur Mari, sans états d’âme, « traitait » le gazon contre le trèfle et les pissenlits, l’époque où le gratteron servait exclusivement aux facéties de beau-papa et où le mouron des oiseaux était une des friandises préférées des poules pondeuses.
Ce n’est que dix ou quinze ans plus tard que l’Adrienne a découvert les vertus gastronomiques de toutes ces « mauvaises herbes », que ce soit crues en salade ou cuites en tarte aux légumes, en sauce avec des pâtes, en accompagnement d’un plat.
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Impossible de s’en tenir à « sept légumes », comme le demande Passiflore pour son Défi du 20 (merci à elle) car il faut absolument mentionner aussi la cardamine, l’ail des ours, le chénopode blanc et la carotte sauvage en plus des sept du texte: pâquerette, égopode, ortie, trèfle, pissenlit, gratteron et mouron des oiseaux 🙂
Photo du jardin d’autrefois avec plein de « mauvaises herbes » sous les noisetiers (on voit surtout l’ail des ours en pleine floraison), ainsi qu’un jeune noyer.
En cette mi-juin, le climat anglais proposait une chaleur sans nuages et des ciels d’un bleu si dur qu’on finissait par espérer la tempête orageuse annoncée pour le vendredi, puis pour le samedi, et qui ne cessait d’être reportée.
Dans le minibus, chacun ramenait sa science – ‘chacun’ étant à prendre ici au sens strictement masculin – comme l’expert en vins qui va deux fois par an en Bourgogne et une fois dans toutes les autres régions viticoles, possède deux caves pleines de bouteilles qu’il ne réussira jamais à boire en cette vie et qu’il commence donc à revendre. Certains vins faisant l’objet de spéculation, son hobby est devenu fort rentable.
Un autre parle de son jardin – plus de trois hectares, songe l’Adrienne, est-ce que ça s’appelle encore un jardin? – où ses hêtres bicentenaires se meurent. Il a voulu les remplacer. On lui conseille le châtaignier ou le chêne.
– Mais ça pousse si lentement! se plaint-il.
Alors il a fait venir à grands frais des marronniers qui ont déjà plus de 15 mètres et dont la motte pèse plusieurs tonnes. Qu’il a fallu beaucoup arroser, vu la sécheresse de nos étés.
– Il y en a deux qui vont assez bien, dit-il. Le troisième, je ne sais pas s’il va reprendre…
On arrive enfin à Charleston House. Une maison où certes on ne censurait aucune forme d’amour 😉 Au jardin, l’Adrienne prend évidemment des tas de photos.
Comme celle en haut du billet, où on voit à peine le pommier sous l’avalanche de roses parfumées. A leur pied, des céraistes tomentueux et des pivoines Bowl of Beauty en fin de floraison.
– Heaven! I’m in heaven! chantonne l’Adrienne, qui ne sait pourtant pas plus ce qu’est le paradis que l’enfer mais dont la grand-mère était fan de Fred Astaire.
On pourrait paraphraser Aristote et dire que la quiddité d’un jardin, c’est l’âme 🙂
Justement, en cherchant quelque chose dans le foutoir de photos de mon PC, j’ai vu quelque chose. Une photo que j’ai prise en 2018 du côté de la rue du Faubourg Montmartre. Elle m’avait frappé car elle posait une question que je m’étais déjà posée il y a bien longtemps. Ah oui… Que diriez-vous d’y mettre les neuf mots suivants ? Ciels – Enfer – Tomenteux – Quiddité – Abricot – Climat – Nuages – Tempête – Chaleur