W comme werra

L’origine étymologique du mot français ‘guerre’ est germanique, c’est ‘werra‘ et vous vous demandez sans doute quel est le rapport avec la photo des collines boisées.

L’Adrienne s’y promenait samedi dernier, l’automne était riche de couleurs mais là, dans ces creux et ces bosses, en 14-18, les Allemands avaient rasé tous les arbres – nos collines sans leurs arbres, on frémit à l’idée! – et creusé des tranchées.

On peut encore en voir de « beaux restes » même si aujourd’hui les arbres sont bien là.

Mais l’Adrienne était en sandales, donc pas équipée pour aller voir les tranchées 😉 et de toute façon, juste savoir qu’elles sont là lui suffit.

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photo de derrière chez moi le 22 octobre dernier

E comme étymologie

L’étymologie m’intéresse, alors c’est avec plaisir que l’ai lu ceci, en me disant que je pourrais le faire découvrir à mes élèves:

Prenons par exemple une des racines fa : la racine qui signifie parler, dire, la parole… […] qui a donné par exemple ineffable, qui ne peut pas être dit, ou préface, qui est dit avant. Tu connais le verbe latin fari ?

− Oui, for, faris, fari, fatum : parler.

− Et comment dis-tu parlant, au participe ?

− Fans ?

− Bien. Eh bien, le contraire de fans, c’est in-fans, celui qui ne parle pas. L’enfant, le bébé !

− Aaah ! Et après, on a enfanter, enfance…

− Oui ! Et aussi, infante, infantile, infanticide…

− Et infanterie ?

− Eh bien, tu ne crois pas si bien dire ! On a oublié au fil du temps, l’idée de parler pour l’enfant, et on a gardé l’idée de petitesse. C’est pourquoi dans l’infanterie, on plaçait les jeunes soldats et les hommes de petite taille, moins visibles pour l’ennemi. Et puis alors on a dit fantassin, en oubliant le in négatif, et fantoche. […]

− C’est curieux que l’enfant et le mort aient la même racine…

− Tu vas être encore plus surpris. Au radical fa, on a ajouté un suffixe et formé le verbe fateri.

− Oui, je sais : fateor, fateri, fessus sum… : avouer, reconnaître.

− Très juste. Alors, sur fateor, tu crées con-fiteor, le fa devient fi à l’intérieur, ce n’est pas grave, qui fait : con-fessus et donnera confesseur, celui à qui on avoue. Et tu crées aussi pro-fiteor, qui par pro-fessus, arrive à professeur. Si bien que toi, l’enfant, et moi, le professeur, nous avons la même racine.

Il insista pour en savoir davantage. Alors le maître lui montra qu’en ajoutant le suffixe ma à fa, on obtenait fama, la renommée, ce qu’on dit de vous, d’où fameux, mal famé, et infâme, infâmie, l’anglais fame, etc.

– Et qu’on peut aussi avoir, en formant fabula, chose à raconter, le mot fable, d’où fabuliste, fabulateur, fabliau, quelqu’un à qui on peut parler est quelqu’un d’affable et l’indicible est ineffable.C’est fabuleux, non ?

http://www.litteratureaudio.com/textes/Rene_Depasse_-_Promenade_etymologique.pdf

En effet, me dis-je, c’est fabuleux!

Puis je pars à la recherche de cette racine « fa » dans tous les dictionnaires étymologiques de l’indo-européen (on trouve les principaux en ligne, surtout de spécialistes allemands et anglo-saxons) et nulle part il n’y a trace de ce « fa ».

Je dirais même plus: nulle part il n’y a trace du son [f] 

L’explication est simple: il ne faut pas chercher la racine [fa] mais [bhe] / [bha]. Alors on trouve ceci:

ENTRY: bh2
DEFINITION: To speak.
Oldest form *bhe2-, colored to *bha2-, contracted to *bh-.
Derivatives include fate, infant, prophet, abandon, banish, symphony,
confess,
and blame.
1. fablefabliaufabulousfadofairyfandangofatefay2affable,
fantoccini,ineffableinfantinfantrypreface, from Latin fr, to speak.
2. –phasiaapophasis,prophet, from Greek phanai, to speak.
3a. ban1, from Old English bannan, to summon, proclaim, and Old
Norse banna, to prohibit, curse;
b. banalbanns;abandon, from Old French ban, feudal jurisdiction,
summons to military service, proclamation, Old French bandon, power,
and Old English gebann, proclamation;
c. banish, from Old French banir, to banish;
d. contraband, from Late Latinbannus, bannum, proclamation;
e. bandit, from Italian bandire, to muster, band together
(< “to have been summoned”).
a–e all from Germanic suffixed form *ban-wan, *bannan, to speak
publicly (used of particular kinds of proclamation in feudal or prefeudal
custom; “to proclaim under penalty, summon to the levy, declare outlaw”).
4. Suffixed form *bh-ni-.
a. boon1, from Old Norse bn, prayer, request;
b. bee1, perhaps from Old English bn, prayer, from a Scandinavian
source akin to Old Norse bn, prayer.
Both a and b from Germanic *bni-.
5. Suffixed form *bh-ma.
a. famefamousdefameinfamous, from Latin fma, talk, reputation, fame;
b. euphemismPolyphemus, from Greek phm, saying, speech.
6. Suffixed o-grade form *bh-n-. phone2–phonephonemephonetic, phono-, –phonyanthemantiphonaphoniacacophonouseuphonysymphony,
from Greekphn, voice, sound, and (denominative) phnein, to speak.
7. Suffixed zero-grade form *bh-to-. confessprofess, from Latin fatr,
to acknowledge, admit.
8.blameblaspheme, from Greek blasphmos, blasphemous, perhaps
from *ms-bh-mo-, “speaking evil” (blas-, evil; see mel-3).
(Pokorny 2. bh 105.)

http://web.archive.org/web/20080207151906/http://www.bartleby.com/61/roots/IE37.html

Fabuleux, non?

Cool

K comme karikol

C’était en septembre sur le blog de Colo. On pouvait y lire:

Caracol; mínima cinta métrica con que mide el campo Dios.

Escargot; minime mètre ruban avec quoi Dieu mesure la campagne

José Carrera Andrade. Poète équatorien 1903-1978

http://espacesinstants.blogspot.be/2012/09/mesure-medida.html

Alors j’avais mis en commentaire:

Il faudra que je fasse une recherche étymologique qui me dira le lien entre l’espagnol « caracol » et le flamand « karikol » pour désigner le même animal, dès qu’il se trouve piqué d’une fourchette en plastique dans une barquette vendue à la kermesse 😉

Nous y sommes donc aujourd’hui. En fait, nos karikol sont plutôt des bigorneaux.

Il semblerait en effet que le mot vient de l’espagnol, comme quelques autres qui m’avaient déjà frappée (toiiiink) dans mon dialecte: ainsi par exemple, nous appelons un merle (mot dérivé du bas latin merulus) ‘ne mirlo’.

Mais là il s’agit de dialectes.

En néerlandais, il y a peu de mots d’origine espagnole, quelques-uns du domaine culinaire (barbecue, tomaat et patat par exemple) ou militaire (comme embargo ou commando). Les linguistes néerlandais imputent ce peu de succès au fait que l’occupation espagnole, principalement sous le règne de Philippe II, a surtout laissé de mauvais souvenirs Langue tirée

Pour les mots espagnols en néerlandais, voir l’intéressante étude (en néerlandais) Geleend en uitgeleend – Etymologiebank (à partir de la page 99 ww.etymologiebank.nl/pdf/1998_Sijs.pdf)