Oui, c’est grave! C’est même très grave, pour d’honnêtes commerçants comme nous! Et tout ça est de la faute à Léontine! Mais elle va voir de quel bois je me chauffe! Ah ça! Elle ne perd rien pour attendre, foi de Coppenolle!
Ce qu’il y a de bien avec les trains et les gares, c’est que le voyageur débarque en plein centre ville: sortir de la Stazione Termini, au coeur de Rome, ou de la gare de Venise, c’est magique.
Mais en France pour le TGV, on a raisonné différemment: au débarquement, on est dans une « gare » créée spécialement au milieu de nulle part et il faut se débrouiller pour gagner le centre.
Oui, il y a des bus. Enfin, il y a UN bus. La ligne 40.
On sort donc avec une bonne centaine d’autres personnes dudit TGV et il y a un bus (maximum 50 places) qui est déjà à moitié plein.
On fait la queue.
Enfin, certains font la queue, d’autres resquillent 😉
Puis le chauffeur annonce que le bus est plein, il ferme les portes. On se dépêche de récupérer la valise qu’on avait mise dans la soute et on va faire la queue pour le bus suivant. Où le même scénario se répète.
Ce qui fait que pour franchir les 15 kilomètres entre la gare TGV et la gare routière d’Aix, il a fallu deux heures et demie.
Oui, vous lisez bien. Deux heures et demie.
C’est bien la peine de prendre un TGV, n’est-ce pas 😉
***
Au retour, à Lille, c’est un bus belge qui attend les voyageurs désireux de se rendre à Tournai: c’est un bus de remplacement à cause de travaux à la voie.
Entrer ou sortir de Lille par la route n’est pas une sinécure et le chauffeur le sait. Donc pour grignoter quelques précieuses minutes pour ceux qui ont un train à prendre à Tournai, au moment du départ il se lève de son siège, se tourne vers ses passagers et demande:
– Il y a quelqu’un qui veut aller à Froyennes? Non? Tout le monde va à Tournai?
La dame de l’accueil a vraiment de la chance, cette fois-ci comme la précédente l’artiste qui a créé son œuvre préférée de toute l’expo est venue pile-poil le jour où elle est de service.
En fait, elle est juste supposée noter le code postal des visiteurs – et bien sûr veiller à ce que tout reste intact – mais demander aux gens quel est leur code postal, ça ouvre souvent des possibilités de conversations.
Et ça, la dame de l’accueil ne s’en prive pas: c’est toujours agréable et intéressant.
– Je peux noter votre code postal? demande-t-elle à la personne qui s’approche de son petit comptoir à roulettes, et qui est suivie à trois pas par un couple assez âgé.
Grands gestes désespérés de la part de l’arrivante; à ses trois mots de français et d’anglais on entend qu’en fait elle est Italienne.
Et donc non seulement Italienne mais aussi l’artiste qui a créé l’œuvre des illustrations de ce billet, et dès que la question du comment et du pourquoi lui a été posée, sa physionomie a complètement changé: c’est avec un enthousiasme intarissable qu’elle a expliqué les origines, familiales et géographiques, l’importance des pierres, de certaines pierres, trouvées dans des grottes, de leur étude par un bisnonno et un grand-oncle, amoureux de leur coin de montagne et curieux du mystère des pierres de leur sous-sol.
Sur son site il y a une photo (ici) qui est un lien vers la vidéo Inframondo, où on voit la technique utilisée.
– C’est mon œuvre préférée, lui dit la dame de l’accueil, je la trouve belle et poétique, elle fait du bien.
ça faisait visiblement aussi du bien au papa et à la maman venus spécialement de Turin pour l’occasion 🙂
Assise à table où sont posés quelques livres de musique, elle tient son luth à deux mains. Un des livres est tombé à terre mais elle ne s’en préoccupe pas.
Elle ne regarde pas non plus le luth: elle est en train de l’accorder, son oreille et ses doigts lui suffisent.
Ce qu’elle regarde, ce qui la préoccupe, est de l’autre côté de la fenêtre: ce qui l’intéresse se passe dehors.
En face d’elle, une autre chaise, encombrée d’une épaisse étoffe bleue. Au pied de la chaise, un violoncelle.
Si ce regard est celui de quelqu’un qui attend un partenaire pour une séance musicale, il faudra libérer la chaise.
Si elle ne libère pas la chaise, ne ramasse pas le livre, c’est qu’ils feront autre chose que de la musique 🙂
Nos gares sont de splendides monuments, les plus anciennes ont des airs de cathédrales romanes, les plus récentes semblent des fuselages aéronautiques, toutes sont des lieux de passage, on s’y quitte on s’y retrouve on s’y presse on s’y dépêche.
Mais dans les recoins, là où vous n’allez pas, là où vous ne regardez pas, il y a ceux qui ne vont nulle part.
Ils s’y sont installé un carton, une couverture, un sac fourre-tout. Ils font les poubelles. Ils marchandent avec les dames pipi.
C’est pour ça que tant de gens vont à Lourdes, n’est-ce pas ?
Et ici le premier miracle a déjà eu lieu avant qu’on ne parte : que mon épouse accepte de quitter sa maison pour plus de huit jours !
– On pourrait partir tous ensemble, lui avais-je dit il y a quelques mois, toi et moi, notre fille, notre gendre, ses parents et sa petite sœur, qu’est-ce que tu en dis ? – Même pas en rêve ! qu’elle m’a répondu.
Ah ! Je ne vous dis pas le nombre de fois que j’ai dû entendre « Ça ne se passera JAMAIS ! », mais elle a fini par céder quand je lui ai annoncé que le but du voyage était Lourdes.
La constance, y a que ça de vrai.
Bref, un événement que je tenais à immortaliser par une belle photo et l’occasion s’en est présentée au cirque de Gavarnie.
On est descendus du bus, les jeunes mariés, mon épouse et moi, les parents et la petite sœur de notre gendre… et là, PAF ! Trois olibrius à lunettes sont venus se poster à côté de nous, des gens avec qui on avait à peine échangé un bonjour ou un bonsoir!
La moutarde m’est montée au nez – oui, je suis comme ça et mon épouse me connaît bien, elle a réagi au quart de tour – elle m’a dit un truc dont je ne me souviens même pas, genre « On ne va pas en faire un fromage », mais en plus convaincant.
Alors on a tous pris la pose et fait un beau sourire, même les trois olibrius, à qui mon épouse tourne légèrement le dos, histoire de bien montrer que nous n’avons rien en commun.
***
Texte écrit pour cette consigne de Joe Krapov – merci à lui – avec une photo de famille qui avait déjà servi à une krapoverie de 2016 et six des phrases qu’il proposait au choix:
N’est-ce pas qu’il est beau, le littoral, vu depuis le sentier des dunes (GR 5A) entre Ostende et Bredene?
Une belle promenade samedi matin, avec une météo ‘anormale’ pour un 12 novembre, qui donne l’occasion d’un billet qu’on aurait aussi pu appeler ‘L comme léger’.
‘De boog kan niet altijd gespannen zijn‘, comme on dit chez nous, ‘l’arc ne peut pas toujours être tendu’, et paraît-il qu’on le disait déjà chez Horace, ‘Non semper tendit arcum Apollo’
Bref.
Espérons que monsieur le Goût reprendra du service pour lundi prochain 🙂
L’anglais, disait le père de l’Adrienne, dans notre pays aux trois langues officielles, « il met d’accord tout le monde ».
Aussi est-ce le mot anglais lace, dentelle, qui a été choisi pour le festival de textile dans la ville cet automne.
Et de la dentelle, on en voit partout: dans les divers lieux sélectionnés pour l’expo, dans les parcs, les arbres, les étangs, jusqu’au-dessus des balançoires (clin d’œil à Loulou)
Partout, sous toutes les formes, dans toutes les matières.
Il en avait déjà été question ici, de Speculoos et de Trappist, et cette fois encore il s’agit d’une nouvelle fracassante – en tout cas l’Adrienne la trouve fracassante, cette nouvelle découverte dans l’exploration spatiale par les télescopes belges: trouver des planètes situées à plus d’une centaine d’années lumière de la terre, c’est de la physique qui devient de la métaphysique.
L’équipe de l’université de Liège est dirigée par Laetitia Delrez et ceux que le sujet intéresse peuvent lire toute l’info ici, sur le site de l’université de Liège, d’où vient aussi la photo d’illustration.
C’est grâce au concert du groupe Jiraan puis à leur CD Sirto que l’Adrienne a découvert ce chant traditionnel bulgare.
Elle a évidemment cherché les paroles et même tenté de les apprendre mais elle se contente généralement de chanter lalalalala.
Depuis des semaines 🙂
Elle ne peut malheureusement pas vous le faire écouter dans la magnifique version de Jiraan vu que ce n’est pas disponible parmi les vidéos qu’ils proposent sur leur site.
Elle ne vous le montre pas non plus dans la version Sylvie Vartan émotionnée par son retour en Bulgarie, la qualité du film et du son est trop mauvaise.
Reste celle-ci, avec des sous-titres en anglais, grâce auxquels vous comprendrez que ce n’est pas seulement le petit air qui plaît à l’Adrienne 🙂
Oui, qu’elle est belle, la forêt.
Espérons qu’on puisse continuer à en parler au présent.