O comme offre d’emploi

A Bruges, au musée du folklore, il y a un « estaminet » qui porte le nom De zwarte kat (le chat noir) et où il y a toujours eu un chat noir, appelé Aristide.

L’Aristide IV étant décédé, les musées brugeois ont lancé une très officielle offre d’emploi, rédigée dans les termes appropriés, pour trouver un Aristide V.

Une des conditions de base est bien sûr que le chat soit noir, parfaitement noir.

Provisoirement, pour les chats on peut encore avoir ce genre de requête 🙂

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La photo d’illustration est celle qui accompagne l’offre d’emploi.

Vous avez jusqu’au 28 mai pour vous proposer.

J comme Jacques

Avec l’amie de toujours, celle qu’on connaît depuis la maternelle, l’Adrienne est allée écouter un concert « Hommage à Brel » par le formidable Filip Jordens, qui a le bon physique, le bon grain de voix et va jusqu’à imiter la diction du grand Jacques.

En « bis » il a offert Quand on n’a que l’amour et l’Adrienne a dit à l’amie: cette chanson-là, elle a été écrite pour toi.

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Ceux qui comprennent le néerlandais peuvent l’entendre s’exprimer ci-dessous, invité à une émission télé chez nos voisins bataves, à propos de sa relation avec Jacques Brel, qui commence par la chanson Quand on n’a que l’amour, que ses parents avaient choisie pour leurs fiançailles.

Il y explique aussi qu’il est un pur produit belge, né en Flandre d’un père francophone et d’une mère néerlandophone 🙂

I comme Il était une fois…

Il était une fois un roi qu’on croyait triste alors qu’il était juste conscient du poids de sa responsabilité morale.

C’est ainsi que vers 1991-92, alors qu’il parcourait son pays dans tous les sens depuis déjà quarante ans, il lit dans le Knack une série d’articles qui l’interpellent.

Ils sont le fruit du travail d’investigation d’un jeune journaliste flamand, Chris De Stoop, qui a infiltré et mis au jour une organisation internationale de trafic de femmes en provenance du Sud-Est asiatique.

Le roi décide de rencontrer le journaliste, puis de se rendre personnellement dans un de ces foyers où ces femmes échappées de l’esclavage sont recueillies et aidées.

Il y fait la connaissance de Luz, une jeune femme des Philippines.

Tout cela fait grand bruit dans le petit pays, et ça décide les politiciens à entrer en action.

C’est ainsi qu’un an plus tard, quand le roi meurt en plein milieu de l’été, les présidents et autres têtes couronnées assistant à son enterrement ont la grande surprise de voir une Philippine en pleurs à côté d’un jeune journaliste qui lit le témoignage qu’elle-même est incapable de lire à cause de l’émotion qui la submerge.

D’autres journalistes, de ceux qui relatent ce genre d’événements « mondains », écriront qu’à l’enterrement de ce roi il y avait une prostituée.

C’est qu’ils n’ont rien compris à l’affaire.

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Écrit à la demande de Chantal, dans son commentaire mardi dernier.

Après cette première série de reportages, publiés en livre sous le titre « Ze zijn zo lief, meneer » (Elles sont si gentilles, monsieur, 1992), d’autres livres de Chris De Stoop ont suivi, dont celui qui a été traduit en français récemment Le livre de Daniel (Het boek Daniel, 2020), et qui est son avant-dernier.

Le tout dernier raconte la vie et la mort en temps de covid dans les maisons de repos, Hemelrijk (littéralement: le royaume des cieux) publié en 2022.

L comme locomotion

Ce qu’il y a de bien avec les trains et les gares, c’est que le voyageur débarque en plein centre ville: sortir de la Stazione Termini, au coeur de Rome, ou de la gare de Venise, c’est magique.

Mais en France pour le TGV, on a raisonné différemment: au débarquement, on est dans une « gare » créée spécialement au milieu de nulle part et il faut se débrouiller pour gagner le centre.

Oui, il y a des bus.
Enfin, il y a UN bus.
La ligne 40.

On sort donc avec une bonne centaine d’autres personnes dudit TGV et il y a un bus (maximum 50 places) qui est déjà à moitié plein.

On fait la queue.

Enfin, certains font la queue, d’autres resquillent 😉

Puis le chauffeur annonce que le bus est plein, il ferme les portes. On se dépêche de récupérer la valise qu’on avait mise dans la soute et on va faire la queue pour le bus suivant.
Où le même scénario se répète.

Ce qui fait que pour franchir les 15 kilomètres entre la gare TGV et la gare routière d’Aix, il a fallu deux heures et demie.

Oui, vous lisez bien.
Deux heures et demie.

C’est bien la peine de prendre un TGV, n’est-ce pas 😉

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Au retour, à Lille, c’est un bus belge qui attend les voyageurs désireux de se rendre à Tournai: c’est un bus de remplacement à cause de travaux à la voie.

Entrer ou sortir de Lille par la route n’est pas une sinécure et le chauffeur le sait.
Donc pour grignoter quelques précieuses minutes pour ceux qui ont un train à prendre à Tournai, au moment du départ il se lève de son siège, se tourne vers ses passagers et demande:

– Il y a quelqu’un qui veut aller à Froyennes? Non? Tout le monde va à Tournai?

L’Adrienne lui en est encore reconnaissante 🙂

Vive la Wallonie 🙂

I comme Incipit

Adrienne lit l’incipit d’Archives du Nord, de Marguerite Yourcenar, et se dit ‘Zut! voilà que je commence par le volume 2!’

« Dans un volume destiné à former avec celui-ci les deux panneaux d’un diptyque, j’ai essayé d’évoquer un couple de la Belle Époque, mon père et ma mère, puis de remonter au delà d’eux vers des ascendants maternels installés dans la Belgique du XIXe siècle, et ensuite avec plus de lacunes et des silhouettes de plus en plus linéaires, jusqu’au Liège rococo, voire jusqu’au Moyen Age. Une ou deux fois, par un effort d’imagination, et renonçant du coup à me soutenir dans le passé grâce à cette corde raide qu’est l’histoire d’une famille, j’ai tenté de me hausser jusqu’aux temps romains, ou préromains. Je voudrais suivre ici la démarche contraire, partir directement de lointains inexplorés pour arriver enfin, diminuant d’autant la largeur du champ de vue, mais précisant, cernant davantage les personnalités humaines, jusqu’au Lille du XIXe siècle, jusqu’au ménage correct et assez désuni d’un grand bourgeois et d’une solide bourgeoise du Second Empire, enfin jusqu’à cet homme perpétuellement en rupture de ban que fut mon père, jusqu’à une petite fille apprenant à vivre entre 1903 et 1912 sur une colline de la Flandre française. »

(édition de 1977 chez Gallimard, p.13)

Bon ben… yapluka retourner à la bibliothèque 🙂

C comme Chauffe, Marcel!

Eleonora se promène dans sa ville.

Elle réfléchit.

Elle a trouvé une solution pour les villas.

Elle en a été récompensée.

Maintenant elle cherche la solution pour les maisons de rangée.

Ce sera une autre paire de manches, comme dirait son père.

Mais elle est jeune et elle y croit.

Il faut bien faire quelque chose, non?

On compte sur sa génération!

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Photo @ Fred Hedin pour Bricabook 429. Merci à eux deux!

O comme oxalates

En 2020 une œuvre qui était accrochée dans l’hôtel de ville de la commune de Saint-Gilles et qu’on croyait être une copie de Jordaens a été certifiée et authentifiée comme il est décrit dans la vidéo ci-dessus, puis soumise à d’autres examens dans le cadre de la conservation du patrimoine pictural des 15e au 17e siècle.

Et c’est là qu’arrive le mot inconnu – pour l’Adrienne, pas pour les joyeux chimistes parmi vous – des oxalates.

Des oxalates métalliques qui déforment et abîment les couches de peinture pour lesquelles on a utilisé l’huile comme liant.

Donc à partir de Van Eyck.

Bref, tout ça est bien expliqué ici.

H comme Houthalen-Helchteren

Être octogénaire et avoir encore ses deux parents en vie, si vous croyez que c’est impossible, allez voir à Houthalen-Helchteren!

Un couple de presque centenaires vient d’y fêter ses noces de chêne, c’est-à-dire quatre-vingts ans de mariage.

Comme ils disent gaiement dans l’interview, « ‘t was van moeten« , c’était la case obligée, un bébé était en route, qu’ils avaient fabriqué pendant l’hiver 42-43.

Parce que vous savez comment ça va, ajoute le fringant Eduard, 99 ans sous sa moustache et son nœud papillon, il la trouvait bien mignonne, la sœur d’un de ses amis, « en van het een kwam het andere« , une chose en amène une autre.

Le jeune papa avait 19 ans, la jeune maman 17 et c’était pour tous les deux « eerste liefde« , le premier amour.

Encore jusqu’à aujourd’hui, conclut Angeline: « het leven kan mooi zijn« , la vie peut être belle.

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Les photos et la vidéo ici

O comme orgueil et préjugés

Janvier est l’époque des discours des chefs de parti et sous prétexte de joyeux rassemblements de nouvel an on constate qu’en réalité les sabres sont déjà bien affûtés en vue des élections communales et régionales de 2024.

Oui, 2024.

On constate qu’il n’est jamais trop tôt pour ressortir les vieilles recettes, celles qui marchent depuis la nuit des temps, Nacht und Nebel, celles de l’orgueil et des préjugés d’un « nous » forcément supérieur à tous les autres, ces « ils » et ces « eux » d’où provient tout le mal.

Alors que la réalité est tellement plus simple – et en même temps beaucoup moins vendeuse – non ce n’est pas « eux », ces autres pauvres ploucs qui vont t’appauvrir.

Ce sont ces 1% de riches toujours plus riches qui t’appauvrissent.

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L’illustration est celle d’un billet de novembre dernier.

Dernier défi

Des souvenirs d’enfance et de grand-mère Adrienne sont remontés en force dès la découverte du mot proposé par Walrus pour le dernier défi du samedi de l’année: élixir.

Élixir! Déjà rien que le mot avec tout ce qu’il avait de mystérieux. Il semblait sorti tout droit des contes de mille et une nuits. En tout cas dans l’imagination fertile de la petite.

Un « dé à coudre » d’Elixir d’Anvers, c’est ce que prenaient les dames, après les repas de fête, quand les hommes passaient au cognac.
Mini-Adrienne ne pouvait que constater que les hommes et les femmes ne buvaient jamais les mêmes sortes d’alcool.

L’Élixir d’Anvers était supposé avoir des vertus thérapeutiques. Tant de choses qu’on croyait bonnes pour la santé quand l’Adrienne était petite fille!

Mais allez savoir pourquoi, elle-même n’a jamais voulu y goûter: que ce soit l’odeur de l’élixir, du cognac ou du whisky, elle n’aime RIEN de tout ça…

Allez, bon passage à l’an neuf, et restez prudents 😉