J comme J’aime!

Hier, on a eu un nouveau professeur de gymnastique.

— Je m’appelle Hector Duval, il nous a dit, et vous?

— Nous pas, a répondu Fabrice, et ça, ça nous a fait drôlement rigoler.

J’étais sur la plage avec tous les copains de l’hôtel, Blaise, Fructueux, Mamert, qu’il est bête celui-là! Irénée, Fabrice et Côme. Pour la leçon de gymnastique, il y avait des tas d’autres types ; mais ils sont de l’hôtel de la Mer et de l’hôtel de la Plage et nous, ceux du Beau-Rivage, on ne les aime pas.

Le professeur, quand on a fini de rigoler, il a plié ses bras et ça a fait deux gros tas de muscles.

— Vous aimeriez avoir des biceps comme ça? a demandé le professeur.

— Bof, a répondu Irénée.

— Moi, je ne trouve pas ça joli, a dit Fructueux, mais Côme a dit qu’après tout, oui, pourquoi pas, il aimerait bien avoir des trucs comme ça sur les bras pour épater les copains à l’école. Côme, il m’énerve, il veut toujours se montrer. Le professeur a dit:

— Eh bien, si vous êtes sages et vous suivez bien les cours de gymnastique, à la rentrée, vous aurez tous des muscles comme ça.

Alors, le professeur nous a demandé de nous mettre en rang et Côme m’a dit:

— Chiche que tu ne sais pas faire des galipettes comme moi. Et il a fait une galipette.

Moi, ça m’a fait rigoler, parce que je suis terrible pour les galipettes, et je lui ai montré.

— Moi aussi je sais ! Moi aussi je sais ! a dit Fabrice, mais lui, il ne savait pas. Celui qui les faisait bien, c’était Fructueux, beaucoup mieux que Blaise, en tout cas. On était tous là, à faire des galipettes partout, quand on a entendu des gros coups de sifflet à roulette.

— Ce n’est pas bientôt fini? a crié le professeur. Je vous ai demandé de vous mettre en rang, vous aurez toute la journée pour faire les clowns!

Sempé et Goscinny, Les vacances du petit Nicolas, Folio Junior n° 457, début du chapitre La gym, p. 37 à 39.

C’est grâce au Petit Nicolas que l’Adrienne a appris le mot « galipette », que Walrus propose cette semaine au Défi du samedi.

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source de l’image ici (interview de Sempé en mars 2019) – ce volume de la collection du Petit Nicolas peut aussi se lire en ligne ici et ici.
Mais vous n’aurez pas les merveilleux dessins de Sempé 🙂

D comme dessin

En photographiant cet arbre sur fond de ciel le matin du premier janvier, l’Adrienne s’est tout à coup souvenue que c’était exactement ce genre de branchage qu’elle dessinait autrefois à l’encre de Chine.

Elle avait « oublié » qu’elle s’était adonnée à la passion de l’encre de Chine 😉

Impossible d’ailleurs de se rappeler où sont passés tous ces dessins, toutes ces aquarelles, tous ces fusains…

C’est tout de même bizarre, les trous dans la mémoire de quelqu’un qui a la réputation d’être hypermnésique 😉

V comme vive la famille!

On m’appelle l’homme des bois et non, ce n’est pas une légende.

Ce n’est pas le Hollandais du 17e siècle qui a mal compris le langage local ou mal interprété ce qu’il entendait pour la première fois.

Le malais et le javanais me donnent ce nom depuis le premier millénaire: urang, qui veut dire homme, être humain, et hutan, qui désigne les bois, la forêt.

D’ailleurs, vous le savez bien que nous sommes frères.
Ou plutôt cousins, pour être exact.
Vous êtes frères des chimpanzés et des bonobos, que ça vous plaise ou non.

Vous m’avez vu faire face aux machines venues détruire les arbres qui m’abritent et me nourrissent.
Geste désespéré et dérisoire, je le sais bien.
Je suis assez intelligent pour le savoir.
Mais on fait de ces choses désespérées quand on l’est.
Vous comme moi.

Vous le savez bien, pourtant, que je suis sur la liste rouge, celle des animaux menacés, en danger critique d’extinction.

Merci à Joe Krapov pour sa consigne, je lui avais envoyé un de mes dessins du temps où Bruxelles brusselait et l’Adrienne dessinait 😉

Tout savoir sur l’origine du mot orang-outan? c’est ici.

N comme NOUS

Pendant un an, jour pour jour, la ville lui a offert ce local, un de ces petits commerces fermés « pour cause de fermeture », comme disait le père de l’Adrienne.

Chaque jour il y tenait porte ouverte, rencontrait les passants, écoutait leur histoire, leurs rêves, dessinait, peignait.

Certaines de ces rencontres se retrouvent dans la longue fresque qu’il a peinte sur des bandes de papier: la sympathique Myriam, la pétillante Barbara, les amies congolaises de Keta…
Fantastic women‘ a-t-il écrit au-dessus de leur petit groupe souriant, et il a bien raison.
Elles sont fantastiques.

Il a aussi porté un regard amusé sur notre folklore, celui dont nous sommes si fiers et que nous perpétuons depuis le Moyen Age.
Qui a survécu à toutes les invasions et à tous les interdits, survécu aux interdits espagnols de la Contre-Réforme, survécu aux interdits autrichiens du « Keizer Koster« , survécu aux interdits français de la « révolution » et à toutes les guerres.

Nous sommes cette petite ville, la plus pauvre de cette riche Flandre, et la plus décriée.

Mais nous savons que c’est dans le délabrement qu’on apprécie le plus la beauté.

Écrit pour l’Agenda ironique d’octobre sur le thème de la beauté.

La consigne demandait d’inventer un proverbe, j’ai inventé que « c’est dans le délabrement qu’on apprécie le plus la beauté ».

Beauté de l’art et de la solidarité.

N comme Nicolas

Dès que Madame a découvert Le petit Nicolas de Sempé et Goscinny, elle a été fan inconditionnelle, comme le savent tous ses élèves.

TOUS. 🙂

Ces savoureuses petites histoires offrent toujours deux niveaux de lecture: celui de l’enfance racontée avec « naïveté » et celui de l’adulte que les auteurs critiquent – avec une ironie légère et une très juste observation de leurs inconséquences, petites lâchetés, petites manies et grandes contradictions.

Bref, une fan.

Ce qui fait qu’elle a un jour fait le déplacement à Paris pour voir une expo Sempé, ce qui lui a permis de connaître d’autres aspects du talent de ce dessinateur.

Il n’a malheureusement pas la vie éternelle.
Pas plus que le regretté Goscinny.

Reste leur œuvre.

Et ça, c’est bien.

C comme cadeau

Madame! fait-il en posant sur la table son sac troué d’où sort un coin de son épais classeur, je vous ai fait un dessin!
– Oho! fait Madame, en voilà un beau cadeau!
– Mais il n’est pas encore terminé, je dois encore le colorier.

En effet, il est encore en noir et blanc, et très géométrique: de grandes lettres tracées à la latte, avec le nom de la destinataire, deux cadres pour le texte de remerciement et un rectangle sur pattes qui s’appelle Roland.

Car petit Léon, qui vient depuis un peu plus d’un an, n’a que tout récemment découvert ce machin blanc dans le bureau de Madame:

– Oh! vous avez un piano?

Et depuis ce jour-là, après les triangles obtusangles et les trapèzes isocèles, petit Léon pianote.

– C’est beau? demande-t-il après avoir « improvisé ».

Et Madame, bien sûr, trouve tout magnifique.

Premières œuvres

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C’est à se demander pourquoi on se fatigue à trimbaler un appareil photo et pourquoi on le place entre l’oeuvre et notre regard, au lieu de tout voir simplement de nos propres yeux et de tapoter tranquillement ecosia une fois qu’on est rentré chez soi: tout est là et de bien meilleure qualité que ce qu’on aurait pu faire dans la pénombre et la foule compacte de l’expo.

Bref, tout ça pour vous dire que l’Adrienne a surmonté la plus grosse épreuve de son séjour parisien: une visite au Louvre et à l’expo Leonardo da Vinci.

Les premières œuvres de l’artiste ont été réalisées dans l’atelier de son maître Verrocchio, où il est entré déjà à douze ans (en 1464) comme apprenti.

Les études de drapés qui se trouvent dans la première salle, sous le titre parfaitement adéquat « Ombre, lumière, relief« , sont datées approximativement: de 1473 à 1482. Donc une dizaine d’années au moins après son entrée en apprentissage.

Mais il réussit là un des exercices les plus difficiles.

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Ici vous pouvez feuilleter le beau dossier pédagogique 🙂

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source de la photo ici (wikimedia commons) Draperie Saint-Morys, figure assise, Département des Arts graphiques du musée du Louvre, inv. 2255. Détrempe sur toile de lin.

L’avantage de l’expo – un des rares 😉 – c’est qu’on peut voir la texture du support. Comme ici, la toile de lin.
Et une de ses particularités, c’est qu’on peut y admirer côte à côte des dessins de la collection de Bill Gates et de celle de la reine d’Angleterre.

Z comme zlip

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Si le « zlip » ne vous dit rien, c’est que vous ne connaissez pas Cécile Hudrisier, et c’est bien dommage! 

J’aime sa façon de dessiner, j’aime ses découpages souvent minuscules, ses tableautins si précis, colorés et joyeux. 

zlip3 éléphant.jpg

J’aime son savoir-faire et sa façon de nous montrer sur son blog comment elle procède, comment l’idée de l’album prend forme, comment l’album lui-même se construit, petit à petit. 

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Et je suis fan, très fan, de son humour « zlip » kiss 

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source photo 1 avec les ponchos et bonnets péruviens ici

source photo 2 l’éléphanteau cycliste ici 

source photo 3 la souricette et les pinces à linge ici 

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Ma dernière série préférée? celle de la préparation du livre de comptines pour chanter l’Afrique, où vous pourrez voir le zèbre qui joue du djembé, le léopard en sarouel et l’hyène en boubou. Adorables!