Tout l’été, pendant mes travaux de peinture ou de jardinage, je n’ai jamais manqué de saluer chaque passant: peut-être étaient-ce des voisins?
Un après-midi que nous prenions notre pause-thé, ma carissima nipotina et moi, installées à l’ombre de la maison, il y avait un tel défilé de familles sur le trottoir à côté de nous que me voyant continuer de dire bonjour à tous, elle me demande:
– Et tu vas tenir le coup comme ça encore longtemps?
Il était évident que toute cette foule ne pouvait pas être constituée de voisins mais j’ai continué à saluer chaque passant d’un « Goeiendag! Bonjour! ». Même après avoir constaté que c’étaient des gens qui étaient venus se garer là pour aller à la fête de la petite école d’en face.
Soit.
Puis un soir en rentrant de chez ma mère, une dame attablée à une terrasse de tea-room m’apostrophe:
– Et bien? vous ne me reconnaissez pas?
Dans ces cas-là, mon cerveau se met à faire un tri rapide parmi toutes les têtes de parents d’élèves et d’anciens élèves… mais ce n’était pas là qu’il fallait chercher.
– Excusez-moi, dis-je, j’ai le soleil dans les yeux.
– Je suis votre voisine!
Très juste: la dame de l’autre rue, que je voyais parfois à sa porte, secouant sa « loque à poussières », portant tablier et savates. Comment aurais-je pu la reconnaître
– Ah oui! bien sûr! dis-je.
Un soir de la mi-décembre, en rentrant de l’école, j’arrive à hauteur de ma voisine, la vraie seule et unique. Il fait froid mais elle marche nu-tête pour ne pas abîmer le casque d’or que vient de lui sculpter son coiffeur. Je rabaisse mon capuchon pour lui souhaiter le bonsoir.
– Vous habitez déjà là? s’étonne-t-elle.
– Mais oui! depuis octobre!
– Ah! je ne vous avais pas encore entendue!
Et moi qui m’inquiétais de mon aspirateur, de ma télé, de mes bricolages, de mes visiteurs au rire tonitruant.
Trois maisons plus loin, il y a Marie-Paule, qui m’a offert deux ou trois fois des légumes de son potager. De l’autre côté, le vieux monsieur qui fait vingt mètres de promenade quotidienne jusqu’à mon jardinet. Nous nous désolons ensemble du liseron qui envahit le sentier.
J’aime bien mon nouveau voisinage
Puis, le matin du 24 décembre, un autre voisin me signale que des tuiles sont tombées du toit…
La malédiction de Noël me poursuit, dirait-on…
Lui aussi est un de mes nouveaux voisins
un de ceux qui n’attendent pas d’être invités pour entrer
et qui vous piquent votre tartine au jambon