
L’homme est un animal comme les autres, Hubert en est convaincu depuis longtemps, et ses heures passées sur une chaise du parc ne font que le conforter dans cette opinion.
Il procède à ce qu’il appelle « de petites expériences » et trouve éminemment jouissif d’avoir « toujours raison ».
Par exemple en ce moment, il a baptisé l’expérience – tout à fait personnelle et pas le moins du monde académique – « L’habit fait le moine ».
Elle consiste à adapter sa tenue afin de capter l’attention d’un semblable.
Comme lui, vous aurez sûrement remarqué que le promeneur de chien a facilement une conversation avec un autre promeneur de chien. Il va se prouver qu’on peut étendre la constatation à tous les domaines qu’on veut.
Vous le voyez donc ici, chaussé de sneakers de la fameuse marque aux trois bandes, avec un pantalon de jogging léger et respirant et un T-shirt de running qui évacue bien la transpiration: les initiés ne manqueront pas de saisir au premier coup d’œil tous ces détails importants.
Oui, il a pensé à tout!
A la main, il ne tient pas de livre, mais des prospectus richement illustrés d’articles de sport.
Sur l’accoudoir, une serviette jaunâtre supposée avoir servi à essuyer sa transpiration…
– Vous savez, dit la petite dame au chapeau bleu à côté de lui, pour les joggeurs, ce n’est pas le bon moment de la journée.
Et puis, ils ne s’asseyent pas: ils courent.
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Écrit pour le devoir 151 de Monsieur le Goût – merci à lui – qui propose cette aquarelle avec la consigne suivante:
Cette toile d’Adela Burdujanu montre l’allée d’un parc un jour de printemps. Ce doit être l’approche du printemps qui me dit que cette toile ferait un chouette « Devoir de Lakevio du Goût ». C’est du moins ce qui m’a poussé à vous le proposer. Nous avons tous, j’en suis sûr, quelque chose à dire sur la fin de l’hiver ou les premiers soleils « efficaces ». Nous avons tous un jardin ou un parc préféré, celui qui nous a vus, assis si ce n’est « avachis » sur une chaise. Nous avons alors, soit un livre sur les cuisses, soit, comme disait Lakevio « L’œil balayant ». Le regard attaché à un texte ou à l’affût d’un spectacle intéressant ou attendrissant. Je le sais, vous avez toutes et tous quelque chose à dire sur une allée de parc à l’orée du printemps.