I comme ignares

La dame blanche, c’était le dessert préféré du grand-père: une glace vanille arrosée de chocolat fondu – beaucoup de chocolat – et servie avec de la chantilly.

– Pour moi ce sera une dame blanche! déclare-t-il bien fort un jour que toute la famille est attablée dans un restaurant quelque part en France.
– Une dame blanche! siffle la mère, ils ne connaissent pas ça, ici!

En effet, le serveur ne connaissait pas.

Par contre si vous allez à Lille, chez Lebon-bon, par exemple, pour y manger des œufs au maroilles ou des carbonnades flamandes, au moment du dessert vous pouvez dire bien fort, à la manière du grand-père:

– Pour moi, ce sera une dame blanche!

Ils connaîtront.

Mais dites-leur aussi qu’il est temps de mettre du double vitrage 😉

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Écrit pour la photo de @ Fred Hedin chez Bricabook 426 – merci à eux!

Dernier défi

Des souvenirs d’enfance et de grand-mère Adrienne sont remontés en force dès la découverte du mot proposé par Walrus pour le dernier défi du samedi de l’année: élixir.

Élixir! Déjà rien que le mot avec tout ce qu’il avait de mystérieux. Il semblait sorti tout droit des contes de mille et une nuits. En tout cas dans l’imagination fertile de la petite.

Un « dé à coudre » d’Elixir d’Anvers, c’est ce que prenaient les dames, après les repas de fête, quand les hommes passaient au cognac.
Mini-Adrienne ne pouvait que constater que les hommes et les femmes ne buvaient jamais les mêmes sortes d’alcool.

L’Élixir d’Anvers était supposé avoir des vertus thérapeutiques. Tant de choses qu’on croyait bonnes pour la santé quand l’Adrienne était petite fille!

Mais allez savoir pourquoi, elle-même n’a jamais voulu y goûter: que ce soit l’odeur de l’élixir, du cognac ou du whisky, elle n’aime RIEN de tout ça…

Allez, bon passage à l’an neuf, et restez prudents 😉

G comme graffeur

Mais non, on n’est plus dans l’underground!
Graffeur, c’est un vrai métier.
Artistique.
Avec ses célébrités et les prix et la reconnaissance, tout ça, oui oui, qui l’eut cru, n’est-ce pas!

Aujourd’hui nous sommes respectables.
Et respectés.
J’aime dire qu’on maquille les murs, tu avoueras que c’est mieux que de maquiller des voitures volées!
Je dis qu’on les maquille parce que je trouve le mot plus joli que ‘faire du trompe l’œil‘.
On ne trompe pas l’œil, on lui offre du beau.
La preuve, même les musées nous passent des commandes!

Tu as vu mon book? Hein? Qu’est-ce que tu en dis?
Il y a tout, là-dedans, absolument tout!
Outdoor ou indoor, le prénom de ton enfant, ta BD préférée, un paysage entier, tous les tarifs, pour tous les budgets.
C’est illimité!

Tiens, on fait même ta déco de Noël, si tu veux.
Sapin classique ou arc-en-ciel, tu n’as qu’à demander!
On fait tout, tout, je te dis!

Quoi, après la fête?
Eh bien, tu repeins par-dessus!
C’est pas plus compliqué!

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Écrit pour l’Agenda ironique de décembre tenu cette fois par Photonanie – merci à elle – qui demandait d’écrire sur le thème de Noël et du sapin, d’utiliser le mot ‘graffeur’ et l’expression ‘être maquillé(e) comme une voiture volée’.

Ci-dessous encore une fois Matthias Schoenaerts mais en français (sa mère était prof de FLE héhé)

G comme G pas le temps

G comme Gaz (non pas le prix mais l’experte qui vous parle a eu besoin de beaucoup cafouiller avant de réussir à mettre en route sa nouvelle petite chaudière)

G comme Gentil (ils ont leur fête ces jours-ci, paraît-il, et ça offre un beau devoir sur table à l’ami Krapov – genre « vous avez trois heures » – parce que paraît-il que les gentils, on profite d’eux)

G comme GR (sentiers de grande randonnée, à cause de l’envie de vous parler de Maurice Cosyn – une image ici)

Bref, ce n’était pas les idées qui manquaient, juste le temps de les réaliser.

A plus tard!

I comme Intrigue

Chère Madame

C’est sur votre conseil que je viens de réaliser une œuvre qui est, me semble-t-il, créée pour surprendre les esprits chagrins des sélections officielles.

J’y ai mis de manière spontanée toute ma créativité, en toute liberté : les idées me sont venues comme par magie.

Ce tableau concrétise vraiment le sens que je veux donner à mon art.

Vous êtes la bienvenue au Salon des XX où j’aurai la joie d’exposer douze de mes œuvres. Joie et angoisse, vous connaissez mon naturel anxieux et mon appréhension pour ce genre d’aventure : votre œuvre vous échappe et est soumise à la critique, qui est loin d’être aussi généreuse que vous.

Veuillez transmettre mes meilleures salutations à votre mari, je garde le meilleur souvenir de mon séjour chez vous à Anvers,

Votre ami pour la vie

James Ensor

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L’intrigue est le nom du tableau de James Ensor – Texte écrit pour la consigne de Joe Krapov – merci à lui – qui demandait d’écrire une lettre avec des mots de cette liste 1: aide – libertéréaliserbienvenueconseil souvenirgénéreuxnaturel – baie de Somme – idéesspontané – surprise – esprit – passionné – magie profiter – joie – bonne humeur – être – simplicité – amiaventurecréer – joyeux – sourire – vivre – créativitéconcrétiserséjour – week-end

Cher ami

Merci de m’écrire des mots si aimables, mais vous exagérez mon rôle : c’est vous, votre passion de la peinture, votre regard acéré sur vos contemporains et tout ce cœur que vous mettez à votre ouvrage, c’est tout cela qui fera de vous un jour, je le sais, un monument de la peinture.

Ne soyez pas triste si la foule qui se presse aux expositions, plus pour être vue que pour voir, n’accueille pas vos tableaux en fanfare. Ne pensez à rien : montrez, tout simplement, montrez au monde, et bouchez-vous les oreilles pour les fâcheux.

Votre dévouée

Emma Lambotte

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Texte écrit avec des mots de la liste 2: sabotage – insulaire – penser à rien – vide – monumentoreilles – Arles – fanfarefoule – fool – regard – marabout – ficelle – tristepassiondes mots – brouhaha – mirador – amoureux – cœur – cannibale

G comme gratis!

Si vous voulez un renseignement sur un de ces milliers et milliers d’hommes et de femmes passés par les camps de concentration allemands, il faut payer.

Mais si vous êtes de la famille, c’est gratuit.

En lisant cette précision, l’Adrienne était partagée entre le dégoût et l’ahurissement.

Vous direz sans doute qu’il ne lui faut pas grand-chose pour être désarçonnée.
Et vous aurez raison, surtout s’il s’agit de sujets comme celui-là.

Bref, elle a introduit une demande, complété des formulaires, et elle attend la réponse.

C’est déjà un miracle qu’elle ait pu retrouver la date de la mort, le lieu et même le numéro de matricule.

Car oui, il y a un « livre des morts » où tout est bien noté.

Premier!

Dans une de ces nombreuses écoles où Madame a été réaffectée, il y avait deux Rita au secrétariat, et ce qui faisait beaucoup rigoler – elles les premières – c’est que l’une s’appelait Van Boven (d’en haut) et l’autre Van Beneden (d’en bas)

Alors quand Madame a vu sur le site d’Ostende qu’un certain Pierre-Joseph Van Beneden avait fondé le premier laboratoire et le premier aquarium destinés à l’étude de la biologie marine, en 1843, elle a d’abord pensé aux deux Rita avant de s’intéresser à Pierre-Joseph 🙂

Qui pourtant vaut plus que la peine qu’on le sorte de l’oubli!

Comme disent dédaigneusement nos voisins hollandais, vous les Belges, vous ne savez pas vous vendre 😉

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L’illustration (source ici, où on peut voir aussi un portrait du monsieur) montre l’emplacement de cet institut, au 19e siècle, sur l’Oosteroever d’Ostende, dans l’huîtrière de la famille Valcke-Deknuyt.

L comme Laetitia

Il en avait déjà été question ici, de Speculoos et de Trappist, et cette fois encore il s’agit d’une nouvelle fracassante – en tout cas l’Adrienne la trouve fracassante, cette nouvelle découverte dans l’exploration spatiale par les télescopes belges: trouver des planètes situées à plus d’une centaine d’années lumière de la terre, c’est de la physique qui devient de la métaphysique.

Bien sûr, dans la presse on retient surtout que c’est une « super Terre potentiellement habitable« 

Bref.

L’équipe de l’université de Liège est dirigée par Laetitia Delrez et ceux que le sujet intéresse peuvent lire toute l’info ici, sur le site de l’université de Liège, d’où vient aussi la photo d’illustration.

B comme baguette magique

Nommez une chose pour laquelle il n’existe pas de championnat, ça doit être assez rare 🙂

Celui de magie en tout cas existe et il vient d’avoir lieu à Québec.

Cette année, apprend-on dimanche soir, c’est un Belge qui l’a remporté, il s’appelle Laurent Piron et pratique ce qu’on explique dans cette vidéo de 2018: la magie nouvelle.

Voilà l’Adrienne embarquée immédiatement dans ses souvenirs d’enfance, à se rappeler les tours de magie de l’ami José certains dimanches après-midi.

Des « tours » et des trucs qu’il fallait acheter en magasin spécialisé, bien s’entraîner à réaliser correctement puis montrer au public constitué de trois adultes et quatre enfants.

Ébahis, les enfants; amusés, les parents.

Même si parfois ça ratait.

Alors l’ami José était le plus déçu de tous, lançait d’un air fâché: « C’est fini! J’arrête! » et les quatre petits poussaient des Oh! navrés et des Encore! suppliants.

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Les fans de l’ami José peuvent trouver ici les cinq billets qui lui ont été consacrés.

C’est qu’on l’a beaucoup aimé, l’ami José 🙂

U comme Universel

Ce qu’il y a de bien, au Grote Post, c’est qu’on peut s’y installer pour déguster des crevettes fraîchement pêchées de la nuit, fraîchement épluchées, qu’on peut y rester aussi longtemps qu’on veut, que le personnel est gentil et qu’on y trouve de la lecture.

Par exemple, la brochure de la saison culturelle ostendaise, où le chanteur belgo-portoricain Gabriel Rios Flore – il est arrivé de son Puerto Rico natal à Gand à l’âge de 17 ans – dit ceci:

« Pour moi la Belgique était exotique et je trouvais les gens intéressants. Les Belges sont réservés, quand ils n’ont rien à dire, ils se taisent généralement. Et ça, pour quelqu’un qui vient d’Amérique latine, c’est im-pos-si-ble. »

La chanson ci-dessous permet de conclure au moins deux choses: l’universalité de l’être humain (« je ne suis pas d’ici ni de là-bas ») et la différence de prononciation quand on est de « là-bas » et pas ibérique 😉

Repéré un peu tard, alors que ce billet-ci était programmé, voici tout de même le 132e devoir de Monsieur le Goût – merci à lui de poursuivre pendant les vacances, je n’osais pas y compter.

Elle avait attaché ses cheveux et mis ce qu’elle avait de plus sombre, optant même pour le total look noir dans l’idée que c’était chic et que ça mettrait en valeur la blancheur éblouissante de sa nuque dans l’arrondi du décolleté.

Lui trouvait de plus en plus agaçant cette manière qu‘elle avait de s’accrocher à son bras et de lui chatouiller la joue avec ses cheveux sous prétexte de lui glisser quelques mots à l’oreille.

Espérait-elle vraiment qu’il succombe à son charme ?

Quel charme, d’abord ?

Il trouvait ces bas noirs d’un goût douteux, surtout en ce juillet caniculaire, et l’odeur de son parfum le révulsait. Elle avait dû vider tout le flacon, elle empestait l’air autour d’elle.

Il devrait le savoir, pourtant, que c’est imprudent d’accepter un rendez-vous organisé par sa sœur – « Tu verras, elle va te plaire ! Vous avez tellement de choses en commun ! » – et cette visite au musée, qui normalement lui procure un kaléidoscope d’impressions et de sensations de joie et de bien-être, lui était pesante et interminable.

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Les mots imposés étaient: attacher – sombre – éblouissant – kaléidoscope – agaçant – douteux – imprudent – succomber – révulser – stellaire