K comme krapoverie

Tout était en l’air au château de M**l*ns*rt. Dupont et Dupond, le capitaine et Tintin, allaient et venaient, montaient et descendaient l’escalier, couraient dans les corridors, heurtaient, Nestor, dérangeaient le professeur Tournesol, cherchaient Milou. Bianca Castafiore et Irma soupiraient devant toute cette agitation, qu’elles ne partageaient pas, habituées qu’elles étaient aux séances d’habillage, de maquillage et à l’effervescence des plateaux de cinéma; elles étaient assises dans un salon qui donnait sur le chemin d’arrivée et pouvaient voir que chevaux, calèches et figurants étaient déjà en place.

De minute en minute, Tintin ou un de ses amis passait la tête à la porte et demandait :

« Eh bien ! toujours pas de nouvelles de Milou ?

– Rien de ce côté, répondait le Rossignol milanais sans même regarder.

Elle était plongée dans un magazine, assez satisfaite de la façon dont le journaliste avait repris ses mots sur l’art et le travail: mon travail, c’est de l’art, lui avait-elle dit, et la rédaction avait choisi de mettre cette petite phrase en gros titre, accompagné d’une photo de son meilleur profil.

Oui, elle était satisfaite.

Finalement, le seul à n’avoir pas été à la hauteur, c’était son violoncelliste.

Mais elle en avait l’habitude.

***

écrit d’après la consignes de Joe Krapov, Problèmes.
Merci à lui!

Les fans de la Comtesse auront reconnu l’incipit des Vacances, le livre préféré de l’Adrienne quand elle avait onze ans 🙂

K comme krapoverie

La célèbre Sophie dévoile ici celui qui a été sa source d’inspiration pour le personnage du général Dourakine: il s’agit de son oncle préféré, le général Krapovine.

Dépêchez-vous de commander le livre qui vous dira tout sur une des plus belles figures de son œuvre romanesque!

Une petite mise en bouche?

On arriva à Gjatsk à sept heures. L’auberge était mauvaise : des canapés étroits et durs en guise de lits, deux chambres pour cinq voyageurs, un dîner médiocre, des chandelles pour tout éclairage. Le général allait et venait, les mains derrière lui ; il soufflait, il lançait des regards terribles. Personne ne lui parlait, de crainte d’amener une explosion de colère; mais, pour le distraire, on causait entre nous.

« Le général ne sera pas bien sur ce canapé, mon ami ; si nous en attachions deux ensemble pour en faire un lit ? »

Le général se retourna d’un air furieux. Je m’empressai de dire :

« Quelle folie, ma chère ! le général, ancien militaire, est habitué à des couchers bien autrement durs et mauvais. Crois-tu qu’à Sébastopol il ait eu toujours un lit à sa disposition ? La terre pour lit, un manteau pour couverture ! Et même parfois la neige pour matelas, le ciel pour couverture ! Le général est de force et d’âge à supporter bien d’autres privations. »

Le général était redevenu radieux et souriant.

« C’est ça, mon ami ! Bien répondu. Ces pauvres femmes n’ont pas idée de la vie militaire. »

Sophie de Ségurine, Le général Krapovine, éd. Fotofunia, 2020, p.12 (incipit).

***

sur une idée de Joe Krapov, que je remercie:

Pendant ce confinement d’un mois, il vous est possible d’écrire un roman, un essai, un livre de recettes de cuisine, de beauté ou de santé.
Simplement votre éditeur a besoin :
Du titre du livre (pas trop long, SVP) ;
Du pseudonyme sous lequel vous allez le publier (c’est obligatoire, tout le monde doit sortir masqué ces temps-ci) ;
De l’illustration de couverture ;
Du texte de la quatrième de couverture.
Si en plus de cela vous pouvez lui envoyer le début du livre il sera le plus heureux des hommes !

F comme fantaisie

lakévio115

Ma petite maîtresse – la bougresse –

m’aimait beaucoup – sans licou – au cou.

elle me soignait – du poignet –

me caressait – avec succès.

Quand il faisait mauvais – sans duvet –

et que nous ne pouvions pas sortir – sans pâtir –

elle venait me voir dans mon écurie – sans tilbury –

elle m’apportait du pain – et son calepin – 

de l’herbe fraîche – pour ma crèche – rêche, rêche.

des feuilles de salade – à m’en rendre malade –

des carottes – par pleines bottes –

elle restait avec moi – et son siamois –

longtemps, bien longtemps – son chat mécontent –

elle me parlait – de notre valet – laid, laid.

croyant que je ne la comprenais pas – ni ses appâts –

elle me contait – qu’il la montait!

ses petits chagrins – je suis un bourrin –

quelquefois elle pleurait – aujourd’hui j’en brairais!

***

photo et consignes chez Lakévio:

/…/ Ma petite maîtresse m’aimait beaucoup ; elle me soignait, me caressait. Quand il faisait mauvais et que nous ne pouvions pas sortir, elle venait me voir dans mon écurie ; elle m’apportait du pain, de l’herbe fraîche, des feuilles de salade, des carottes; elle restait avec moi longtemps, bien longtemps; elle me parlait, croyant que je ne la comprenais pas; elle me contait ses petits chagrins, quelquefois elle pleurait. /…/

Voici un court texte de quelques lignes. (Vous aurez reconnu Les Mémoires d’un Ane de notre chère Comtesse de Ségur). Le jeu sera d’en doubler le volume à l’aide d’adjectifs, d’adverbes et de propositions relatives ou subjonctives (qui, que, quoi, dont, où, lequel, duquel, avec laquelle, parce que, pour que, depuis que, pendant que, etc…) Rappelez-vous vos cours de grammaire ! Ben, quoi ? C’est la classe, ici !)

L comme livres

J’ai trouvé dans ma bibliothèque
de gros volumes cartonnés
portant la signature du grand-oncle Aimé.

J’ai trouvé dans ma bibliothèque
recouverts d’un vieux papier vert
les livres de classe de mon beau-père.

J’ai trouvé dans ma bibliothèque
dans un manuel de bricolage
une photo de notre mariage.

Les romans d’amour hérités de tante Simonne
Les Comtesse de Ségur reçus de Marie-Louise
Les Jules Verne cadeaux de madame Henriette

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 Les grands classiques, les lectures imposées, une collection de romans pour la jeunesse, les recueils de poèmes, les anthologies historiques, tout le théâtre de Ghelderode et d’Ionesco, de Racine et de Molière, toute la poésie du 16e siècle, de Verlaine et de Rimbaud.

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Jacques Prévert et Jacques le fataliste. François Mauriac et François le Champi. Madame de la Fayette et madame Bovary.

Tout emballer, tout répertorier, tout déménager, tout reclasser, tout replacer.

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Pourtant je ne suis pas bibliothécaire Clin d'œil

***

texte écrit pour les Croqueurs de mots n°127
http://c-estenecrivantqu-ondevient.hautetfort.com/archive/2014/06/30/defi-n-126-5383002.html

 Merci à Enriqueta de m’avoir prévenue!

Et bonne fête nationale aux amis français Sourire

L comme le livre qui a marqué votre enfance

Le jeu est proposé par Martin Winckler sur son site http://wincklersblog.blogspot.com/: Quel est le livre qui a marqué votre enfance?

Le mien commençait ainsi:

Tout était en l’air au château de Fleurville. Camille et Madeleine de Fleurville, Marguerite de Rosbourg et Sophie Fichini, leurs amies, allaient et venaient, montaient et descendaient l’escalier, couraient dans les corridors, sautaient, riaient, criaient, se poussaient. Les deux mamans, Mme de Fleurville et Mme de Rosbourg, souriaient à cette agitation, qu’elles ne partageaient pas, mais qu’elles ne cherchaient pas à calmer; elles étaient assises dans un salon qui donnait sur le chemin d’arrivée. De minute en minute, une des petites filles passait la tête à la porte et demandait: « Eh bien, arrivent-ils?

– Pas encore, chère petite, répondait une des mamans.

– Ah! tant mieux, nous n’avons pas encore fini. »

Et elle repartait comme une flèche.

« Mes amies, ils n’arrivent pas encore; nous avons le temps de tout finir. »

***

La lecture m’était interdite, mais un jour une ancienne collègue de ma mère m’a offert toute sa collection de la comtesse de Ségur, parue chez Hachette vers 1930. Cet incipit, que je connaissais par coeur jusqu’à la troisième page, tellement je l’avais lu et relu, est celui des Vacances.

Je me souviens que dès les premières lignes, j’ai été subjuguée: cette lecture avait pour moi tout du conte de fées sans en être un cependant. J’apprenais beaucoup de choses, et pas seulement du vocabulaire, comme le mot ‘vaisseau’ ou ‘poltron’ ou ‘brodequins’. Ils ne m’étaient pas très utiles dans la vie courante mais ils m’enchantaient. En particulier, les ‘brodequins’ de mademoiselle Tourneboule Clin d'œil

Ce que j’apprenais surtout, c’est qu’il existait des maisons dans lesquelles il était permis de courir. De rire à haute voix. De sauter. Qu’il existait des mamans qui s’adressaient à leur fillette en l’appelant « chère petite ». Que parents et enfants faisaient des activités amusantes ensemble. Ils allaient pêcher des écrevisses. Cueillir des fraises des bois. Construire des cabanes.

Et puis il y a cette merveilleuse histoire du naufrage et comme dans l’Avare de Molière, que je n’ai lu que beaucoup plus tard, bien sûr, toute une famille est à nouveau réunie, madame de Rosbourg et Marguerite retrouvent leur père, capitaine de vaisseau naufragé, et Sophie retrouve son cousin Paul qui a lui aussi été sauvé du naufrage et adopté par le capitaine.

Je ne me souviens plus si bien du long récit de leur séjour sur l’île (hahaha il faudra que je relise Les vacances pendant les vacances Cool) mais je me souviens que ce livre m’a enchantée et m’a apporté beaucoup d’émotions à chaque fois que je le relisais.

Je me souviens bien aussi de la fin, absolument digne d’un conte de fée, puisque l’auteur nous rassure en nous disant que chacun des enfants de l’histoire a trouvé l’époux qu’il lui fallait: Sophie épouse Jean, Marguerite épouse Paul et une petite soeur naît encore juste à point chez les de Rosbourg pour devenir l’épouse de Jacques.

Et Léon le poltron? Il devient glorieux général de l’armée et se retire couvert de panache à l’âge de 40 ans.

Je me disais que 40 ans, c’était bien vieux Clin d'œil

lecture,souvenirs d'enfance,vive la famille

mon exemplaire date de 1930 et est illustré par A. Pécoud

***

C’est après la lecture de ce livre que j’ai pris du papier et un crayon pour me mettre à la rédaction de mon premier manuscrit. Je me suis assez vite rendu compte qu’écrire un livre, c’était un gros gros travail. D’autant plus que c’était moi aussi qui faisais les illustrations Langue tirée

Son titre: Les vacances.

Et j’ai fait plus fort que Romain Gary: j’ai signé mon oeuvre

Comtesse de Ségur née Rostopchine

 

 

 

Les 7 vies de mes chats

Voici mon chat d’hiver.

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Avec le froid et la neige que nous avons eus, Pipo et sa mère étaient plus indélogeables que jamais. Voici Pipo qui se colle à la vitre pour me signaler que c’est fait, le petit pipi, et que je peux lui rouvrir ma porte.

Puis retour bien au chaud dans la boîte que j’ai descendue du grenier et qui contient ma collection de livres de la comtesse de Ségur… A force d’en parler dans des « tags » et autres questionnaires, l’envie m’est venue de les relire (hahaha)

Alors qui c’est, Les deux Nigauds?

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un bilan du 20 où il faut s’en tenir à 15

J’avais promis ma réponse pour le 20, donc la voici: quels sont les 15 auteurs qui m’ont le plus marquée? je vous les donne dans l’ordre chronologique de leur rapport avec ma petite vie… Et entre-temps de nombreuses blogamies ont déjà relayé ce défi de Margotte  – voir http://leblogdemargotte.unblog.fr/2010/11/10/ardoise/

1.ceux qui m’ont donné l’envie de devenir écrivain (lol):

Vers mes 12 ans j’ai commencé à écrire des « sequels » pour deux auteurs dont j’avais à peu près tout lu: j’ai donc écrit une nouvelle aventure du « Club des Cinq » (Enid Blyton) et des suites à deux livres de la Comtesse de Ségur (1), une pour le Général Dourakine et une pour Les vacances, avec Camille et Madeleine, Sophie, Jacques, Paul, Marguerite, Jean et Léon.

2.ceux qui m’ont donné l’amour de la poésie:

Jeune ado, ce sont les poètes qui m’ont bouleversée, à commencer par Clément Marot (2) (Roy des François plein de toutes bontés, Quinze jours a, je les ai bien comptés, … je connais encore par cœur toute sa petite épître au roi), Maurice Scève (Plus tôt seront Rhône et Saône disjoints, Que d’avec toi mon cœur se désassemble me paraît encore être le summum de la déclaration d’amour :-)) et Louise Labé (Je vis je meurs je me brûle et me noie, ou son torride Rebaise-moi et baise, donne-m’en un de tes plus savoureux etc etc)

3.ceux qui m’ont donné l’amour du théâtre:

ça a commencé par une lecture imposée par mon prof de français langue étrangère en dernière année du secondaire (j’avais enfin un bon prof de FLE! je ne le remercierai jamais assez), Montherlant, La Reine morte. Depuis bien sûr je sais que cet auteur était un horrible pédophile et je n’ai plus rien lu de lui par dégoût pour sa personne, mais cette petite phrase d’Inès de Castro m’est restée en mémoire parce qu’elle dit si bien l’amour d’une femme: « Le jour où je l’ai connu, c’est comme le jour où je suis née: ce jour-là on a enlevé mon cœur et on a mis à sa place un visage humain« .

La phrase a une résonance toute particulière pour moi aujourd’hui, 20 novembre, quatre ans exactement que l’homme-de-ma-vie m’a quittée et je suis encore dans les mêmes dispositions qu’Inès de Castro 😉

Puis pour le théâtre il y a eu Molière (3), bien sûr, et à l’université la découverte de Michel de Ghelderode (4). Il mériterait un billet à lui seul.

4.ceux qui m’ont donné le goût de la philosophie:

D’abord Camus (5) et l’Etranger, découvert à 17 ans et que je n’ai cessé de relire avec le même plaisir: je continue à y trouver de l’intérêt même si j’en connais des passages entiers par coeur.

Et puis bien sûr Voltaire, pour qui je devrais faire un billet, un jour. Je l’ai découvert tard, je le découvre encore, en fait.

5.ceux qui m’ont fait découvrir la littérature:

J’ai dû attendre d’être à l’université parce que ma mère ne voyait dans la lecture qu' »un horrible danger », non seulement d’un point de vue moral (tous ces auteurs mis à l’index!) mais aussi parce que la lecture c’est « l’oisiveté mère de tous les vices ». La seule lecture qu’elle autorisait, c’était Berthe Bernage (merci Pivoine de me l’avoir rappelé! http://quartzrose.canalblog.com/archives/2010/11/11/19571947.html) parce que les religieuses lui en avaient permis la lecture quand elle était jeune fille elle-même!

Bref, j’ai donc dû attendre l’université pour découvrir Flaubert (Madame Bovary), Stendhal (6) (Le Rouge et le Noir) et Choderlos de Laclos (7) (Les Liaisons dangereuses), tous à l’index, bien évidemment Pied de nez

6.ceux qui m’ont fait découvrir l’argot, les contrepèteries, les jeux verbaux et tout ce plaisir du langage:

Une place spéciale pour San-Antonio (8), grâce à qui j’ai découvert qu’à côté du français que j’apprenais à l’école il y en avait un autre, si imagé, si rigolard, si moralement incorrect.

Et puis Queneau, Tardieu, Perec… quel bonheur!

7.ceux que j’aime tellement que je veux toujours les partager avec mes élèves:

Dès que j’ai été moi-même prof de FLE, j’ai abreuvé mes élèves de Petit Prince (9), sûrement l’une des trois oeuvres pour mon île déserte, même si celle-là aussi je la connais tellement par coeur que je n’ai presque plus besoin du livre 🙂

Dans un tout autre genre, il y a Sempé et Goscinny, Le petit Nicolas… j’adore ces histoires et je n’irai sûrement pas voir le film car tout l’humour du texte est surtout verbal, plein de clins d’oeil tendrement critiques pour le monde des adultes. Dommage aussi qu’un certain président ait le même prénom!

Et puis Amin Maalouf (10), surtout pour son incontournable et nécessaire essai, Les Identités meurtrières!

8.ceux que mes élèves m’ont fait découvrir:

Parfois j’atteins le nirvana du prof de FLE car un(e) élève veut à son tour me faire partager sa lecture. C’est ainsi que j’ai découvert Eric-Emmanuel Schmitt, Oscar et la dame rose et notre Amélie Nothomb. Je ne mettrai pas tout Schmitt et Nothomb au panthéon littéraire, mais certaines oeuvres, oui. Schmitt se répète mais Amélie s’améliore Cool

9.ceux qui offrent une relecture intéressante:

Adolescente, je me passionnais pour la mythologie. La « relecture » qu’Anouilh (11) fait d’Antigone m’a fascinée, et aussi celle d’Henry Bauchau (12) dans OEdipe sur la route.

10.mes trois coups de cœur les plus récents:

Bernard Tirtiaux (13), Pitié pour le mal, Irène Némirovsky (14), Une suite française et Jorge Semprun (15), L’écriture ou la vie: quand on a envie de tout lire d’un auteur, c’est qu’il vous marque, n’est-ce pas? et dans le cas d’Irène Némirovsky, quand on pleure d’impuissance parce que la machine broyeuse nazie l’a empêchée de réaliser ce projet d’écriture qu’on aurait tellement aimé lire…

Ce qui manque: tous ces auteurs de BD qui m’ont fait voir la vie autrement et m’ont apporté tant de bonheurs divers, Hergé, Morris, Franquin, Peyo, Gotlib, Lambil et Cauvin, Uderzo et Goscinny… et qui auraient droit à leur top 15 eux aussi!

Bilan d’une vie de lectrice

Bilan que j’espère provisoire, mais qui m’a été inspiré par Virgibri (voir le lien dans la colonne de gauche et aller au 11 juillet).

J’ai un peu réfléchi et j’ai un peu de temps, allons-y.

La lectrice que j’ai commencé à être.

Petite fille, je n’avais pas de livres et on ne me racontait pas de petite histoire, ni au moment du coucher ni à aucun autre. Je sais ce que Daniel Pennac en pense, mais ça ne m’a pas empêchée d’avoir la passion des livres. J’ai reçu un jour un livre de contes. Hélas, je ne sais plus qui était ce généreux bienfaiteur de l’humanité mais je me souviens que le livre avait une couverture jaune. Je l’ai lu des tas de fois. Evidemment, je n’avais que celui-là.

Vers mes 12 ans, une ancienne collègue de ma mère qui liquidait son grenier m’a offert sa collection de Comtesse de Ségur, dans une édition du début des années 30. Les illustrations me déroutaient bien un peu, avec les dames habillées comme notre défunte reine Astrid (décédée en 1935), mais j’ai adoré ces histoires.

Puis, mon frère ayant aussi atteint l’âge de la lecture, les BD sont entrées chez nous, Tintin, Spirou, Lucky Luke,  Gaston Lagaffe… et cette petite merveille qu’était le journal Pilote

Enfin, j’ai eu la permission de m’inscrire à la bibliothèque de la ville où j’ai lu toute la littérature de jeunesse. La lecture de la série du ‘Club des cinq’ d’Enid Blyton m’a même inspiré « mon premier livre » (lol)

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La lectrice pré-ado et ado.

Vers mes 14 ans, un ami me prêtait ses Bob Morane. A la bibliothèque, comme j’avais à peu près tout lu dans la section enfantine, en français et en néerlandais, j’ai pu passer à la section ‘adulte’. Quel problème de trouver sans aucune aide ce qui convient à une gamine de cet âge! Vous qui commencez à me connaître, vous ne serez pas surpris d’apprendre que j’ai choisi l’ordre alphabétique pour mes découvertes de la « littérature »: j’ai d’abord exploré les auteurs classés à la lettre A Clin d'œil

Mais c’était du « bricolage »: étant à l’école en néerlandais, je n’avais pas de cours de littérature française. J’ai donc emprunté de fort gros volumes pour m’enseigner quelques rudiments et c’est ainsi que j’ai « découvert » la poésie française (comme Colomb a « découvert » l’Amérique). Mon préféré était Clément Marot: j’ai appris par cœur sa « petite épître au roi pour avoir été dérobé ».

Je me suis fabriqué ma propre anthologie en recopiant mot à mot tous les poèmes qui me plaisaient. Recopiés à la main, bien sûr, l’ordi n’avait pas encore été inventé, et classés alphabétiquement – A comme Apollinaire – dans un gros classeur que j’ai toujours.

Et tout ça pendant que ma mère croyait que je travaillais pour l’école! Car la lecture était pour elle le comble de l’oisiveté, mère de tous les vices…

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La lectrice post-Bac.
Pour ma dernière année du secondaire, j’ai eu un bon prof de français. Dès qu’il a su que je voulais étudier les langues romanes, il a cru devoir me faire lire deux ou trois oeuvres. Je ne demandais qu’à être guidée par un expert, vu mon inculture, et j’ai donc lu La reine morte, Le petit Prince et L’Etranger. Ces deux derniers sont toujours au top trois de mes livres préférés. Ceux-là aussi, je les connais presque par coeur.
A l’université on nous a fait lire Le rouge et le noir, Les liaisons dangereuses… et d’autres encore, probablement, mais ces deux-là me sont restés. Oeuvres magistrales, elles aussi.
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La lectrice adulte.
Après l’université, je n’ai plus lu qu' »utile », ce qui veut dire: en fonction de mes élèves. Donc, un retour vers la littérature de jeunesse et la recherche d’auteurs dont la langue est d’un accès « facile », puisque mes élèves sont néerlandophones.
En littérature de jeunesse, le plus gros succès a été Le petit Nicolas (Sempé et Goscinny) et du côté des auteurs « faciles à lire », Oscar et la dame rose (Eric-Emmanuel Schmitt)
Ces dernières années, je re-dévore des livres. Mais ce billet est déjà fort long, et c’est un sujet dont je parle assez ailleurs, je ne voudrais pas qu’il y ait des redites
Merci, Virgibri, de m’avoir inspiré ce bilan. J’ai eu du plaisir à le faire!
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L comme liste de lecture

J’aime beaucoup le blog de Lucie (Clavier bien tempéré, http://lucierenaud.blogspot.com/). Le 24 septembre dernier, elle y a posté cette liste des 100 livres préférés des Français. Je ne sais rien des origines de cette liste ni de son sérieux, mais je ne peux m’empêcher d’y aller à mon tour de mes commentaires de lecture (ou de non-lecture, dans la majorité des cas!). Tout comme Lucie, je mets en gras ce que j’ai lu.

1 La Bible (mais je suis loin de l’avoir lue au complet! D’ailleurs, j’en ai une version scolaire dans laquelle de larges coupures ont été faites, vous devinerez aisément lesquelles, je suppose…)

2 Les misérables de Victor Hugo (mais là non plus pas dans son entièreté…)

3 Le petit prince d’Antoine de Saint-Exupéry (« absolument, certainement le livre que j’ai relu le plus souvent », écrit Lucie. Pareil pour moi, je peux en citer de larges extraits par coeur.)

4 Germinal d’Emile Zola (de larges extraits, donc je ne le compte pas. J’ai vu le film…)

5 Le seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien (« et je n’ai pas vu les films non plus… oui, je sais, haro sur moi! » dit Lucie. Alors haro sur moi aussi!)

6 Le rouge et le noir de Stendhal (lu à l’université, relu par après; toujours aussi fascinant)

7 Le grand Meaulnes d’Alain-Fournier (je m’en suis imposé la lecture, je ne l’ai pas trop aimé, je l’ai relu dernièrement, ce n’est toujours pas le grand amour entre Augustin et moi)

8 Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne (pas celui-là, mais plusieurs autres)

9 Jamais sans ma fille de Betty Mahmoody (j’ai un certain parti pris contre ce genre de livres)

10 Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas (« j’ai vu nombre de versions filmées, est-ce que ça compte? » demande Lucie. Moi aussi! Mais j’en ai lu une version ‘bibliothèque verte’, je ne sais pas si le texte en avait été adapté… je devrais vérifier)

11 La gloire de mon père de Marcel Pagnol (ah oui! et le Château de ma mère! agréable lecture détente et nostalgie)

12 Le journal d’Anne Frank d’Anne Frank (en version originale mais bof, oserais-je le dire?)

13 La bicyclette bleue de Régine Deforges (mais je n’en ai gardé aucun souvenir)

14 La nuit des temps de René Barjavel (inconnu au bataillon)

15 Les oiseaux se cachent pour mourir de Colleen Mc Cullough (je ne lis presque pas d’oeuvres traduites)

16 Dix petits nègres d’Agatha Christie (pas celui-là, quelques autres, oui)

17 Sans famille d’Hector Malot (ça m’a rendue malade de chagrin, tout enfant)

18 Les albums de Tintin de Hergé (« je ne suis pas très BD mais j’ai lu les Astérix, les Tintin, les Rubrique-à-Brac, certains Gaston Lagaffe, des Boule et Bill… bon, j’arrête! » écrit Lucie. Héhé, moi aussi… et Spirou, les Marsupilamis…)

19 Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell (c’est le seul film que nous soyons jamais allés voir en famille, mon père, ma mère, mon frère et un couple d’amis avec leurs deux fils.)

20 L’assommoir d’Emile Zola (non, très peu de Zola)

21 Jane Eyre de Charlotte Brontë

22 Dictionnaires Petit Robert, Larousse, etc. (c’est évident)

23 Au nom de tous les miens de Martin Gray

24 Le comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas (le film, oui, et le livre en version ‘bibliothèque verte’)

25 La cité de la joie de Dominique Lapierre

26 Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley

27 La peste d’Albert Camus (oui, mais je crois que j’étais trop jeune et que je devrais le relire)

28 Dune de Frank Herbert (jamais entendu parler… c’est grave?)

29 L’herbe bleue Anonyme (?)

30 L’étranger d’Albert Camus (sûrement dans mon top 5! lu des tas de fois et toutes les lectures sont possibles, sociologique, psychologique,… voir le livre de Brian T. Fitch )

31 L’écume des jours de Boris Vian (à lire encore)

32 Paroles de Jacques Prévert (j’aime beaucoup)

33 L’alchimiste de Paulo Coelho (j’ai lu ce livre au moment où il a fait ‘un boum’ mais je n’y ai pas trouvé un fol intérêt… et je l’ai déjà complètement oublié)

34 Les fables de Jean de La Fontaine (à lire et à relire… j’y ai encore fait une découverte en septembre dernier, avec Le Mal Marié – voir la question existentielle du 19 septembre)

35 Le parfum de Patrick Süskind (non, ça ne m’attire pas)

36 Les fleurs du mal de Charles Baudelaire (dans mon top 100 il y aurait encore beaucoup plus de recueils de poèmes)

37 Vipère au poing d’Hervé Bazin (je l’ai commencé mais c’est trop mon propre vécu, ça fait très mal)

38 Belle du seigneur d’Albert Cohen (« beaucoup trop long mais une belle intensité tordue dans cette relation de couple » dit Lucie; en effet, je ne l’ai pas terminé)

39 Le lion de Joseph Kessel (mais j’étais ado, à l’époque)

40 Huis clos de Jean-Paul Sartre (à lire)

41 Candide de Voltaire (j’aime de plus en plus Voltaire; nous n’avons fait connaissance que très tardivement ;-))

42 Antigone de Jean Anouilh (je le relis toujours avec plaisir… « c’est
propre, la tragédie »)

43 Les lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet (pour l’ambiance, comme les Pagnol)

44 Premier de cordée de Roger Frison-Roche

45 Si c’est un homme de Primo Levi (je vais me l’acheter en italien)

46 Les malheurs de Sophie de la comtesse de Ségur (et la trentaine de volumes de la brave comtesse née Rostopchine, reçus d’une amie de ma mère! je les ai encore dans une boîte au grenier)

47 Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne (le film oui)

48 Les fourmis de Bernard Werber

49 La condition humaine d’André Malraux (j’y ai déjà courageusement commencé plusieurs fois)

50 Les Rougon-Macquart d’Emile Zola

51 Les rois maudits de Maurice Druon (qu’est-ce que ça vient faire ici?)

52 Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand (oh que ça me touche, c’est bête hein)

53 Les hauts de Hurlevent d’Emily Brontë (à 16 ans et en anglais, j’étais loin d’avoir tout compris)

54 Madame Bovary de Gustave Flaubert (grand livre aussi, celui-là!)

55 Les raisins de la colère de John Steinbeck (ma prof d’anglais n’aimait pas, alors…)

56 Le château de ma mère de Marcel Pagnol (voir le 11)

57 Voyage au centre de la Terre de Jules Verne (voir le 8)

58 La mère de Pearl Buck

59 Le pull-over rouge de Gilles Perrault

60 Mémoires de guerre de Charles de Gaulle

61 Des grives aux loups de Claude Michelet

62 Le fléau de Stephen King 

63 Nana d’Emile Zola

64 Les petites filles modèles de la comtesse de Ségur (voir le 46)

65 Pour qui sonne le glas d’Ernest Hemingway

66 Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez (pour entretenir mon espagnol)

67 Oscar et la dame rose d’Eric-Emmanuel Schmitt (j’ai adoré et mes élèves en sont tous fan!)

68 Robinson Crusoé de Daniel Defoe (mais il y a très longtemps)

69 L’île mystérieuse de Jules Verne

70 La chartreuse de Parme de Stendhal (commencé déjà deux fois…)

71 1984 de George Orwell

72 Croc-Blanc de Jack London

73 Regain de Jean Giono (j’aime!)

74 Notre-Dame de Paris de Victor Hugo (je préfère Hugo en poète)

75 Et si c’était vrai de Marc Levy (pas du tout mon truc)

76 Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline (à lire)

77 Racines d’Alex Haley (ignorandus, ignoranda, ignorandum)

78 Le père Goriot d’Honoré de Balzac (et beaucoup d’autres)

79 Au bonheur des dames d’Emile Zola (et j’ai beaucoup aprrécié)

80 La terre d’Emile Zola

81 La nausée de Jean-Paul Sartre (rien lu de Sartre, je me demande pourquoi j’éprouve de l’antipathie pour ce monsieur)

82 Fondation d’Isaac Asimov

83 Le vieil homme et la mer d’Ernest Hemingway (en anglais, ce qui fait que je n’ai qu’une idée très approximative du genre de poisson contre lequel le vieil homme se bat)

84 Louisiane de Maurice Denuzière

85 Bonjour tristesse de Françoise Sagan 

86 Le club des cinq d’Enid Blyton (je crois bien que je les ai tous lus… bibliothèque verte!)

87 Vent d’est, vent d’ouest de Pearl Buck

88 Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir (des extraits)

89 Les cavaliers de Joseph Kessel

90 Jalna de Mazo de la Roche 

91 J’irai cracher sur vos tombes de Boris Vian (à lire)

92 Bel-Ami de Guy de Maupassant (commencé, pas terminé; de Maupassant j’apprécie surtout les nouvelles)

93 Un sac de billes de Joseph Joffo (ainsi que deux ou trois autres, mais j’aurais dû m’en tenir au sac de billes)

94 Le pavillon des cancéreux d’Alexandre Soljenitsyne

95 Le désert des Tartares de Dino Buzzati (par contre j’ai lu son excellent recueil de nouvelles, le K!)

96 Les enfants de la terre de Jean M. Auel

97 La 25e heure de Virgil Gheorghiu

98 La case de l’oncle Tom de H. Beecher-Stowe (en bibliothèque verte, ça compte?)

99 Les Thibault de Roger Martin du Gard (plusieurs volumes, chronologiquement, et puis tout à coup j’en ai eu assez et je me suis arrêtée)

100 Le silence de la mer de Vercors (ni à 15 ans ni aujourd’hui à 50 je n’ai de sympathie pour l’attitude de l’héroïne)

 Et voilà, je suis arrivée au bout! A vous, maintenant!