Extraits:
« […] une scène de théâtre est un des lieux du monde où je suis heureux. […] Le bonheur […] est une activité originale aujourd’hui. La preuve est qu’on a tendance à se cacher pour l’exercer […].
Je lis souvent sous des plumes austères que des hommes d’action, ayant quitté la vie publique, se sont réfugiés ou se sont abrités dans leur vie privée.
Il y a un peu de mépris, vous ne trouvez pas, dans ces termes de refuge ou d’abri? Et, l’un ne va pas sans l’autre, de sottise.
Pour ma part, je connais au contraire beaucoup plus d’hommes qui se sont réfugiés dans la vie publique pour échapper à leur vie privée. Les puissants, par exemple, sont souvent des ratés du bonheur. De là vient qu’ils ne soient pas tendres.
[…] pour le bonheur, aujourd’hui, c’est comme pour le crime de droit commun: n’avouez jamais! Ne dites pas comme ça, sans penser à mal, ingénument, « Je suis heureux », car aussitôt, vous verriez autour de vous, sur des lèvres retroussées, votre condamnation. « Ah, vous êtes heureux, mon garçon? Et que faites-vous des orphelins du Cachemire? Ou des lépreux de la Nouvelle-Zélande qui ne sont pas heureux, eux, comme vous dites? » […] Et aussitôt, nous voilà triste comme des cure-dents.
Pourtant, moi, j’ai plutôt l’impression qu’il faut être fort et heureux pour bien aider les gens dans le malheur. Celui qui traîne sa vie et succombe sous son propre poids, ne peut aider personne. Celui au contraire qui se domine et qui domine sa vie, celui-là peut être vraiment généreux et donner efficacement. […] »
et pour ceux qui ont une heure à consacrer à un reportage qui fait du bien:
L’Adrienne aime Camus qui aime la chaleur du soleil, ce qui fait tout de même une différence fondamentale entre eux 🙂