U comme un, deux, trois!

« Le quadrille est en fait une contredanse », lit l’Adrienne après avoir pris connaissance du mot proposé par Walrus au Défi du samedi, mais ça ne l’avance guère, ça lui rappelle juste une petite phrase de la comtesse de Ségur, prononcée par Yolande Tourne-Boule à l’intention de Léon, pour lui dire qu’elle l’engage pour la première contredanse à l’occasion d’un bal que sa mère ne manquera pas de donner dès qu’ils seront installés dans leur bel hôtel parisien.

Oui, l’Adrienne vers ses onze ans a tellement lu Les vacances qu’elle peut encore en réciter des passages par cœur 😉

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Pour les autres fans de la Comtesse, voici le passage:

« Je suis très satisfaite, messieurs et mesdemoiselles, dit-elle, de vous connaître avant de quitter le pays ; j’espère que vous viendrez me voir à Paris, à l’hôtel Tourne-boule, qui est à mon père, et qui est un des plus beaux hôtels de Paris. Je vous ferai inviter aux soirées et aux bals que ma mère compte y donner. Et même, pour ne vous laisser aucune inquiétude à ce sujet, je vous engage, monsieur (s’adressant à Paul), pour la première valse, et vous, monsieur (s’adressant à Jean), pour la première polka, et monsieur
(s’adressant à Léon), pour la première contredanse. »

Pour les Die Hard, il y a même le texte entier en e-book gratuit, merci la Bibliothèque électronique du Québec!

U comme unique

De temps en temps, parmi le nombre de nouvelles alarmantes, on en perçoit une qui concerne nos semences.

On entend par exemple qu’au fil des derniers siècles l’agro-alimentaire a « éliminé » des tas de variétés pour n’en retenir que quelques-unes – la banane cavendish, par exemple – de sorte que si une maladie, un champignon, un insecte s’en mêlait, la production mondiale s’en trouverait compromise.

Il est donc important de sauvegarder le plus possible d’espèces et de semences de toutes sortes de fruits, de légumes, de céréales.

L’Adrienne ne savait pas que cette menace visait aussi le haricot mais apparemment toutes les sortes que nous consommons sont des phaseolus vulgaris et il est temps de promouvoir, cultiver, consommer, tester chez soi d’autres variétés, dites « sauvages ».

Bon ben y a plus qu’à 🙂

U comme l’année du U

Ulysse? Urbain? Uriel? se dit l’Adrienne en voyant le titre de l’article annonçant que pour les chiens et chats « de race », l’année 2023 sera celle des noms en U.

Alors vous la connaissez, elle a voulu savoir ce que les sites spécialisés proposaient, et elle n’a pas été déçue 😉

A titre d’exemple, pour ceux que ça intéresse, voici les premiers rencontrés pour les chiens et pour les chats: vous constaterez que les mêmes noms reviennent et sans doute que si vous allez sur d’autres sites, vous retrouverez encore les mêmes propositions.
Le « copillage » est une des joies d’internet.

Et oui, il y a des propositions qui ont fait froncer les sourcils de l’Adrienne – d’accord, ils se froncent facilement 😉 – comme Uzi, le nom du fusil-mitrailleur préféré de la mafia, ou des noms de marques comme Umbro, Unox ou Urgo, et même Ukraine et Unesco.

Et Ufuk, à votre avis, comment faut-il le prononcer?

🙂

Bref, ci-dessus encore une fois Chien Parfait et ci-dessous Chats Chéris, entre chiens et chats, l’Adrienne ne choisit pas 🙂

U comme Urbi et Orbi

Depuis quelques semaines déjà l’Adrienne se chante des chants de Noël dans sa cuisine, son bureau et sa salle de bains 😉

Ici dans la vidéo il s’agit de variations à l’orgue sur un chant traditionnel qu’on pourrait traduire par « un petit enfant est né sur la terre »

De 0’47″à 01’00 » on a la mélodie exacte.

Vous trouverez le texte et la partition ici, aux pages 21-22.

A chanter avec l’accent ouest-flamand, de préférence 😉

Bon Noël à vous tous!

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le texte est d’une naïveté adorable, « ‘t At pap uit een pannetje, ‘t en maakt’ hem niet vuil, en ‘t viel op de aarde en ‘t en had er geen buil. » il mangeait sa panade sans se salir et il est tombé sur la terre sans se faire une bosse 😉

U comme un-sept-huit-quatre-un-neuf

Le professeur – pourtant émérite – sentait de plus en plus la sueur couler dans son dos, ses mains moites et son cœur qui faisait de tels bonds qu’il lui semblait que son cerveau s’en disjonctait.
Mais peut-être était-ce normal d’éprouver cette sorte de vertige, il en était déjà à la question 178419:

– On vous propose de vous asseoir aux portes du paradis pour observer les gens qui s’y présentent, y sont admis ou exclus.

Introduction, problématique, développement, conclusion, il aurait dû être à l’aise avec tout ça mais à chaque question lui venait la hantise du hors-sujet.

Comme pour la 165714:

– Il ne faut pas juger Dieu sur ce monde-ci. C’est une étude de lui qui est mal venue.

Avait-il le droit d’adopter un point de vue athée?

Il s’était mis à douter de tout. Et à avoir peur de tomber dans les clichés, surtout avec le sujet 184737:

– Les jeunes imbéciles ne font jamais avec le temps que des vieux cons.

Et s’il prenait le 102401, finalement?

– Il est plus facile de changer la nature du plutonium que l’esprit du mal chez les hommes.

Mais avait-il vraiment envie de disserter sur le mal?
Non! Trop de risques d’enfoncer des portes ouvertes!
Il lui fallait trouver mieux, un sujet qui lui permettrait de montrer des références philosophiques plus profondes et plus positives!

– T’as pas fini de gémir et de gigoter comme ça, a fait tout à coup la voix de sa femme à côté de lui. Tu as encore tiré toutes les couvertures à toi! Ne me dis pas que tu étais ENCORE en train de rêver que tu passais le bac! A ton âge! C’est d’un ridicule!

Et en se repelotonnant dans son lit, elle se dit que Dumas fils avait raison, les chaînes du mariage sont si lourdes qu’il faut être deux pour les porter, parfois trois.

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Écrit d’après la consigne de Joe Krapov – merci à lui – et avec les citations ci-dessous:

S’asseoir aux portes du paradis pour observer les gens qui s’y présentent, y sont admis ou y sont exclus.
Nathaniel Hawthorne
Les chaînes du mariage sont si lourdes qu’il faut être deux pour les porter, parfois trois.
Alexandre Dumas fils
Il ne faut pas juger Dieu sur ce monde ci. C’est une étude de lui qui est mal venue.
Vincent Van Gogh
Les jeunes imbéciles ne font jamais avec le temps que des vieux cons.
Aragon
Il est plus facile de changer la nature du plutonium que l’esprit du mal chez les hommes.
Albert Einstein

U comme umeur

Le soir, quand Madame allume son téléphone portable pour une dernière vérification, elle pourrait chaque fois gagner un pari: dès que Lynn la voit en ligne, arrivent ses messages:

– Je vous ai vue marcher en rue, vous aviez l’air bien contente!
– Ah oui, fait Madame, j’ai le sourire, en général, alors j’en reçois en retour, et même parfois je chante en marchant.

Lynn, plus rien ne l’étonne.
Et ça discute jusqu’à ce que Madame dise « bon, maintenant il faut dormir ».

Ensuite évidemment Madame ne dort pas, elle pense aux petits soucis de Lynn, mais bizarrement ces conversations la mettent de bonne humeur.
Ou plutôt umeur, comme on dit dans le dialecte du Val d’Aoste.

– Quelqu’un parmi vous est déjà allé au Val d’Aoste? demande Enzo, l’Italiano vero qui s’occupe du club de lecture italien.

Oui, le père de l’Adrienne y a emmené sa famille pour un aller-retour d’une journée, alors qu’ils étaient en vacances du côté de Chamonix et qu’une adresse valdostana lui était recommandée par un de ses guides culinaires.

Un repas mémorable, c’est vrai, dans une ferme où aucun menu n’était affiché et où des plats – savoureux mais gargantuesques – se succédaient sans qu’une parole puisse être échangée, pour cause de langue inconnue 😉

– Je pense, dit Lynn hier soir, que ma fille est déjà dans sa puberté!

La gamine a tout juste huit ans. Mais sa mère est une nature inquiète qui aime tirer ses enseignements médicaux d’internet.

– Elle n’était que 19e au cross de l’école, et normalement elle se bat pour être sur le podium.
– Elle est peut-être juste fatiguée? dit Madame, qui n’ose pas ajouter qu’elle mange trop gras et trop sucré et se couche trop tard.
– Je vais lui faire faire une prise de sang, dit-elle, elle avait soif, hier après l’école, j’ai peur du diabète.

En voilà une, se dit Madame, qui ferait mieux de lire des Gaston plutôt que encyclopédies médicales…

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Texte écrit d’après une consigne de Joe Krapov – merci à lui – qui demandait
1. de lister 12 mots ou concepts qui nous mettent de bonne humeur ; chacun d’eux commence par une des premières lettres de l’alphabet (A B C D E F G H I J K L)
2. de dire pourquoi et comment survient la bonne humeur.

Je me suis basée sur les tags qui reviennent le plus souvent sur ce blog et ça donne ceci:

Amitié – Bruxelles – Chanson (chanter)DialectesÉlèves/Expo – Fleur(s) – Gaston/GastronomieHumourItalie/italienJeuKrapoverieLangue/Littérature.

En gras, vous l’aurez compris, ceux qui ont un rapport avec ce billet.

U comme Usano

dessin de Lectrr, source ici

Chaque pays, chaque langue, a sa propre stratégie – ou non-stratégie, pour la plupart – en ce qui concerne l’envahissement anglo-saxon et chez les Italiens c’est souvent à double tranchant: « Usano inglesismi tipo ‘briefing’, ‘market share’, ‘packaging’ e poi li ferma un turista a chiedere indicazioni stradali e ‘you go dritto until the semaforo e dopo gira a left’. » : ils utilisent des anglicismes mais quand un touriste leur demande la route ils sont incapables de lui répondre en anglais.

En Flandre et aux Pays-Bas, on a accueilli tous les termes anglo-saxons au point de conjuguer les verbes anglais à la manière du néerlandais, exemple: to delete, devient deleten, ik delete, ik heb gedeletet, etc.

Par contre, ce qui inquiète depuis plusieurs années, c’est l »anglification‘ des études supérieures: certaines universités hollandaises ne donnent quasiment plus cours qu’en anglais et ce taux augmente aussi en Flandre, sous prétextes divers, principalement l’internationalisation (des professeurs et des étudiants) et la possibilité de publications scientifiques dans les meilleurs ouvrages spécialisés.

Bref, les avis sont partagés, comme toujours, mais on peut tout de même se demander quelle sorte d' »élite » on est en train de former…

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le dessin de Lectrr fait référence à l’université de Gand

U comme Universel

Ce qu’il y a de bien, au Grote Post, c’est qu’on peut s’y installer pour déguster des crevettes fraîchement pêchées de la nuit, fraîchement épluchées, qu’on peut y rester aussi longtemps qu’on veut, que le personnel est gentil et qu’on y trouve de la lecture.

Par exemple, la brochure de la saison culturelle ostendaise, où le chanteur belgo-portoricain Gabriel Rios Flore – il est arrivé de son Puerto Rico natal à Gand à l’âge de 17 ans – dit ceci:

« Pour moi la Belgique était exotique et je trouvais les gens intéressants. Les Belges sont réservés, quand ils n’ont rien à dire, ils se taisent généralement. Et ça, pour quelqu’un qui vient d’Amérique latine, c’est im-pos-si-ble. »

La chanson ci-dessous permet de conclure au moins deux choses: l’universalité de l’être humain (« je ne suis pas d’ici ni de là-bas ») et la différence de prononciation quand on est de « là-bas » et pas ibérique 😉

Repéré un peu tard, alors que ce billet-ci était programmé, voici tout de même le 132e devoir de Monsieur le Goût – merci à lui de poursuivre pendant les vacances, je n’osais pas y compter.

Elle avait attaché ses cheveux et mis ce qu’elle avait de plus sombre, optant même pour le total look noir dans l’idée que c’était chic et que ça mettrait en valeur la blancheur éblouissante de sa nuque dans l’arrondi du décolleté.

Lui trouvait de plus en plus agaçant cette manière qu‘elle avait de s’accrocher à son bras et de lui chatouiller la joue avec ses cheveux sous prétexte de lui glisser quelques mots à l’oreille.

Espérait-elle vraiment qu’il succombe à son charme ?

Quel charme, d’abord ?

Il trouvait ces bas noirs d’un goût douteux, surtout en ce juillet caniculaire, et l’odeur de son parfum le révulsait. Elle avait dû vider tout le flacon, elle empestait l’air autour d’elle.

Il devrait le savoir, pourtant, que c’est imprudent d’accepter un rendez-vous organisé par sa sœur – « Tu verras, elle va te plaire ! Vous avez tellement de choses en commun ! » – et cette visite au musée, qui normalement lui procure un kaléidoscope d’impressions et de sensations de joie et de bien-être, lui était pesante et interminable.

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Les mots imposés étaient: attacher – sombre – éblouissant – kaléidoscope – agaçant – douteux – imprudent – succomber – révulser – stellaire

U comme uncanny

Il y avait un mot qui revenait plusieurs fois dans l’exposé, un mot que l’Adrienne ne connaissait pas: uncanny.

Bien sûr, dans le contexte on pouvait deviner que ça signifiait quelque chose comme ‘étrange’, ‘bizarre’, ‘inattendu’, un brin mystérieux.

C’était à Tate Modern où il y a en ce moment une expo sur le surréalisme, Surrealism beyond borders, et en effet, l’intérêt de l’expo consiste principalement en cet ‘au-delà des frontières’ puisqu’on y découvre des artistes d’un peu partout dans le monde et même d’endroits où on ne croyait pas – dans notre profonde ignorance – que le surréalisme y avait fait des émules.

Donc au lieu d’être déçue de n’y avoir vu qu’un seul Magritte – très ‘uncanny‘, ce train à vapeur qui sort de la cheminée du salon 😉 – l’Adrienne a été contente de pouvoir noter des tas de noms inconnus, du Mozambique, de Haïti, du Japon…

D’accord, on ratisse large, la dame qui a vu une tête étrange dans ce rocher de Ploumanac’h n’y a vu que ce que tout le monde y voit et tout le monde photographie, que ce soit en 1936 ou en 2022: une tête étrange 😉

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photo prise à l’expo au Tate Modern: Eileen Agar, Rockface, 1936 (Ploumanac’h)