Mardi dernier, en allant voir d’où venaient les visiteurs du blog, l’Adrienne est tombée sur une adresse IP « cachée » portant le nom de CIA triad security.
– Mince! s’est-elle dit, j’aurai sûrement dit trop de mal de l’armée américaine, avec mes traductions de Dimitri Verhulst!
Mais vérification faite, il s’agit d’une firme (?) qui s’occupe de sécurité en ligne. Ou un truc du genre, pas pris le temps d’approfondir la question, sauf que l’adresse IP « cachée » menait à Berlin 😉
Bref.
Puis le même jour elle a lu ceci: grâce à des stylos connectés, on peut s’assurer que l’élève travaille et on peut télécharger ce qu’il écrit, le corriger, le lui renvoyer.
Pas de répit, ni pour l’élève, ni pour le prof.
C’est aussi une forme de surveillance, qui s’ajoute encore à cette autre possibilité: le casque permettant de mesurer l’activité cérébrale de l’enfant et donc de détecter l’instant où il serait distrait…
Vous comprendrez donc que Madame est de plus en plus heureuse d’avoir l’âge qu’elle a!
Sinon, si vous voulez vraiment vous faire encore plus peur, il y a aussi ceci. Ou ceci. Ou…
Non rassurez-vous, on s’arrête 😉
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La photo d’illustration a été prise il y a quelques années dans une librairie islandaise, où Gaston s’appelle Viggo. Si on suit le modèle chinois, bientôt plus aucun enfant ne saura ce qu’est une cocotte en papier 😉
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Et pendant tout le temps de la rédaction de ce billet, un type qui avait garé sa belle et précieuse voiture-boîte-à-sardines juste en face, a cherché désespérément comment désactiver l’alarme. Ouvert ses deux portières. Ouvert le coffre. Passé des coups de fil… Comme quoi, il y a encore moyen de rigoler, malgré tout 🙂
Le Boeing 747-8 de Francfort atterrit à Shanghai avant l’aube. Je me sens vaseux, fatigué, comme d’autres passagers après un vol d’environ onze heures au cours duquel les lumières se sont rallumées toutes les quatre heures pour que le personnel de bord puisse prendre notre température, qu’il faut noter au dos de notre carte d’embarquement.
Voor dag en dauw landt de Boeing 747-8 uit Frankfurt in Shanghai. Ik ben suf en moe, net als andere passagiers, na een vlucht van een kleine elf uur, waarbij dan nog eens om de vier uur de lichten van de cabine aangaan en het boordpersoneel rondgaat om je temperatuur op te meten. « In order to comply with the rules of the People’s Republic of China », meldt de captain. Op de achterkant van je boarding pass moet je je temperatuur noteren. Ik weet ongeveer wat er me te wachten staat als ik als één van de eersten uitstap in Shanghai.
Celui qui parle est un sinologue Belge, il vit en Chine depuis 12 ans et tenait à y retourner, même s’il savait combien les formalités allaient être lourdes, compliquées, contraignantes. Tests en Belgique avant le départ, tests à bord, tests à l’arrivée et deux semaines de quarantaine dans un hôtel spécialement prévu pour cela, comme il le relate dans un second article. Car pour la Chine, explique-t-il, il n’est pas question d’immunité de groupe ni de limiter les cas, on veut carrément atteindre le zéro. Zéro cas de covid-19.
« Il parcourt le formulaire que j’ai dû compléter en ligne avant le départ. Où j’habite, si j’ai fréquenté des bars ou suis allé à des événements publics sans être masqué, etc. et en bas de page une note me prévient de poursuites judiciaires si je fournis des données incorrectes. En Chine, ça ne rigole pas. »
Hij overloopt mijn gezondheidsverklaring die ik vooraf online had doorgegeven. Waar ik woon, of ik bars heb bezocht de laatste weken of naar openbare evenementen was gegaan zonder mondmasker, en zo verder, met de noot onderaan op het formulier dat foutieve info verstrekken strafrechtelijk vervolgd kan worden. China lacht er niet mee.
Zhengchang, tout est normal. Ce sont les seules paroles que j’entends sur une journée et mes seuls contacts humains […] à neuf heures et à quatorze heures, après un grand coup frappé à la porte.
‘Zhengchang ah, alles normaal.’ Het zijn de enige twee woorden die elke dag tegen me worden gesproken en dus ook meteen het enige menselijke contact. Dat op zich valt al bezwaarlijk normaal te noemen, maar alles went. Deze minidialoog speelt zich elke dag klokvast om 9 uur en om 14 uur af. De aankondiging van dit dagelijks ritueel is een hard gebonk op de deur.
Jusqu’à présent la Chine ne rapporte que 85 372 cas de Covid-19 dont presque 80% se situent dans la province de Hubei avec Wuhan comme épicentre. Shanghai compte 997 cas dont 90 sont des gens arrivés de l’étranger. Alors que c’est une métropole de 34 millions d’habitants. Même si ces chiffres étaient incomplets on peut tout de même affirmer qu’il n’y a pas de véritable irruption de la maladie.
China rapporteerde tot nu toe 85.372 gevallen van Covid-19, maar net geen 80% van die gevallen waren in de provincie Hubei, met de provinciehoofdstad Wuhan als epicentrum. Shanghai telt in totaal 997 gevallen waarvan ongeveer 90 mensen die positief testten bij aankomst uit het buitenland. En dat voor een metropool van 34 miljoen mensen. Zelfs al zouden die cijfers onvolledig zijn, dan is het nog steeds veilig om te stellen dat Shanghai nooit een serieuze uitbraak heeft gekend.
Il m’arrive de regarder par la fenêtre pour voir un peu de ‘vie normale’. Dans le bloc commercial d’en face, des étudiants viennent prendre leurs repas et sans doute aussi des bières, vu le bruit jusqu’à deux heures du matin. Je compte les masques: jamais je ne suis arrivé à plus de deux pour cinquante personnes, y compris les serveuses. Je vois peu de signes d’une ‘nouvelle norme’ ou d’une vie avec le Covid-19, comme en Occident, mais un monde où ce covid n’existe pas.
Op dode momenten staar ik uit het raam om een blik op te vangen van het normale, dagelijkse leven. In het commerciële blok tegenover me komen de studenten van de campus hun maaltijden nuttigen en, gezien het lawaai en gebral tot 2 uur ‘s nachts, vermoedelijk ook hun pintjes drinken. Ik tel het aantal gedragen mondkapjes: nooit meer dan twee op vijftig mensen geteld, inclusief de diensters van het restaurant. Ik zie weinig sporen van een « nieuw normaal » of « leven met Covid19 » zoals in het Westen, enkel een wereld waar covid-19 niet bestaat.
Un test négatif est la seule chose qui me sépare encore d’un retour au monde extérieur. Le 12e jour la brigade de testeurs frappe à ma porte sans s’être annoncée. On me dit d’arrêter la clim, d’ouvrir les fenêtres et de m’asseoir avec le dossier de la chaise tourné vers le couloir. J’étais en pleine ‘conference call’ avec une entreprise de Singapour et j’ai pu la poursuivre après avoir reçu deux bâtonnets dans le nez et un dans la gorge. Le verdict et mon éventuelle attestation de sortie suivront après-demain.
Een negatieve coronatest afleggen is alles wat me nog scheidt van een terugkeer naar de buitenwereld. Op dag 12 wordt op mijn deur geklopt door de Covid testbrigade die onaangekondigd kamer per kamer afgaat om stalen af te nemen. Ik krijg de instructies om de airco uit te zetten, het raam te openen en mijn stoel met de rugleuning naar buiten gericht in het deurportaal te plaatsen. Ik had mijn conference call met een Singaporees bedrijf onderbroken, met de melding dat ik even een Covid test moest gaan afleggen. Twee staafjes in de neus en één in de keel later vervoeg ik de vergadering, tot complete verbazing van mijn gesprekspartners. Het verdict en mijn eventueel vrijlatingsattest volgen overmorgen.
Poursuivre le voyage jusqu’à ma destination finale à Chengdu n’est pas une option parce que cette ville exige une quarantaine de sept jours chez soi – avec l’appartement sous scellés – en plus des quatorze qu’on a déjà passés et je n’ai pas envie d’avoir un affichage à ma porte « ici vit une personne présentant un risque de contagion ». Je préfère une autre façon de faire connaissance avec mes nouveaux voisins et resterai donc encore un peu à Shanghai.
Doorreizen naar mijn eigenlijke eindbestemming – mijn nieuwe stek in de stad Chengdu – hou ik nog even af. Het stadsbestuur eist er immers na 14 dagen hotelquarantaine nog 7 dagen thuisquarantaine, waarbij je appartement wordt verzegeld. Ik stel me de waarschuwingsborden al voor: « Hier woont een mogelijk besmettingsgevaar! » Ik kan me toch een betere kennismaking met mijn nieuwe buren voorstellen. Ik blijf dus best nog even in Shanghai.
Extraits du second article qu’on peut lire en entier ici
Si on vous demande, à votre avis, cette info est-elle vraie ou est-ce un canular: « Le ministère chinois de la santé recommande de traiter les malades du covid-19 à l’aide de bile d’ours et de poudre de corne de chèvre« , vous allez sans doute penser comme l’Adrienne que ce ne peut être qu’un canular.
Ou en tout cas vous allez espérer que c’en est un.
Ou un poisson d’avril, même si on est le 2.
Puis vous lisez l’article et vous constatez qu’il n’y a pas de limites à vos sources de stupeur et de tremblements.
Un petit extrait spécialement choisi pour faire rire Heure-Bleue 🙂
Ouais. Je m’aperçois que je suis tout connement en train de vous dire « Maubert, ça devient de la merde ». Du faux vrai vieux et du neuf en papier aluminium. C’est vrai. La preuve, c’est que le café Panis, au coin du pont, vient de se refaire une beauté, exactement comme quand il était neuf. Ça ne trompe pas. L’authentique accourt derrière les charretées de touristes chinois à gueule de fauchés qui s’instruisent. Ils ne vont d’ailleurs pas chez Panis, un troquet français c’est encore trop cher pour eux. Ils s’assemblent devant une boutique de montres fantaisie en poussant des gloussements qui doivent être des rires en chinois. Je suppose qu’ils ont reconnu les montres qu’ils ont faites eux-mêmes, dans leur usine du Yang-Tsé-Kiang.
François Cavanna, Crève, Ducon!, éd. Gallimard, 2020, p. 70.
Amis tintinophiles, vous aussi vous l’avez reconnu, ce beau dragon bleu – dynastie Ming, règne de Jiajing (1522-1566) pour ceux qui veulent tout savoir 😉
Je ne sais pas si Hergé, en plus de l’info fournie par son ami Tchang sur la situation en Chine dans les années 30, est allé voir les porcelaines du musée Guimet, mais en passant devant cette grande jarre on ne peut que se rappeler celle-ci:
Après la bonne nouvelle des trains de nuit entre Bruxelles et Vienne qui seront remis en service dès janvier 2020 – la seule inconnue étant le prix qui sera demandé pour une couchette – voilà qu’on peut lire qu’un train de marchandises relie désormais Yiwu (Chine) à Liège.
Ce n’est pas le premier, dit l’article: un autre relie la Belgique à la Chine pour le transport de Volvo.
Deux fois par semaine, le train de Yiwu devrait transporter principalement des produits cosmétiques et de l’électro-ménager. Ce qu’il transporte dans l’autre sens n’est pas précisé. Sur des plate-formes comme Alibaba, les Européens achètent des tas de produits made in China. Et les Chinois? Achètent-ils européen?
Mais alors mais zalors, se demande l’Adrienne, pourquoi ne pas aussi laisser un ou deux wagon à des voyageurs? Ce serait super de traverser l’Allemagne, la Pologne, la Biélorussie, la Russie, le Kazakhstan… et toute la Chine jusqu’à Yiwu 🙂
Puis de revenir tranquillement en sens inverse.
Pakjestrein tussen Luik en China
Vanuit de stad Yiwu, in het oosten van China, is gisterochtend een vrachttrein vertrokken richting Luik. De trein met 200.000 pakjes wordt binnen tien tot vijftien dagen in Luik verwacht, na passages door Kazachstan, Rusland, Wit-Rusland, Polen en Duitsland.
De verbinding zal normaal twee keer per week worden uitgevoerd door Cainiao, de logistiekafdeling van de Chinese internetreus Alibaba. Er zullen vooral cosmeticaproducten en huishoudtoestellen mee naar Europa worden vervoerd.
Alibaba bouwt in Luik zijn eerste Europese hub uit, een eerder aangekondigde investering van 75 miljoen euro.
Het is niet de eerste vrachtverbinding per trein tussen België en China. Er worden al langer Volvo-wagens over het spoor vervoerd van en naar China. (blg)
Parfois, c’est le hasard qui apporte une réponse à une question qu’on se posait depuis longtemps mais pour laquelle on n’avait jamais vraiment pris le temps de chercher.
Le hasard, cette fois, avait la forme d’un magazine féminin que ma mère me prête pour que j’en fasse les mots croisés. Une page y était consacrée à quelques citations de Confucius.
Longtemps déjà que je me demandais comment un Chinois pouvait porter un nom si peu chinois, et par quels effets de hasard il était connu aujourd’hui sous ce nom-là et pas sous celui d’origine, Zhongni Qiu. Si la réponse vous intéresse, il suffit de cliquer sur le lien 🙂
La question suivante à présent est comment les Chinois se sont débrouillés pour pouvoir dire avec autant de précision d’un homme du cinquième siècle avant notre ère qu’il est né un 28 septembre et mort un 11 mai.
Et comment on fait pour avoir des sourcils longs de dix centimètres 🙂
Fatigué d’errer entre tours de bureaux et chantiers, j’ai fini par atterrir, au détour d’une rue grouillante, dans un minuscule bar à nouilles dont les tables encombrent le trottoir. Là, j’avale mon bol de soupe au milieu de vieux Chinois indifférents. La première fois, j’ai commandé Dieu sait quel plat en montrant du doigt une phrase en chinois sur la feuille tachée servant de menu. Depuis, dès que je me pose sur un tabouret, le cuisinier m’apporte le même brouet, quelle que soit l’heure, sans attendre ma commande.
Alain Berenboom, Hong Kong Blues, éd. Genèse, Paris-Bruxelles, 2017
Moe van het dolen tussen torenflats en bouwterreinen, ben ik na een straat bomvol mensen, uiteindelijk terechtgekomen in een piepkleine noedelbar waarvan de tafels de stoep versperren. Daar drink ik mijn soep op, te midden van oude, onverschillige Chinezen. Bij mijn eerste bezoek heb ik god weet wat besteld door met de vinger te wijzen naar iets in het Chinees op het vieze blaadje dat de menukaart voorstelt. Sindsdien, zodra ik op een krukje ga zitten, brengt de kok me hetzelfde brouwsel, om het even hoe laat het is, zonder te wachten op mijn bestelling.
Traduction de l’Adrienne, réalisée pour Found in translation, Passa Porta 2018
Cela fait un mois que je tourne en rond. Les flics locaux ne veulent pas croire que j’ai perdu mon passeport. Encore moins qu’on me l’a volé. Il paraît qu’il n’y a pas de malandrins à Hong Kong. Pas un seul pickpocket, tire-laine ou vide-gousset. Pas le moindre truand, même dans les Nouveaux Territoires, réputés plus interlopes. Et les fameuses triades ? Encore une invention de romanciers en mal d’exotisme ? Non, Monsieur. Mais elles ne s’intéressent qu’aux crimes industriels, drogue en containers, escroqueries bancaires et détournements financiers. En toute légalité. Pas à des combines minables. Donc, si je n’ai plus de passeport, c’est que je l’ai vendu.
Een maand dat ik ronddool. De plaatselijke flikken willen niet geloven dat ik mijn paspoort kwijt ben. Nog minder dat het gestolen is. Naar het schijnt zijn er geen boefjes in Hongkong. Geen enkele zakkenroller, kruimeldief of jatter. Niet één gangster, zelfs niet in de New Territories, ondanks hun louche reputatie. En de beruchte triades? Is dat ook al een uitvinding van romanschrijvers op zoek naar exotisme? Neen, mijnheer. Maar ze tonen enkel interesse voor misdaad op industriële schaal, drugs in containers, bankenzwendel en geldverduistering. Volledig legaal. Geen amateuristisch gesjoemel. Bijgevolg, als ik geen paspoort meer heb, zal ik het verkocht hebben.
Une naissance, n’est-ce pas toujours une bonne nouvelle, me direz-vous. Oui, mais que penser de la venue au monde d’un bébé, quatre ans après la mort de ses deux parents? Après une longue procédure engagée par ses quatre grands-parents?
On peut tout de même se poser quelques questions…
A commencer par l’âge des grands-parents.
Ou l’absence d’oncles et de tantes, au cas où…
Du partage des rôles entre les quatre grands-parents…
Mais ce qui m’a surtout frappée de stupeur – et me fait trembler pour l’enfant – c’est que les grands-parents ont l’intention de ne lui dire la vérité que « le plus tard possible ».
Le plus tard possible? Faudra-t-il qu’il la découvre lui-même par inadvertance? Combien de temps peut-on faire croire à un enfant que ses parents « vivent à l’étranger »? Quel enfant ne s’étonnerait pas – ne s’inquiéterait pas! – de ne jamais ni les voir ni les entendre, à une époque où tout ça est possible à distance? Combien de gens devront être complices de ce mensonge? Tout ça a-t-il été pensé et projeté en fonction du bien de l’enfant?
Elles marchaient devant moi rue Royale, l’une après l’autre, traînant leur grosse valise. La plus jeune traînait aussi les pieds. En la dépassant, j’ai failli lui dire qu’elle usait ses chaussures.
Je me suis arrêtée devant un graffiti. J’ai sorti mon appareil photo. C’est alors que la plus jeune m’a abordée. Elle agitait devant moi un feuillet imprimé de g**gl*m*ps et parlait un anglais assez pénible.
– Where are we?
Quand je lui ai répondu « Rue Royale! », j’ai bien vu que ça ne l’aidait pas.
– Where do you want to go?
Elle agite de nouveau son feuillet g**gl* où on peut voir un minuscule plan de rue. Dans sa réponse, je saisis le mot « hôtel ».
J’examine le plan. Je lui explique qu’elles doivent rebrousser chemin et prendre à gauche au premier carrefour. Elle me regarde comme si je parlais chinois alors que c’est elle la Taiwanaise.
– Ok! I’ll go with you.
Et me voilà les accompagnant jusqu’à leur hôtel, 34 rue de l’Association, oubliant complètement la photo humoristique que je voulais prendre.
– People in Belgium are so friendly! me dit-elle en me remerciant.
Alors qu’elles venaient seulement d’arriver de l’aéroport.