D’où viens-tu, chérie, demande la mère suspicieuse à sa fille qui est sortie de la maison pour aller voir son amoureux. Ah! Je le sais bien d’où tu viens!
¿De dónde venís, amore? Bien sé yo de dónde. ¿De dónde venís, amigo? Fuere yo testigo! ¡Ah! Bien sé yo de dónde.
De los álamos vengo, madre
Je reviens d’aller voir les peupliers, ment la fille, de voir comme ils se balancent dans le vent.
De los álamos vengo, madre, de ver cómo los menea el aire. De los álamos de Sevilla, de ver a mi linda amiga, de ver cómo los menea el aire. De los álamos vengo, madre, der ver cómo los menea el aire.
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Voilà, pour nous changer de ce qu’on connaît tous par cœur de ce musicien espagnol, son Concierto de Aranjuez 😉
Vous le savez, quand on va à une expo, c’est pour découvrir des choses, les voir de près, les voir en « vrai », les scruter, se documenter.
Le plus souvent, on apprend aussi des choses auxquelles on ne s’attendait pas.
Par exemple à l’expo à la KBR on apprend que notre province de Hainaut, en espagnol, se dit Henao.
– Mais que diable… vous demandez-vous.
Et bien c’est simple: l’Adrienne aime avoir un fascicule explicatif sur papier. Il y en avait en deux langues. Allemand ou espagnol? Vous avez compris 🙂
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Tout savoir sur les Chroniques de Hainaut? C’est ici.
Vous y trouverez également l’illustration ci-dessus, le document entier est numérisé et consultable ici.
Pour la « véritable histoire » de la succession du Hainaut, c’est ici.
Ce qu’il y a de bien, au Grote Post, c’est qu’on peut s’y installer pour déguster des crevettes fraîchement pêchées de la nuit, fraîchement épluchées, qu’on peut y rester aussi longtemps qu’on veut, que le personnel est gentil et qu’on y trouve de la lecture.
Par exemple, la brochure de la saison culturelle ostendaise, où le chanteur belgo-portoricain Gabriel Rios Flore – il est arrivé de son Puerto Rico natal à Gand à l’âge de 17 ans – dit ceci:
« Pour moi la Belgique était exotique et je trouvais les gens intéressants. Les Belges sont réservés, quand ils n’ont rien à dire, ils se taisent généralement. Et ça, pour quelqu’un qui vient d’Amérique latine, c’est im-pos-si-ble. »
La chanson ci-dessous permet de conclure au moins deux choses: l’universalité de l’être humain (« je ne suis pas d’ici ni de là-bas ») et la différence de prononciation quand on est de « là-bas » et pas ibérique 😉
Repéré un peu tard, alors que ce billet-ci était programmé, voici tout de même le 132e devoir de Monsieur le Goût – merci à lui de poursuivre pendant les vacances, je n’osais pas y compter.
Elle avait attaché ses cheveux et mis ce qu’elle avait de plus sombre, optant même pour le total look noir dans l’idée que c’était chic et que ça mettrait en valeur la blancheur éblouissante de sa nuque dans l’arrondi du décolleté.
Lui trouvait de plus en plus agaçant cette manière qu‘elle avait de s’accrocher à son bras et de lui chatouiller la joue avec ses cheveux sous prétexte de lui glisser quelques mots à l’oreille.
Espérait-elle vraiment qu’il succombe à son charme ?
Quel charme, d’abord ?
Il trouvait ces bas noirs d’un goût douteux, surtout en ce juillet caniculaire, et l’odeur de son parfum le révulsait. Elle avait dû vider tout le flacon, elle empestait l’air autour d’elle.
Il devrait le savoir, pourtant, que c’est imprudent d’accepter un rendez-vous organisé par sa sœur – « Tu verras, elle va te plaire ! Vous avez tellement de choses en commun ! » – et cette visite au musée, qui normalement lui procure un kaléidoscope d’impressions et de sensations de joie et de bien-être, lui était pesante et interminable.
Le 10 juillet 1640, à l’église Notre-Dame de la Chapelle, Catherine Pepersack, 20 ans, la fille d’un tapissier bruxellois, épouse un militaire espagnol, don Valeriano de Borja Le Bron.
C’est le 33e mariage hispano-belge contracté dans cette église en une quarantaine d’années, le premier ayant eu lieu le 20 juin 1599.
Quand Catherine meurt à 45 ans, ils ont douze enfants qui sont à l’origine d’une nombreuse descendance bruxelloise.
C’est ainsi que quatre générations plus tard on arrive au document ci-dessus, avec la magnifique signature de Martin Emanuel de Borja Le Bron le jour de son mariage avec une autre Catherine, qui appartient à la généalogie de l’Adrienne.
Et qui, bien que simple couturière, sait lire et écrire. L’autre signataire est le grand-père maternel du marié, Jacques Van Vreckom.
Le document dit qu’ils sont mineurs: il a tout juste 22 ans, elle 21.
Huit ans plus tard elle sera veuve, avec un fils de quatre ans et une petite fille de trois mois. Tous deux atteindront l’âge adulte, se marieront, auront des enfants.
Une dernière occasion d’admirer la belle signature de Martin, sur l’acte de naissance de sa fille un matin d’avril, moins de trois mois avant sa mort.
à gauche la signature de Martin Emanuel et au milieu celle de son frère François Joseph Hyacinthe, moins artistique 😉
En lisant L’Histoire d’Espagne vue par Pérez-Reverte, l’Adrienne est assez rapidement tombée sur des expressions du genre ‘tontos del ciruelo‘, qui l’ont laissée assez perplexe.
D’accord, un ‘tonto‘ est un imbécile et un ‘ciruelo‘ est un prunier. Mais les deux mots mis ensemble?
Heureusement, il y a Colo pour éclairer sa lanterne 🙂
– Je comprends, lui écrit l’Adrienne, qu’il traite les gens de cons, mais quel est le rapport avec le prunier?
– Hola, répond Colo. Tu ne peux évidemment pas savoir que dans cette expression le prunier est le membre masculin.
C’est un mot que Pérez-Reverte semble affectionner et qui lui a déjà valu des démêlés avec un autre membre de la Real Academia Española en 2016 (Pérez-Reverte est contre la féminisation forcée des mots, comme elle est aussi devenue obligatoire en français, d’ailleurs) et avec des indépendantistes catalans en 2018.
Tous des ‘tontos del ciruelo‘, donc.
C’est ainsi que vous pourrez ajouter un mot ordurier à votre vocabulaire, sans en avoir l’air et en toute innocence…
Car vous aussi l’aurez sûrement déjà ressenti, dans une langue étrangère le mot ordurier a perdu beaucoup de sa vulgarité.
Puisqu’il apparaît que les lecteurs de ce blog sont friands de vocabulaire d’un goût douteux, voici un mot découvert il y a deux jours à la lecture du livre qui illustre ce billet.
L’Adrienne, vous le savez, aime l’histoire, celle avec un grand H, et il n’y a rien de plus intéressant que d’avoir le point de vue d’un autre pays que le sien propre sur les événements passés – puisque toute histoire et tout historien adoptent plus ou moins un point de vue national(iste).
Ainsi donc, elle s’est offert récemment cet hilarant ouvrage de Pérez-Reverte qu’elle lit à petites doses pour en jouir plus longuement.
L’auteur étant espagnol, vous devinerez aisément vers quel camp va sa sympathie, même s’il ne ménage aucunement ses critiques envers les monarques, nobles, membres du clergé et autres puissants de son pays, qu’il nomme généralement hijos de puta.
Quand il parle des Français, il les désigne généralement par le mot gabachos, qu’il a fallu chercher au dictionnaire. C’est ainsi que de fil en aiguille on est arrivé au CNRTL car le mot existe aussi en français: gavache.
Bonne découverte à ceux que ça intéresse!
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Pour ceux qui comprennent l’espagnol, on peut l’écouter en entier ici : huit heures quarante-deux minutes et vingt-huit secondes d’élocution en castillan zézayant 😉 et une critique du livre ici. Et qui sait, avec google translate, c’est peut-être aussi hilarant que le livre 🙂
Está bien que la vida de vez en cuando nos despoje de todo. En la oscuridad los ojos aprenden a ver más claramente. Cuando la soledad es el vacío intenso del cuerpo y de las manos, hay caminos abiertos hacia lo más profundo y hacia lo más distante. En el silencio las amadas voces renuevan dulcemente sus palabras y los muros custodian el rumor infinito de los ausentes pasos. Los labios que antes fueran sitio de amor en las calladas tardes aprenden la grandeza de la canción rebelde y angustiada. Hay un viento en suspenso sobre los altos árboles, un repique de lluvia (…)
Bepaalde tijd – Maruja Vieira
Het is goed dat het leven af en toe Ons van alles ontdoet. In het donker leren de ogen klaarder te zien. Als de eenzaamheid de grote leegte is van lichaam en handen, zijn er open wegen naar meer diepgang en naar de verte. In de stilte hernieuwen zachtjes de geliefde stemmen hun woorden en de muren bewaren het eindeloze geluid
van de afwezige stappen. De lippen die vroeger plek van liefde waren in de stille avonden leren de grootsheid van het rebelse en angstig lied. Er hangt een wind boven de hoge bomen,
en de regen tokkelt (…)
Mientras duermes tu mano me transmite imprevistamente una caricia. ¿Qué zona tuya la ha creado, qué autónoma región del amor, qué parte reservada del encuentro?
Mientras duermes te conozco de nuevo. Y quisiera irme contigo al lugar donde nació esa caricia.
Terwijl je slaapt Geeft je hand mij onverwacht een streling.
Welk deel van jou schiep ze,
Welk zelfstandig gebied van de liefde,
Welk voorbehouden ontmoetingsplekje?
Terwijl je slaapt
Maak ik opnieuw kennis met jou.
En ik zou met jou willen gaan
Naar de plaats waar deze streling ontstond.
(traduction de l’Adrienne)
Pendant que tu dors
Ta main me transmet inopinément une caresse. Quelle part de toi l’a créée, Quelle région autonome de l’amour, Quel endroit réservé de la rencontre? Pendant que tu dors Je refais ta connaissance. Et j’aimerais partir avec toi Pour le lieu où est née cette caresse.
(traduction de l’Adrienne)
Merci à Colo chez qui vous trouverez une autre traduction française (par Roger Munier).
La photo vient d’une ancienne consigne de Lakévio.
Je suis une poète, une armée de poètes. Et aujourd’hui je veux écrire un poème, un poème sifflets, un poème fusils pour le coller sur les portes, sur les cellules des prisons, sur les murs des écoles.
Je veux aujourd’hui construire et détruire, élever un échafaudage d’espoir. Réveiller l’enfant, archange des épées, être éclair, tonnerre, avec une stature d’héroïne pour trancher, ravager
les racines pourries de mon peuple.
(Trad: Colo chez qui j’ai aussi pris l’illustration ci-dessus)
Combate
Yo soy un poeta,
un ejército de poetas.
Y hoy quiero escribir un poema,
un poema silbatos,
un poema fusiles
para pegarlos en las puertas,
en la celda de las prisiones,
en los muros de las escuelas.
Hoy quiero construir y destruir,
levantar en andamios la esperanza.
Despertar al niño
arcángel de las espadas,
ser relámpago, trueno,
con estatura de héroe
para talar, arrasar
las podridas raíces de mi pueblo.
Gevecht
Ik ben een dichter een leger van dichters. En vandaag wil ik een gedicht schrijven, een gedicht als fluitsignaal, een gedicht als geweer om op te hangen aan de deuren, in de cellen van de gevangenissen, en aan de muren van de scholen.
Vandaag wil ik bouwen en afbreken, de steigers van de hoop oprichten. Het kind wakker maken aartsengel van de zwaarden, bliksem zijn, donder, met de gestalte van een held om te snoeien en te hakken in de rotte wortels van mijn volk.
(traduction de l’Adrienne)
Première femme du Honduras à avoir publié un livre et pourtant, dit la notice wikipédia qui lui est consacrée, « la gente se interesaba más por sus amantes que por su poesía« . Inutile de vous le traduire, je pense 😉
D’autres poèmes de cette femme libre ici et un bon article de fond ici.