Dernière suggestion

Depuis quelque temps, WP cherche à stimuler la rédaction de billets de blog en faisant quotidiennement une suggestion de thème.

La suggestion est toujours proposée sous forme de question et la dernière, celle d’hier donc, était celle-ci:

« Que feriez-vous si vous gagniiez au loto? »

– Je vous offrirais un Bescherelle, a répondu l’Adrienne 🙂

Dernier défi

Des souvenirs d’enfance et de grand-mère Adrienne sont remontés en force dès la découverte du mot proposé par Walrus pour le dernier défi du samedi de l’année: élixir.

Élixir! Déjà rien que le mot avec tout ce qu’il avait de mystérieux. Il semblait sorti tout droit des contes de mille et une nuits. En tout cas dans l’imagination fertile de la petite.

Un « dé à coudre » d’Elixir d’Anvers, c’est ce que prenaient les dames, après les repas de fête, quand les hommes passaient au cognac.
Mini-Adrienne ne pouvait que constater que les hommes et les femmes ne buvaient jamais les mêmes sortes d’alcool.

L’Élixir d’Anvers était supposé avoir des vertus thérapeutiques. Tant de choses qu’on croyait bonnes pour la santé quand l’Adrienne était petite fille!

Mais allez savoir pourquoi, elle-même n’a jamais voulu y goûter: que ce soit l’odeur de l’élixir, du cognac ou du whisky, elle n’aime RIEN de tout ça…

Allez, bon passage à l’an neuf, et restez prudents 😉

Dernier cri

« La joie venait toujours après la peine » se dit l’Adrienne en souriant, mais elle se tait.

Une des participantes venait juste de dire que jamais elle n’avait eu la chance d’avoir un prof qui leur faisait écouter un disque avec de la poésie lue, comme le personnage de cette nouvelle d’Aidan Chambers qu’on venait de lire ensemble autour de la table de la bibliothèque.

L’Adrienne s’est retenue de dire que ça aurait bien fait rigoler ses élèves, si elle leur avait fait écouter le Pont Mirabeau lu par Apollinaire…

Elle avait déjà dû se retenir précédemment, quand les participants discutaient de l’autorité du prof, surtout pour en exprimer leur dégoût profond, comme s’il était possible d’enseigner au milieu du chahut ou du « je fais ce que je veux ».

Et comme si toute forme d’autorité était forcément obtenue par de mauvais moyens.

C’est un vrai bonheur quand une classe entière est penchée sur un travail et se concentre en silence.

Pas seulement pour l’enseignant, comme certains pourraient le croire, mais aussi pour les élèves eux-mêmes, qui sont les premiers à mépriser le prof qui ne réussit pas à faire régner le calme.

Un vrai bonheur pour les élèves, donc, à commencer par ceux pour qui l’école est un havre de paix, parce qu’ils vivent dans des disputes et des criailleries infinies à la maison.

– Cette semaine de vacances qui arrive là, ça me stresse, disait Manal, ici au moins pendant quelques heures, je suis tranquille. C’est le silence. Le repos.

***

Écrit selon les consignes de Monsieur le Goût – merci à lui – pour son devoir 141.

Évidemment, cette toile de Thierry Duval me rappelle quelque chose. Mais à vous ?
Rappelle-t-elle quelque chose qui commencerait par « La joie venait toujours après la peine ». Et si en plus votre récit se clôt sur « Pendant quelques heures, nous posséderons le silence, sinon le repos. Enfin ! » ce sera parfait.

Dernier chapitre

Si on est né pendant un bombardement, on se doit de mourir dans des conditions également spectaculaires: ça ne peut pas se produire sans aucune classe. Liliya croyait fermement en la force de la volonté: si elle jugeait le moment opportun de tomber raide morte, elle tomberait raide morte. Et c’était sa volonté. Elle en avait assez de tout. […] Il était temps d’achever ce qui avait commencé septante et un an plus tôt, dans une cave entre les tomates, les chapelets de saucisses, les disques de Puccini et quelques perles rares de la peinture. Liliya Dimova: elle avait appris à marcher à quatre pattes sous le fascisme, à se tenir debout sous le communisme, à claudiquer avec style sous un régime élu démocratiquement qui ne faisait rien de bon. Est-ce que ça suffisait comme résumé? Pour elle, oui.

Pour son dernier jour, elle avait comme d’habitude regardé les nouvelles à la télé. Ainsi elle pourrait s’amuser une dernière fois à injurier tout et tout le monde. Les Bulgares ne fuyaient plus leur pays, en tout cas plus pour des raisons idéologiques, non, maintenant c’étaient d’autres qui souhaitaient arriver jusqu’en Bulgarie […] de pauvres diables syriens, en fuite pour une sale – évidemment, sale – guerre. Et que faisait la Bulgarie? Elle hurlait qu’il lui fallait un mur, pour que la meute de misérables avec toutes ses maladies contagieuses et ses lamentations puisse être tenue à l’écart. Rions!

A Paris, un héros de la liberté d’expression était porté en terre, après avoir été assassiné par des fanatiques qui n’avaient pas apprécié ses dessins islamophobes. Et quelle musique entendait-on lors de cette cérémonie pour le héros de la liberté d’expression? L’hymne communiste: l’Internationale! Rions!

Il y avait toujours de quoi rigoler sur cette terre; l’histoire était une maison de fous que Liliya voulait quitter le jour même. Elle nota la recette de ses éclairs, son dernier secret, en guise d’héritage, et la posa en un endroit bien visible de la maison. Puis elle s’allongea sur son lit, avec un grand sourire, le cul pour une fois non lavé tourné vers Moscou.

On la coucherait sous une tombe que les descendants du pigeon Youri Gagarine conchieraient, jusqu’à aujourd’hui il y en a encore beaucoup pour animer le ciel de Sofia.

Dimitri VerhulstHet leven gezien van beneden (La vie vue d’en bas), Atlas Contact, 2016, pages 156-158, dernier chapitre, « 2015 » (traduction de l’Adrienne)

Dernières nouvelles siciliennes

Cri d’alarme sur le site de Liborio Butera: les fameux cannoli siciliani sont en danger!

En tout cas le seul véritable, l’artisanal, réalisé par un pâtissier sérieux qui prend la peine de frire la pâte lui-même et le jour même, au lieu d’acheter les cannoli tout faits et de se contenter de les farcir de la crème à la ricotta.

Parce que, voyez-vous, pour les frire on a besoin d’huile de tournesol, qu’il faut la changer souvent et qu’elle devient de plus en plus chère.

Il prévient ses lecteurs que d’autres fleurons de la gastronomie sicilienne courent le même danger de disparition prochaine, « potrebbe cessare la produzione anche di diverse prelibatezze dello street food siciliano, come i famosissimi arancini e i panzarotti fritti sia dolci che salati« .

Les arancini, on les connaît surtout grâce au Commissario Montalbano, dont c’est un des plats préférés mais les panzarotti (ou panzerotti) fritti sont autant réclamés – sinon plus – par les Pouilles ou la Calabre que par la Sicile.

Bref, depuis quinze jours l’Adrienne ne sait pas trop si elle a le droit d’en rire (quoi? c’est de cette sorte de conséquence-là qu’il faut s’inquiéter, quand une guerre fait rage à deux pas de chez soi?) alors elle a réécouté l’épisode lu par son auteur, Andrea Camilleri, décédé il y a juste trois ans.

Dernières découvertes

Samedi matin le tout premier message venait d’un généalogiste amateur rencontré sur geneanet.org – est-ce un hasard, il habite précisément la ville de l’Adrienne 😉

– J’ai là deux documents, écrit-il, qui vont probablement t’aider.

En effet, le premier est une photo de l’acte de naissance de la mère de la grand-mère paternelle.
Née en 1881.

Dans la marge, sous son numéro d’ordre et son nom de famille, est noté l’infâmant ‘illegt‘.
C’est la sage-femme qui est venue déclarer l’enfant le lendemain de sa naissance: la jeune mère, 22 ans, n’a pas de mari.

Ce qui a immédiatement rappelé à l’Adrienne un prof d’histoire affreusement cynique qui semblait prendre plaisir à ‘casser’ tous les rêves des gamines qu’il avait devant lui.
Genre « oui oui vous dites ça, mais vous verrez, vous finirez toutes braves petites femmes au foyer ».
Et autres choses du même acabit à propos de tout ce qu’on aime croire beau, à seize ans – l’amour, par exemple – et dont on découvrira bien assez tôt les épines.

Ainsi un jour – sans aucune raison, sans le moindre lien avec rien de ce qui se passait en classe à ce moment-là – s’est-il mis à se gausser des généalogistes qui, croyant trouver des ancêtres nobles, se trouvent être des bâtards.

C’est le mot qu’il a dit.

Mais l’Adrienne, en voyant ces quelques données sur une inconnue arrière-arrière-grand-mère Clémence, n’a pour elle qu’un immense amour.
Et des tas de questions.
Que lui est-il arrivé?
Était-ce par amour ou par violence?
Comment l’a-t-elle vécu?
Et la petite Zoé?

La petite Zoé a fini par avoir un papa, quand elle avait treize ans: sa mère s’est mariée, son beau-père l’a ‘reconnue’ et lui a donné son nom.

Et quand la petite Zoé devenue grande a eu son premier enfant, une petite fille, elle l’a appelée Ivonne.

Ivonne Clémence.

***

sur la photo, les trois enfants de la petite Ivonne au printemps de 1934.

Dernier train

Bien sûr, chacun aurait pu tranquillement rester chez lui et suivre toute l’affaire « en streaming », comme c’est la mode depuis l’époque covid.

Ou simplement lire le programme, vu que la brochure de la nouvelle saison était arrivée dans les boîtes aux lettres deux jours avant.

Mais c’était compter sans la fan-attitude de tous ceux qui avaient tenu à être là, à s’asseoir dans les fauteuils de velours rouge et à respirer l’air désormais extrêmement bien ventilé à l’intérieur de la grande salle de la Monnaie.

– Je viens exprès de Gand par le train, dit un monsieur à l’Adrienne.
– Oh moi je viens d’encore plus loin, fait-elle, j’ai dû prendre DEUX trains pour arriver ici 🙂

Bref, ça rigolait dur en attendant l’ouverture des portes.

– Je m’en voudrais de vous faire attendre une minute de plus, dit Peter de Caluwe, étant donné que tout le monde est arrivé si bien à l’heure.

Et c’est vrai que ça avait quelque chose de touchant de voir tous ces gens pressés d’entendre ce qu’ils auraient pu lire ou écouter chez eux.
Mais comme chacun sait, c’est quand on a eu très soif qu’on apprécie le verre d’eau.

Vu que ça commençait à six heures et demie et que le dernier train pour la ville de l’Adrienne repartait moins d’une heure plus tard, elle avait même été obligée de réserver une nuit d’hôtel.

Quand on aime on ne compte pas…

Mais au fait si, elle avait compté et pris une chambre minable où ni l’internet ni la télé ne marchaient.
Par bonheur l’eau chaude ne coulait pas froide (merci Daninos!) et l'(unique) café du petit déjeuner n’était pas mauvais.

De toute façon, rien ne pouvait altérer son bonheur d’être là 🙂

***

photo prise à la Monnaie le 24 mars dernier

D comme dernière

113ème devoir de Lakevio du Goût

– Je vous ai prévu cette table-là, ça vous convient?
– C’est parfait, dit la plus âgée des deux, qui s’installe le dos au mur: elle aime bien voir la salle et tout ce qui s’y passe. Ce qu’elle ne manque pas de communiquer à sa commensale: ça donne de la conversation.

– Tu as vu la dame toute seule sur la banquette? fait-elle dès qu’on leur a apporté l’apéritif.
– Ben non, je devrais me retourner, ça ne serait pas poli.
ça doit être fort triste d’aller toute seule au restaurant.
– Surtout si les autres te dévisagent tout le temps comme tu le fais depuis dix minutes, répond la plus jeune.
– Je ne la dévisage pas! Je la vois, c’est tout!

Entrée, plat principal, dessert, la dame seule en est déjà au café et si elle a l’ouïe fine, elle a dû entendre au moins cinq ou six fois les mêmes réflexions à son propos, venant de la vieille dame d’en face:

– C’est tout de même triste, d’aller seule au restaurant!
– ça fait, dit la plus jeune, que si tu es seule, tu dois rester chez toi?

– C’est quand même triste de manger seule! répète-t-elle encore au moment de l’addition.
– Ah vous voulez parler de la dame qui était là? fait la patronne en montrant la place désormais inoccupée. Son mari et elle venaient tous les vendredis. C’est la première fois qu’elle revient depuis qu’elle est veuve.

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Merci à Monsieur le Goût pour le tableau et la consigne, alors qu’il est en plein dans les cartons du déménagement 🙂

Cette toile de Joseph Lorusso me pousse à me poser quelques questions. Dont celle-ci : Que fait cette femme, là, dans ce café ?

« Il y en a toujours un des deux qui reste le dernier » disait grand-mère Adrienne, et elle ne savait pas ce qu’elle devait souhaiter. La mère, elle, savait, et ne cessait de le clamer haut et fort à son mari: « C’est à espérer que tu partes avant moi, tu serais perdu sans moi. »

Dernières nouvelles d’Amenhotep

Mummie farao Amenhotep I voor het eerst digitaal 'uitgepakt'
Reconstruction 3D de la tête d’ Amenhotep I – Égypte – 28 décembre 2021. © Belga Image

Même si on n’aime pas les chiffres, on fait une petite exception pour les toutes dernières données archéologiques dévoilées le 28 décembre grâce aux scans réalisés sur la momie du pharaon Amenhotep Ier.

D’abord son âge, environ 3500 ans, vu qu’il a régné de 1525 à 1504 avant notre ère.
Son âge lors de son décès, probablement 35 ans. Pour le moment on n’en connaît pas encore la cause.
Sa taille, 1,69 m.

Deux autres détails révélés par le scan: il était circoncis et avait une excellente dentition 🙂

Quel bonheur que ceux qui l’ont découvert il y a 140 ans, en 1881, à Deir el-Bahri, ont su résister à la tentation de lui ôter ses bandelettes pour lui arracher les quelques bijoux ou amulettes qu’il porte sur lui: la momie en aurait été endommagée et tant de précieux enseignements auraient disparu.

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info ici (en néerlandais) et ici (en anglais)