N comme Non, rien de rien

Non, rien de rien – ou presque rien – n’est resté le long de la digue d’Ostende, de tous ces hôtels privés ou pour touristes, principalement à cause des nombreux bombardements en 40-45.

Cet hôtel-ci, par exemple, était au départ l’hôtel particulier que le consul du Brésil s’était fait construire en 1879, la grande époque de dom Pedro II.

Par la suite, comme on peut le voir sur la photo, il est devenu hôtel de tourisme mais les cariatides révèlent le lien du bâtiment avec le Brésil.

Celles du rez-de-chaussée ont survécu aux bombes et aux démolitions et sont exposées près de l’ancien château d’eau.

Où on peut les découvrir en sortant du Bosje, comme le 11 novembre dernier 🙂

Pour les photos historiques d’Ostende, source ici

E comme Escape Room

La mythologie dont il était question dans le billet d’hier est aussi très utile quand on n’a aucune trace écrite de son histoire et par conséquent aucune réponse à certaines questions comme celle-ci:

– Mais comment ont-ils fait, demande Jef, pour transporter jusqu’ici des pierres d’un tel tonnage et les poser les unes au-dessus des autres pour construire des murs si énormes?
– Et bien, rigole le guide, Persée a fait bâtir cette forteresse avec l’aide de ses amis les Cyclopes. C’est d’ailleurs pour ça qu’on les appelle des murs cyclopéens.

Mais Jef, ça ne le fait pas rigoler et il grogne en néerlandais:

– Ouais, comme ça, c’est facile.

Jef c’est le mec qui veut toujours savoir exactement combien, quand, quelle longueur, quel poids, quelle hauteur, quelle distance.

Le guide poursuit la visite, parle du puits et de la source permettant de soutenir un siège sans manquer d’eau potable, puis montre l’ouverture de la photo ci-dessus:

– Et là vous avez une possibilité de sortie, en cas de siège, parce qu’elle est invisible pour l’assiégeant.

Mais Jef, évidemment, n’en croit rien.

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photo prise à Mycènes le 28 avril.

B comme basilique

Le petit groupe se trouvait à flasher à qui mieux mieux les sept colonnes restées miraculeusement debout pendant que le guide expliquait la construction du temple grec, gestes à l’appui:

– Il était toujours en trois parties qui se succédaient et ici nous sommes dans le pronaos. Plus on avance, plus l’endroit est sacré. La troisième partie, le public n’y a pas accès.

Le lendemain le petit groupe flashait des icônes et un immense lustre dans une église orthodoxe grecque.
Pour y entendre un peu le même discours sur les trois parties.
Normal: on sait d’où vient l’inspiration pour nos « basiliques » et autres églises.

Le surlendemain, le petit groupe flashait les orangers et les ruines archéologiques de Lerne.
Et là, oh merveille! on peut voir les fondations d’une maison « princière » de l’âge du bronze ancien (2500-2300 avant notre ère), qu’on appelle « la maison des tuiles« .

Vous avez deviné la suite: elle est en trois parties, comme les demeures princières des acropoles, avec – comme aujourd’hui encore dans les palais – une antichambre, une salle de réception et la dernière pièce, privée.

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en photo (le 30 avril), les orangers qui bordent l’allée menant au site archéologique de Lerne.

J comme jubé

Dans la grande pièce où on fait attendre l’Adrienne – comme d’habitude arrivée au rendez-vous avant l’heure – il y a une sorte de jubé tout en bois.

Jubé au sens où ce mot s’emploie en Belgique, où il peut aussi désigner une sorte de tribune où se trouve l’orgue.

C’est ainsi que le père de l’Adrienne désignait ce balcon de pierre derrière lequel lui et ses copains s’amusaient beaucoup avec leur chorale, à la messe de neuf heures et demie.

– Je parie, disait la mère, que vous n’avez même pas entendu le prêche!
– Si, si! répliquait-il.

Et mini-Adrienne savait bien qu’il était possible de bavarder et d’avoir tout suivi quand même: c’est ce qu’elle faisait au cours de néerlandais. Mais elle se gardait bien d’intervenir dans la discussion.

Personne, au service social, ne semblait intéressé par l’architecture des lieux, aussi l’Adrienne est-elle restée avec ses questions: que fait cette sorte de jubé dans cette salle, alors qu’on n’est ni dans une église, ni dans une chapelle, ni dans un château?

Mais elle est reconnaissante à la dame qui avait besoin d’une interprète: ça lui a permis d’accéder à des lieux que sans ça, elle n’aurait jamais vus!

C comme cimetière

C’était un premier novembre un peu différent, au cimetière, puisqu’on avait deux ou trois raisons de plus de s’y rendre.

D’abord évidemment aller dire bonjour au grand-père paternel, à la petite Ivonne et aux deux petites sœurs du papa.

Visite d’autant plus « nécessaire » que l’Adrienne sait qu’elle est la seule à le faire, désormais.
Sa mère est à 850 km, la tantine trop malade, et aucun autre des sept petits-enfants ne s’y rend jamais.

Mais en ce premier novembre, il y avait plus: des guides de la ville étaient présents pour donner un mot d’explication sur les monuments les plus « intéressants » et des musiciens et chanteurs avaient installé leur sono sous une tente, avec des chaises pour ceux qui voudraient s’asseoir pour les écouter.

Bref, c’était bien.

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Sur la photo ci-dessus, une tombe réalisée par l’architecte art nouveau, Victor Horta. On reconnaît ses courbes et ses motifs floraux, ici les pavots, pour le sommeil (éternel).
Il n’a donc pas seulement été l’architecte de Bruxellois, comme le ferait croire le reportage ci-dessous 🙂

Et pour ceux qui ont le temps, une émission de 58 minutes sur France Culture 😉

F comme Freÿr

Ce que l’Adrienne a vu de plus beau pendant ces cinq jours en bord de Meuse dinantaise, c’est le château et les jardins de Freÿr.

La preuve, c’est là qu’elle s’est complètement laissé aller avec l’appareil photo, alors que généralement elle fait comme à l’époque des rouleaux de films kodak: cliquer à bon escient pour ne pas gâcher de pellicule, même si on est passé à l’ère du numérique 😉

Tout est beau, à Freÿr, à commencer par son environnement en bord de Meuse et la route qui y mène, le long de forêts et de falaises.
La magnifique allée d’arbres, la drève du château, et le château lui-même, au dedans comme au dehors.

Un joli belvédère.
Les splendides jardins et une remarquable collection de citronniers pluri-centenaires.
Deux belles orangeries.

Bref, vous avez compris 🙂

photos prises à Freÿr le 30 juillet dernier

E comme Eustache

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A Saint-Eustache, le transept était visuellement (et malheureusement) barré par une « oeuvre d’art » de l’artiste allemande Evi Keller.

J’ai pris le temps de bien faire le tour de l’intérieur de l’église en attendant qu’il soit deux heures et que s’ouvre l’atelier Brancuși et j’y ai vu « un peu de tout », ce qui fait dire ceci à certains:

« L’architecte y a fait paraître une horrible confusion du Gothique et de l’Antique et a tellement corrompu et massacré l’un et l’autre, pour ainsi dire, que l’on n’y peut rien distinguer de régulier et de supportable ; ce qui fait que l’on doit plaindre avec raison la grande dépense que l’on a faite dans cette Fabrique, sous la conduite du misérable maçon qui en a donné les dessins. »

— G. Brice, Nouvelle description de la ville de Paris5e édition, 1706.

« On voulait appliquer les formes de l’architecture romaine antique, que l’on connaissait mal, au système de construction des églises ogivales, que l’on méprisait sans les comprendre. C’est sous cette inspiration indécise que fut commencée et achevée la grande église de Saint-Eustache de Paris, monument mal conçu, mal construit, amas confus de débris empruntés de tous côtés, sans liaison et sans harmonie ; sorte de squelette gothique revêtu de haillons romains cousus ensemble comme les pièces d’un habit d’arlequin. »

— Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xie au xvie siècle, 1854-1868.

(source: wikipédia)

Moi je l’ai trouvée naïve et émouvante, à l’image de cette oeuvre-ci, qui s’appelle « Le départ des fruits et légumes du cœur de Paris le 28 février 1969« , de Raymond Mason, et qu’on peut voir dans une des chapelles:

eustache-les-halles

J’ai essayé avec la présente sculpture de reconstituer, au mieux de mes moyens, cette vision éclatante. Mon oeuvre sera de toute évidence un pauvre substitut de mon émotion devant l’étalage superbe. J’espère au moins qu’elle parlera assez clairement au spectateur qui lit son titre : le départ des fruits et légumes du cœur de Paris pour annoncer cet autre départ, non moins définitif, de ces hommes et ces femmes symbolisées dans mon cortège et dont j’ai parlé plus haut. Un moment de silence. C’est l’homme du Moyen Âge qui s’en va. La “petite légume” de notre espèce ; il sortait de terre et prenait une forme n’importe comment. Mais c’était un homme naturel et il poussait toujours. Nous ne verrons plus pareille tête. Nous ne verrons plus jamais son pareil.

Et puis il y a l’église, une des plus remarquables qui soit, seul témoin des siècles maintenant révolus. Témoin ? Acteur elle-même, et sans doute l’acteur principal. De toute sa hauteur, elle tirait sur ces mille activités et marchandises, leur conférant une étendue grandiose, la dimension essentielle et spirituelle – cela ressenti, serait-ce sourdement, par chaque membre d’une congrégation confuse et grouillante à ses pieds.

Si vous ne me croyez pas, il reste encore une marchande de fruits et légumes adossée contre le mur de la pointe Saint-Eustache. demandez-lui si elle aurait souhaité s’appuyer sur autre chose que ces grosses pierres pendant toutes ses années de nuits froides. Aux Halles nous étions beaucoup plus près de Notre-Dame de Paris que du Ventre de Paris.”

source ici

E comme Emirats

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Avant comme après la visite de la Villa Empain, tout au long de l’avenue Roosevelt on ne peut que remarquer de nombreuses demeures imposantes, dont beaucoup sont des ambassades. Quarante-six ambassades sur cette seule avenue.

Sans doute qu’il faut être un Etat désirant avoir pignon sur rue – et de préférence un plus beau pignon que le voisin – pour avoir les fonds nécessaires pour se les offrir: quelques millions d’euro à l’achat, sans compter les travaux de restauration et de modernisation. (1)

Comme celle de la photo ci-dessus, la maison Delune, une maison Art nouveau qui date du tout début du 20e siècle (1904-1905). C’est dire si elle a vécu des heures mouvementées et que c’est un joyau à préserver (2). 

Pour la plupart des arbres (sur les 63) du parc qui l’entourait, les heures mouvementées sont terminées: il a fallu les abattre pour réaliser un parking souterrain et des annexes… (3)

Ici, une photo de 2014, quand le parc était encore un parc et ici une autre photo ainsi que la contestation relayée par la presse…

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(1) pour ceux que ça intéresse, lire l’article de La libre Belgique.

(2) pour ceux que les travaux intéressent, sur le site du bureau d’architectes qui s’en est occupé on a quelques infos et des photos de l’intérieur

(3) pour ceux que ça intéresse, voir ici l’avis d’enquête publique et ici l’avis définitif où il est question de sauver certains des 51 arbres condamnés.

Description complète sur le site de l’Inventaire du Patrimoine architectural.

Première fois

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C’est grâce à Tania que l’Adrienne s’est finalement décidée à aller visiter la Villa Empain, lieu où elle voulait aller depuis longtemps, mais voilà, elle qui ne craint pas de prendre le bus ou le métro à Paris ou à Rome, se sent incapable de s’y retrouver dans les lignes et les haltes bruxelloises. Un de ces nombreux mystères de la logique adriennesque.

Bref, avec l’aide de Tania et d’un excellent outil en ligne pour planifier ses voyages, L’Adrienne a fini par trouver le chemin de cette merveilleuse demeure des années 30.

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photos prises le vendredi 30 août – merci Tania!

D comme demeure princière

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Visiter la maison Autrique, c’est entrer dans un lieu où l’on se sent bien, immédiatement. Où l’on voudrait rester. Pas seulement pour s’y attarder longuement, mais pour y vivre. 

Tout y respire la beauté. Tout y est bien pensé, bien agencé, lumineux, confortable.

Magnifiquement restaurée, cette oeuvre du jeune Victor Horta est un bijou, jusque dans ses moindres détails.

Et côté jardin, il y a même de la place pour un magnifique piano à queue 🙂 

Photo prise fin septembre, à Schaarbeek, 266 chaussée de Haecht – d’autres photos et toute l’info sur la maison, ses habitants, sa restauration ici – merci à Tania de m’avoir accompagnée dans cette visite!